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La révolte dans les campagnes d'Angoumois et de Saintonge.

Par   •  26 Mai 2018  •  2 442 Mots (10 Pages)  •  513 Vues

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b/ Une révolte spontanée et non encadrer… « Les paysans de Xaintonge continuent en leurs premières résolutions et demandes, sans pourtant faire gros ny assemblée notables pour, disentilz, ne se manger les uns les autres. Mais sont plus de quarante mil enrôlés qui scavent leur rendezvous au premier signal / ou son de cloche. » (l. 13). En effet, les caractéristiques des révoltes paysannes qui éclatent dans de nombreuses provinces, sont essentiellement la spontanéité, l’ampleur et le degré d’organisation et d’encadrement très faible. Ainsi, lessoulèvements ne se sont pas propagés de provinces en provinces dans une dynamique linéaire, mais ont eu lieu de manière plutôt isolée et sans portée globale. Malgré qu’il s’agisse dans ce cas de milliers de paysans, ceuxci n’ont pas cherché à provoquer une réaction d’ensemble, ni de structurer leur action par des assemblées d’insurgés, par peur – selon le commentateur – de ne pas se mettre d’accord et de s’entretuer.

c/ … qui vise en particulier et sans distinction les « Parisiens ». « Protestant estre bons François et vouloir mourir, plus tost que de vivre d'advantage soubz la tiranie des Parisiens ou partisans qui les int réduis au désespoir et à l'estreme pauvreté » (l. 45). Les Parisiens sont, pour les paysans, les responsables de la misère qui s’installe dans tout le royaume. C’est eux qui ruinent les populations pour leurs propres intérêts, les intendants et traitants sont sans doute en majorité issus de Paris. Ainsi, la « dictature » fiscale est pressentit par les paysans comme une « tiranie des Parisiens » : « ses Messieurs de Paris […] sont cause de tout notre mal » (l. 3334). En effet, outre la pression fiscale qui s’est durcie, l’autorité royale s’est aussi renforcée dans les provinces – par l’intermédiaire des intendants. Nous assistons à un centralisme de plus en plus aigu et discrétionnaire, les autorités locales et représentatives ne sont désormais conçues – dans la théorie de l’« Etat deraison » – comme des chambres d’enregistrement des décisions du centre. Ce sentiment de relégation des vieilles traditions locales, couplé au désespoir et à la misère, conduit les paysans révoltés à s’en prendre directement et sans distinction de fonction aux Parisiens : « cela a rendu le nom de Parisien tellement en hayne et horreur à tous les peuples, que seullement se dire tel est assez pour se faire assommer, et depuis ilz en ont fait mourir dix ou douze et entre autres à SaintSavinien, exercèrent une si horrible rage contre un de ses pauvres commis natif de Paris qu'il fist taillé tout vivant en petiz morceaulx, dont chacun prenoit la pièce pour attacher à la porte de sa maison, où il s'en voit encores » (l. 3438). Ainsi, les insurgés refuse de recevoir quiconque en provenance de Paris venant temporiser la situation : « ils font estât d e ne recevoir aucun Prince, ny seigneur, mal content de la Cour » (l. 3839).

III/ Une révolte revendicative.

a/ Abolir les droits des traitants : lutter contre l’injustice et les abus.

La première revendication mise en avant par les révoltés est l’abolition des droits appartenant aux traitants, pratique qu’ils considèrent, nous l’avons vu, comme insurmontable et appauvrissant les populations. « Que quant bien on ferait cesser le payement desdits menus droicts et nouveaux gaiges on ne fera point de tort aux propriétaires, qui en aiant jouy quatre ou cinq années, ontestes par ce moien entièrement remboursés de leur principal et ceux qui auront jouy plus longtemps à plus forte raison, et au pis aller, quant ils perdraient quelque chose, il n'en serait pas grand dommage et cela servirait d'exemple à l'advenir pour se porter pas si facilement à achepter des nouveaux droictz ou impositions sur les peuples » (l. 2833). En effet, les paysans estiment que la plupart des traitants ont déjà obtenu une rente, soulignons tout de même que les paysans n’étaient sans doute pas conscients des sommes en jeu – les traités atteignaient des sommes exorbitantes. Quant bien même ils auraient perdu au change, que cela serve d’exemple à l’avenir pour les financiers : qu’ils se rendent compte que ce nouveau marché n’est pas si rentable que ça.

b/ Concerter des forces sociales du royaume par des états généraux : un impôt juste est un impôt consenti.

Alors que les insurgés demandent l’abolition pure et simple des traités, ceuxci acceptent d’un autre coté les tailles et les impôts traditionnels, et seraient même prêts à accepter une augmentation générale des impôts à conditions qu’ils aient été concertés : « mais quand cela ne pourrait suffire veuillent y contribuer de tout le reste de leurs moyens, pourveu qu'ilz ne soient pas taxés par les Ministres de l'Estat présent qui n'y doibvent plus avoir le pouvoir de faire à leur fantaisie des nouvelles taxes ou impositions sur les peuples, celadevant estre réservé pour des / nécessittés extrêmes par des Estais généraulx, comme il se pratiquoit anciennement » (l. 2428). En effet, les paysans seraient prêts – selon le commentateur – à « se serrer la ceinture » si des nécessités extrêmes l’exigeaient, comme par exemple la défense du royaume, etc., à condition que soient organisés des états généraux. Les états généraux sont convoqués par le Roi, généralement quand des conflits internent affectent le royaume (réunis quatre fois pendant les guerres de Religion) : ils permettent la consultation des forces sociales du royaume (l’aristocratie, le clergé, le tiersétat). Or, depuis 16141615, les états généraux n’ont pas été convoqués ce qui confirment le renforcement de l’autorité royale. Les paysans revendiquent ainsi une consultation des groupes sociaux composants le royaume pour mettre un terme à la « tiranie des Parisiens ».

c/ Rétablir la relative autonomie locale. Comme nous l’avons déjà évoqué, l’intrusion de plus en plus systématique de l’Etat dans les affaires des provinces à provoquer chez les paysans un antiparisianisme très fort. Dans les dernières lignes de l’extrait, l’auteur met en avant les anciennes pratiques concernant la collecte des impôts. C'estàdire que les autorités locales prennent en mains la totalité de cette tache : « Le juge de Montendre / et le procureur fiscal de Casteauneuf sont chef de quelques paroisses et ainsy quelquesautres principaulx des bourgs qu'ilz contraignent d'accepter les charges parmy eux. […Ils] font payer exactement la grand taille et taillon, pour le reste il n'en

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