La conférence de Paris, mémorandum de Lloyd George
Par Junecooper • 24 Août 2018 • 2 533 Mots (11 Pages) • 715 Vues
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Si déjà sur le plan intérieur l’Allemagne doit faire face à d’importants troubles, sur le plan international elle se voit aussi confrontée à de mauvaises relations avec son éternel ennemi, la France, depuis près d’un « demi-siècle » (l.21) . En effet, l’Allemagne est perçue par la France comme un pays agresseur puisque cette dernière fut « deux fois envahie par l’Allemagne » (l.21). La première invasion est en réalité une occupation décidée suite au Second traité de Paris en 1815. Les « Cent Jours » (retour de Napoléon I puis abdication et dissolution de la Commission exécutive de son fils Napoléon II) s’étalant de mars à juillet 1815, provoquent un affrontement où la France doit faire face à la plus grande coalition qu’elle n’ait jamais affronté se composant de l’Angleterre, la Russie, la Prusse, l’Autriche et la Suède. Suite à la défaite française, le Second traité de Paris est décidé le 20 novembre et stipule que la France doit revenir à ses anciennes frontières de 1790 et qu’elle sera occupée par quatre des Alliés (hormis la Suède), chacun en charge d’un territoire. La Prusse est en charge de la Meuse. Ici, Lloyd George accuse uniquement la Prusse qui est l’Allemagne dans le contexte étudié alors que cette occupation est le fruit de la décision collective d’une coalition. D’autre part, il est sujet de la guerre de 1871 alors que l’Allemagne n’était encore qu’une confédération d’états allemands, la Prusse. La principale raison de cette opposition est la question du territoire de l’Alsace-Moselle. C’est pourquoi le 19 juillet 1870, la Prusse gouvernée par Bismarck déclare la guerre à la France afin d’accomplir le processus d’unification des états allemands. Après 6 semaines de guerre s’observe la défaite française face à un Empire allemand qui s’est autoproclamé le 18 janvier 1871 tandis que notre patrie verra la chute de Napoléon II et le début de la III° République. Ainsi ce motif est la hantise des français, puisque cette annexion est vue comme une lourde défaite. Cela explique leur engagement dans la première guerre mondiale. Ainsi, ces invasions s’expliqueraient par le fait que la France « était le principal défenseur de la civilisation libérale et démocratique » (l.22-23) étant donné que les autres pays auxquels elle a du faire face et plus particulièrement ceux d’ « Europe centrale » (l.23) étaient des régimes monarchiques comme l’Autriche-Hongrie et la Prusse tendant même vers l’absolutisme. En revenant à un contexte plus contemporain à notre analyse, il est nécessaire de rappeler que suite à la première guerre mondiale, l’Alsace-Lorraine revient dans le giron français, non pas sans déplaire au gouvernement allemand tandis que l’opinion Alsacienne semble majoritairement favorable à la France. En effet, en octobre 1918, les autorités allemandes lancent un mouvement pour une Alsace-Lorraine indépendante et créent un comité exécutif à Munich. En plus de cela, ce comité adresse des lettres aux journaux américains et britanniques prétendant exprimer les sentiments indépendantistes des habitants du territoire. Pour aller plus loin, ce même comité fait circuler des tracts en Alsace-Lorraine en défaveur de la France, dans l’espoir de propager un sentiment anti français. Tout cela pourrait éventuellement aboutir à un énième conflit et c’est cela que craint Lloyd George quand il évoque une menace à la ligne 25 et une possible nouvelle agression à la ligne 20. Afin que la France ne soit pas dans la crainte permanente de se retrouver seule face à une attaque ou à une invasion, deux états se portent garants d’assistance vis-à-vis de la France ; les Etats-Unis & la Grande-Bretagne. Ces derniers se portent garants malgré le projet de Société Des Nations, évoqué lors de ce traité de Versailles et prônant le désarmement ainsi que la discussion diplomatique en vue d’un conflit. Lloyd George est réaliste et attend que « la Société des Nations ait prouvé qu’elle était capable de préserver la paix » (l.26) puisqu’en mars 1919 le projet n’est toujours pas signé. Ces pays ainsi que « les autres grandes démocraties occidentales » (l.23-24) font serment de protection à la France.
D’autre part, Lloyd George ne se limite pas à une promesse de protection à l’égard de la nation française, il se place avec son gouvernement en tant qu’arbitre impartial de la paix. Pour se faire il établit avec l’autre parti, l’Allemagne un compromis comme il le suggère aux lignes 6 et 7. Les britanniques permettront donc à l’Allemagne d’accéder à leur ressource tout en l’intégrant au processus d’échanges mondiaux car c’est pour Lloyd George « la meilleure manière de venir en aide au Reich ». Cela est rendu possible seulement si cette dernière accepte leurs conditions. George met particulièrement en avant « les réparations » (l.7) qui sont des paiements et le transfert de biens de l’Allemagne aux Alliés, la France en est le principal bénéficiaire. Cela répond vraiment à un processus d’entraide car l’objectif de Lloyd George est donc de « rendre le peuple allemand capable de se remettre sur jambes » (l.8-9) et donc de se sortir de la crise économique dans laquelle le pays est plongé depuis les révolutions. Ainsi, George fait preuve de logique « nous ne pouvons à la fois l’estropier et nous attendre à être payés » (l.9), car il est clair que sans une économie fonctionnelle l’Allemagne ne pourra rembourser ses dettes à l’égard des pays vainqueurs ou alors cette dernière risquerait de se tourner vers le bolchévisme. Par ailleurs, la paix qu’envisage le premier ministre britannique au sortir de la guerre repose sur trois points dont il nous fait part troisième paragraphe. Le premier « rendre justice aux Alliés, en tenant compte de la responsabilité et des méthodes de guerre » (l.12-13), suggère donc les réparations évoquées plus haut, mais aussi la nécessité que l’Allemagne reconnaisse sont statut de pays agresseur. Lloyd George quand il parle de « méthodes de guerre » se réfère notamment à l’utilisation de l’arme chimique par les allemands lors de cette guerre de tranchée. Une fois que le gouvernement allemand est conscient de ses responsabilités quant à cette guerre il est nécessaire que ce dernier « puisse le signer en estimant qu’il pourra remplir les obligations auxquelles il souscrit » (l.14-15). Le premier ministre essaie donc d’établir une réelle relation de confiance avec le pays vaincu, tout en suggérant la possibilité de revoir le traité si la nation concernée ne se pense pas apte à en remplir les conditions. Enfin, il veut s’assurer qu’il n’y ait « aucune clause qui soit de nature à provoquer de nouvelles guerres »
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