La construction des Etats-nations en Europe (1870-1914)
Par Orhan • 2 Mars 2018 • 1 416 Mots (6 Pages) • 690 Vues
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L’invention de la nation dans les Etats européens à la fin du XIXe siècle nécessita de substituer aux spécificités régionales une unité culturelle nationale. Pour achever ce processus, il fut cependant nécessaire de convaincre les populations de l’authenticité de cette unité.
II) Une création nécessitant l’adhésion des populations
A) Une adhésion par l’Ecole
Un effort général est fait en Europe pour fournir aux filles et aux garçons un enseignement primaire de qualité. Dans cette optique, plusieurs lois sont promulguées en Europe. À l’école primaire, les enfants apprennent à lire et à écrire dans la langue nationale (jamais dans une langue locale). D’autre part, une grande place est faite à l’enseignement de l’Histoire et de la géographie du pays.
B) Une adhésion par l’armée
En Allemagne, en France, en Italie, les hommes doivent effectuer un service militaire obligatoire. Dans un même régiment son réunis des individus issus de tous les milieux (paysan, citadin, ouvrier, bourgeois…) dans une optique affichée : servir la nation. L’armée est alors perçue comme un centre de formation des citoyens. Pour Paul Déroulède, « l’armée est la grande patronne qui nous baptise tous Français ».
C) Une adhésion inachevée
La construction des identités nationales à la fin du XIXe siècle a produit certains effets non escomptés. Si les gouvernants sont parvenus à mobiliser une grande partie de la population autour de l’identité nationale, d’autres individus se reconnaissaient alors une autre nationalité en opposition avec la nation dominante. C’est notamment le cas des Alsaciens en Allemagne ou des Catalans en Espagne.
La diffusion d’une identité nationale commune dans les Etats d’Europe occidentale, généralement assimilée par les populations européennes, se fonda sur la promotion de la supériorité nationale. Cette supériorité de la nation s’affirma dans un premier temps à travers le chauvinisme mais pu également prendre par la suite des formes plus violentes.
III) Une création faisant la promotion de la supériorité nationale
A) La popularisation du chauvinisme en Europe occidentale
La création des identités nationales impliqua l’idée de la supériorité indéfectible de « sa » nation. On invente une mythologie nationale, véritable témoignage historique et iconographique de la supériorité de la nation. Ce chauvinisme, diffusé à l’école, à l’armée ou dans les journaux apparaît comme un outil politique efficace, permettant de convaincre les individus de revendiquer leur appartenance à la nation.
B) L’apparition d’une doctrine violente : le nationalisme
Le chauvinisme se limite à un sentiment ; le nationalisme, qui apparaît à la fin du XIXe siècle, va quant à lui au-delà du sentiment : il s’agit d’une doctrine qui va servir de programme à des organisations ou à des partis politiques. Le nationalisme fait primer la nation sur toutes les autres valeurs et tous les autres principes ; il constitue une dérive violente en tant qu’il rejette certains groupes, ne leur accordant ni la liberté d’afficher leurs différences, ni même de partager l’identité nationale commune.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les gouvernants européens, confrontés aux spécificités culturelles des populations sujettes à leur autorité, voulurent créer une unité à travers la diffusion d’identités nationales singulières sur le territoire de leur Etat. Cette diffusion, parfois incomplète, se fit notamment à travers des institutions comme l’Ecole ou l’armée, véritables lieux d’assimilation de la mythologie de la nation. Cette diffusion, fondée sur un chauvinisme revendiqué et affiché, pu prendre au tournant du XXe siècle une tournure violente et xénophobe dans les Etats d’Europe occidentale.
Le nationalisme, expression de la haine de l’Autre – aussi bien de l’Autre religieux à travers l’antisémitisme, que de l’Autre national à travers, par exemple, l’antigermanisme – fut un élément fondamental dans le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale en juillet 1914. On peut en effet voir dans la propagation du nationalisme, au début du XXe siècle, l’élément qui facilita la mobilisation des nations européennes et leur détermination à aller se battre contre leurs voisins.
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