Fiche lecture Thierry Paquot jusqu'à p 101
Par Matt • 28 Novembre 2018 • 10 785 Mots (44 Pages) • 685 Vues
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où «le soi éprouve l’autre.»
I/L’espace public ou la fabrique des opinions
Nous allons nous appuyer sur le texte de Jürgen Habermas en 1961 (traduit en français en 1978) au sujet de L’espace public, «Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise.»
Il appelle «espace public» la sphère entre la vie privée de chacun et l’état Monarchique qui affectionne le secret, l’arbitraire et la délation (France et Angleterre fin 18ème début 19ème). Cet espace public permet aux opinions privées d’être rendues publiques. Il comprend les salons, les loges maçonniques, les académies, les clubs, les cafés, les journaux etc. . Lorsque la presse devient dépendante de la réclame, c’est la fin d’un espace public. Au milieu de 18ème, la publicité est le fait d’être rendu public, et ce dernier défini ce qui remève du pouvoir politique, il ne s’oppose donc plus à secret mais à privé.
La démonstration de J. Habermas.
T. Paquot reprend chapitre par chapitre le déroulement de sa pensée.
- Habermas expose tout d’abord la «genèse de la sphère publique bourgeoise», datant du 17eme siècle avec le passage d’une économie de «maître de maison» à celle d’une «économie commerciale». L’économie politique vise à contrôler les marchés, innover, accroître les richesses etc. . L’origine de cette mue est la bourgeoisie. Les termes «public», «publicité» et «opinion publique» apparaissent entre la fin du 17eme et le 18eme siècle.
- Il décrit ensuite les «structures sociales de la sphère publique». Public, au 17ème, désigne les lecteurs et les spectateurs ou encore les membres d’un club de salons etc.. En bref, ce qui modèle et oriente l’opinion public. La famille bourgeoise, qui fait fonctionner ce marché et élabore l’opinion public littéraire, est à la fois tournée vers le domaine privée (intérêt du propriétaire) et le marché.
- Il analyse ensuite les «fonctions politiques de la sphère publique». Les codes juridiques n’ont pas été rédigés par des juristes mais par des membres de la sphère publique, à la fois propriétaire et citoyen (ce qui n’est pas dans l’intérêt de tous, nanties). L’état à seulement un rôle de surveillance, dans un contexte ou il y a une rupture avec les privilèges et une prise en considération de la propriété individuelle, du libre échange, de la liberté d’entreprendre et de l concurrence.
- Il examine ensuite l’ «opinion publique» et ses manifestations dans la sphère publique dans différents pays.
La «conscience» est associée à l’«opinion». Le «règne de l’opinion public» apparait comme la remise en question, et la non-soumission face à la légitimité du pouvoir absolue. C’est la recherche citoyenne de la vérité, de la raison et de la justice. Ceci passe notamment par la liberté de la presse. Kant souhaite que chaque individu soit publiciste de son opinion, et que les plus cultivés éduquent les citoyens qui le sont moins afin qu’ils puissent contribuer à l’opinion publique. Pour Marx, c’est une fausse publicité qui n’existe que pour satisfaire les intérêts bourgeois.
- Habermas traite par la suite des conditions économiques et politiques du «déclin de la sphère publique bourgeoise». La sphère publique acquiert son sens, son utilité, avec la séparation de l’état et de la société civile, à condition toutefois que l’état se contente d’arbitrer. Cependant, l’état intervient dans le domaine économique, ce qui perturbe les marchés, et de fait les intérêts particuliers. Le déclin de la sphère publique littéraire (cafés, salons,...) qui fabriquait auparavant l’opinion publique engendre une culture faite par les médias publics régis par la réclame et n’est donc plus assurée par des personnes «éduquées». Le journalisme de masse pousse à la consommation de l’événement (faits divers, horoscope, blagues...) et ne véhicule plus l’espace public. La presse joue avec l»motion collective, rivalise avec les autres supports tel que la télévision, la radio ou internet)
- Habermas poursuit avec la démonstration de la construction d’une nouvelle sphère publique acceptant l’hégémonie d’une publicité manipulatrice et non plus principalement informative. Tout est soumis à la logique de la commercialisation, y compris celle des idées et principes. Il s’établit une propagande que les médias travestissent en «informations» ou en «publicité». Cette transformation économique de la presse dépolitise le citoyen, devenu consommateur, le public devenant un ensemble homogène et indifférent de spectateurs. Les sensations prédominent sur la réflexion collective du devenir de leur «Cité».
- Enfin, au regard de cette démonstration historique, il conclut en revenant sur le terme d’«opinion publique», qui constitue un paradigme (modèle cohérent du monde qui repose sur un modèle défini). Les «opinions non public» prolifèrent au détriment d’un «opinion» public» (apparaissant comme une fiction). Dans cette évolution sociopolitique, il s’agit d’évaluer de manière empirique leur caractère plus ou moins public.
Critiques et réponses
Freund, philosophe et sociologue germaniste, rejoint Habermas sur le fait que depuis le 19eme siècle, l’état intervient de plus en plus dans la sphère privée, tout en confondant privé et public. À l’origine, l’opinion publique avait une signification critique, fondée sur la discussion et le raisonnement mais est devenu un instrument de manœuvre et de démonstration au service des politiques.
Opinion publique et société civile
L’historien K.M. Baker, dans les Annales (1987) met en avant que le terme «public», en France, pris un sens dans le contexte d’une crise de pouvoir absolue (minimisée selon lui par Habermas).
Pour Rousseau, l’opinion publique, c’est l’«opinion d’autrui dans la société». Il résiste au changement.
L’opinion publique s’avère tout d’abord être plus «culturelle» que politique puis, au sous l’influence de penseurs comme d’Alembert, ou Beaumarchais, ce terme va prendre une dimension plus politique, opposée au despote et garante de liberté. Selon Peichet et Necker, elle est également vu comme une force paisible pour contrer les abus de l’autorité.
Une autre expression, celle de «société civile», doit être précisée.
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