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Frédéric II de Hohenstauffen et la papauté

Par   •  16 Novembre 2017  •  5 143 Mots (21 Pages)  •  572 Vues

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Frédéric II, dans sa quête de la terre sainte épousa en 1225 Yolande de Brienne à brindisi, reine de Jérusalem. Il commença également, par échange de lettre, à entretenir une relation d’amitié avec le sultan d’Egypte Malik Al-Khamil. Un épisode viendra changer la donne : la mort d’Honorius III remplacé par Grégoire IX le 19 mars 1227. Ce pape qualifié par de nombreux chroniqueurs comme « plus loup que pasteur » veut durcir la politique pontificale envers Frédéric II sur le modèle d’Innocent III à la fin de sa charge. Innocent III avait forgé l'arme des « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs dont Grégoire IX contre Frédéric II. Il exprima ainsi le droit à « l'exposition de proie », c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie. Frédéric se lança dans la 6ème croisade comme promis dans le traité de San Germano mais une épidémie de choléra toucha l’armée de croisés rassemblée à Brindisi. Le 8 septembre, la flotte impériale pris quand même le large mais fut contrainte à faire demi-tour devant l’état dégradant de Frédéric II. Le pape lança alors une sentence d’excommunication le 17 novembre 1227 envers Frédéric II, malgré des gestes en faveur de la papauté de ce dernier (proposition de payé une amende, reconduction du projet de croisade pour mai…). Grégoire qualifia Frédéric II « de monstre sort de la mer, dont la gueule ne s’ouvrait que pour blasphémer dieu » donc « l’antéchrist » ce que Jacques Benoist-Mechin qualifie d’identification à la bête de l’apocalypse. Aggravant la sentence, il prescrivit que « toute ville qui offrirait (à Frédéric II) l’hospitalité se trouverait automatiquement frappée d’interdit ». Le jeudi saint de 1228, la sentence d’excommunication fut rendu officielle et mise à la connaissance de tous les princes de la chrétienté mais il y eu un vent de protestation qui entraina la fuite du pape, craignant pour sa sécurité à Viterbe.

Frédéric suivi avec attention cette agitation et décida de partir accomplir sa mission de ramener Jérusalem et les lieux saints sous le giron de la papauté. Avant de partir, Frédéric II tenta un dernier geste de réconciliation envers le pape qui refusa de recevoir sa délégation et rajouta une sentence à l’excommunication : l’interdiction pour Frédéric II de se rendre en terre sainte. Le 28 juin 1228 voyant ses efforts non aboutir, il partit avec ses 20 vaisseaux en route pour l’orient. Le pape envoya des messages d’interdiction d’aide à l’empereur aux templiers, aux hospitaliers, aux génois disposant de ports près des terres saintes… Désespéré et après plusieurs négociations infructueuses avec al-Khamil, Frédéric lui envoya ce message à gaza : « je suis ton ami. C’est toi qui m’as engagé à venir ici ! les rois et le Pape sont instruits de mon voyage. Si je m’en retournais sans avoir rien obtenu, je perdrais toute considération à leurs yeux. Après tout cette Jérusalem, n’est-ce pas elle qui a donné naissance à la religion chrétienne ? de grâce, rends-la-moi, afin que je puisse lever la tête devant les rois… ». Refusant en rétorquant que Jérusalem était autant un site sacré pour les chrétiens que pour les musulmans, le sultan entraina un geste désespéré de l’empereur qui allait résoudre les négociations, il fit don de son casque et de son sabre. Le conseiller du sultan Fakhr ed-Din, avisa alors l’empereur de faire une démonstration de force. Le 17 novembre 1228, les croisés arrivèrent à Jaffa. Des nombreuses négociations qui suivirent, aboutira un traité dit de Jaffa, signé le 18 février 1229 ou le sultan restituait une grosse partie du royaume de Jérusalem pour 10 ans renouvelable avec une liberté de culte pour les musulmans. Pour le Chroniqueur arabe Tarik mansourih : « sa puissance (à Frédéric II) nous est attestée par son attitude opposée au pape, leur calife, et son audace à marcher contre lui et à le repousser » et « personne, dans toute la chrétienté, n’avait détenu un pouvoir pareil depuis Alexandre le grand ». Le 16 mars Frédéric II, fut couronné dans l’église de Saint Sépulcre où sur l’autel il prit la couronne de Jérusalem et la posa lui-même sur son front. Il visita quelques jours plus tard le dôme du rocher avec Hermann Von Salza et le gouverneur musulman de Jérusalem est déclara « c’est aujourd’hui le jour du salut ».

Cependant le salut pontifical n’était pas encore à l’ordre du jour, Grégoire IX avait fait courir le bruit de la mort de l’empereur en Terre Sainte. La surprise fut donc totale lors de son retour expéditif en Sicile. Le pape avait en effet déclenché une anti-croisade contre le Staufen impulsé par Jean de Brienne qui progressait rapidement. Frédéric réagit avec une rapidité qui dérouta ses adversaires. Les plans du pape s’écroulèrent ainsi, un par un comme un château de carte. Pour montrer au saint siège toute l’étendue de sa défaite, Frédéric II pris pour exemple la ville de Sora qui faisait toujours acte de résistance et la rasa entièrement jusqu’au niveau du sol en dispersant les populations dans la campagne environnante. Il donna, cependant, ordre à ses troupes de ne pas violer les états pontificaux, geste que le pape ne prit pas en compte. Après de nombreuses négociations entamées par Hermann Von Serza, on assista à la 2ème paix de San germano avec une levée le 28 aout de l’excommunication et des interdits visant Frédéric II. Une rencontre eu lieu le 30 aout entre l’empereur et le pape où ce dernier qualifia Frédéric II de « fils chéri de l’église ». Pour D.Abulafia cet accord est une « victoire pour l’empereur et non pour le pape, même s’il fut présenté de façon à éviter à ce dernier une humiliation »

- L’étrange croisade de Frédéric II

- Entre excommunication et déposition : la guerre des deux glaives

À peine absous de son excommunication, Frédéric mena une lutte féroce contre le pape. On parle de guerre des deux glaives dans le livre de Jacques Benoist-Mechin, Frédéric de Hohenstaufen. Dans le Liber augustalis, appelé aussi Constitutions de Melfi, les juristes de l’empire développèrent l’idée que le souverain est le maître absolu de son royaume et dénoncèrent la prétention du pape à vouloir régenter le pouvoir temporel. L’empereur dû alors faire face à un double front de révolte. D’un côté le soulèvement des villes lombardes dirigé par le pape en sous-main et de l’autre coté la lutte contre les princes allemands soulevé par Henri, son fils ainé placé

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