Le Nord-du-Québec
Par Andrea • 10 Juin 2018 • 3 052 Mots (13 Pages) • 449 Vues
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On peut donc comprendre que le Nunavik a dû faire face à un nombre affolant de changements culturels dans un très court laps de temps. L’imposition de tels changements à une culture déjà bien établie a forcément son lot de conséquences. L’arrivée de la mine de Raglan n’a pas allégé le poids de ces conséquences, bien au contraire. Comment est-ce possible de vivre autant de changements dans les racines mêmes de sa culture sans vivre un bouleversement multigénérationnel qui chamboule le mode de vie d’une population complète ? Après la présentation de la mine Raglan, je définirai de manière un peu plus précise les conséquences provoquées par l’arrivée de cette industrie. En partie, parce que la gouvernance du territoire du Nunavik n’est pas gérée de la même manière de celle du territoire Jamésien.
La mine Raglan
La mine Raglan est le plus important producteur de nickel au Québec, un minerai utilisé dans la fabrication d’acier inoxydable. Elle est située dans le Grand Nord du Québec, à Katinniq, dans la région du Nunavik à environ 1 800 km au nord de Montréal. C’est en 1956 qu’Harold Kenty fait la découverte de Katinniq avec l’aide des Inuits. Suite à cette découverte, en 1957, Raglan Québec, Bilson Québec Mines Ltd (une filiale en propriété exclusive de Falconbridge) et Falconbridge Ltd commencent la prospection dans la région. Toutefois, en 1970, une chute du marché mondial entraîne l’interruption des opérations minières en cours et il faudra attendre jusqu’en 1990 pour qu’une amélioration de la conjoncture du marché soit satisfaisante et ainsi que l’intérêt pour le projet raglan renaît. Cependant, le projet ne peut toujours pas démarrer puisqu’il reste des négociations à signer. Finalement, le 28 février 1995, une entente avec la Société Makivik et les collectivités inuites de Kangiqsujuaq et de Salluit est négociée et la Signature de l’Entente raglan est officialisée. Mine Raglan est le 1er projet minier au Canada à signer une entente sur les répercussions et les avantages (ERA) avec un groupe autochtone
Les critères de cette entente sont :
- Faciliter les activités de mise en valeur de mine Raglan de façon efficace et conserver l’intégrité de l’environnement.
- Veiller à ce que les Inuits profitent directement des avantages sociaux et économiques durant toutes les phases de la vie active de mine Raglan.
- Veiller à ce que les incidences des activités mine Raglan sur l’environnement soit mesurées et que les impacts imprévus soient gérés.
- Fournir un bon environnement de travail à toutes les parties.
- Faciliter la participation des Inuits aux activités de mine Raglan.
- Actualiser les résultats des discussions portant sur les études d’impacts environnementaux et sociétaux.
- Conserver le soutien des parties prenantes inuits aux activités liées à mine Raglan.
C’est en 1997, après plus de 30 ans d'exploration et de négociation, que la compagnie Falconbridge Limitée put enfin démarrer officiellement sa production.
À l’été 2006, plusieurs pour parler sont amorcés entre Falconbridge et les compagnies Xstrata PLC, Teck Cominco, l'américain Phelps Dodge et Inco afin de racheté le quatrième producteur mondial de nickel. C'est finalement la multinationale suisse Xstrata PLC qui fait l’acquisition de Raglan et elle sera désormais exploité sous le nom de Xstrata Nickel. Toutefois, cette dernière en fera l’exploitation jusqu’en 2013 puisqu’au cours de cette année Xstrata fusionnera avec l’Anglo-Suisse Glencore afin de devenir un géant mondial de matières premières. La mine Raglan sera de nouveau baptisée, cette fois sous le nom de Glencore Xstrata.
Le complexe, d’une superficie de près de 70 kilomètres d’est en ouest, se compose maintenant de quatre mines souterraines en activités : Katinniq, Mine 2, Kikialik (qui signifie « là où il y a du nickel » en inuktitut) et Qakimajurq (qui signifie « riche »). Le minerai qui y est extrait est broyé et transformé sur place, pour ensuite être transporté par camion jusqu'au port de Baie-Déception, soit une distance de 100 km. Par la suite, il est acheminé par bateau jusqu’à Québec, puis par train jusqu’à une fonderie située à Sudbury, en Ontario. Une fois fondu, le chargement est renvoyé à Québec pour finalement être expédié dans une affinerie située à Nikkelverk, en Norvège. Raglan emploie plus de 600 personnes au site de la mine et 96 de ces personnes sont des Inuits.
Conséquences culturelles Nunavik-Raglan
La région du Nord-du-Québec est une région qui fascine et évoque la richesse la plus facilement exploitable. Elle est depuis toujours porteuse d’intentions et de projets, mais non pas à n’importe quel prix. Exploiter cette région c’est aussi faire face à des défis culturels, climatiques, alimentaires, sociaux et politiques. Lorsqu’on va explorer un tant soit peu le Nord québécois, l’arctique, on réalise rapidement combien le Québec est grand, est riche et surtout, qu’il y a inévitablement un écart entre les Québécois du sud et les Québécois du Nord, les autochtones. Certes, cet écart existe et pour cause d’une colonisation, mais depuis le 19e siècle, date des premiers arrivants non autochtones au Nunavik, tant les autochtones que les Québécois du sud tentes de créé des ententes dans un partage de culture qui ressemble plus à une croisade qu’à un réel partage de la part des non autochtones. Ces ententes se ressentent particulièrement avec la Signature de l’Entente raglan avec la Société Makivik et les collectivités inuites de Kangiqsujuaq et de Salluit. La mine Raglan est le premier projet minier au Canada à signer une entente sur les répercussions et les avantages (ERA) avec un groupe autochtone. On aurait pu croire que cela allait être profitable pour eux, mais les répercussions culturelles sont plutôt lourdes pour ce peuple autochtone. La sédentarisation forcée est un des aspects les plus difficiles à vivre pour ce peuple. De plus, une forte pression est mise sur les autochtones afin de travailler dans les mines alors que ce peuple est, depuis toujours, habitué de vivre dans la nature et de ne pas être confiné sous terre. En travaillant à la mine, les autochtones sont également forcés de se plier à une conception du temps qui n’est pas la leur. Effectivement,
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