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Fiche de lecture: l'Orientalisme - Edward Said

Par   •  12 Avril 2018  •  2 224 Mots (9 Pages)  •  1 393 Vues

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de l’Arabe menaçant et terroriste trouve ses racines quant à lui dans la période de l’entre-deux-guerres, les préjugée sont bien ancré dans une mémoire commune. La contestation politique grandissante de cette période modifie la manière dont l’Occident traite de la question Orientale. Finalement le paradoxe de des études sur l’orient réside dans leur totale omission du rôle de l’Europe coloniale dans la création historique de l’Orient des années 1930. Il s’agit donc pour ces Orientalistes de préserver la nature immuable de l’Orient, ses caractéristiques « historiques » et donc de combattre toute tentative de réforme.

La dernière partie du livre de Saïd analyse l’Orientalisme développé après la Seconde Guerre Mondiale par les Américains. La domination politique des États-Unis dans les relations internationales à partir des années 1950 justifie que la construction de l’Orientalisme de cette période soit empreinte des intérêts sociaux, politiques et économiques des États-Unis. Saïd montre en outre que l’Orientalisme Américain dérive principalement de quatre facteurs : « des écoles de langues de l’armée installées pendant et après la guerre, de l’intérêt soudain porté par le gouvernement et par certains groupes corporatifs au monde non occidentale pendant l’après-guerre, de la compétition avec l’URSS pendant la période de la

guerre froide, et d’un reste d’attitude missionnaire à l’égard d’Orientaux considérés comme mûrs pour être réformés et rééduqués. » Nous retrouvons cependant dans la conception américaine de l’Orientalisme, l’immobilité et l’uniformité de l’Orient. L’Orient demeure donc toujours quelque chose devant être soit craint soit contrôlé.

Saïd finit son livre par l’observation de l’échec humain et intellectuel de l’Orientalisme considérant en effet qu’en « ayant à s’opposer irréductiblement à une région du monde qu’il considérait comme « autre » que la sienne, l’orientalisme n’a pas été capable de s’identifier à l’expérience humaine, ni même de la considérer comme une expérience. » Il convient alors de se souvenir que « la pensée, l’expérience actuelles nous ont sensibilisés à ce qu’impliquent la représentation, l’étude de l’Autre, la pensée raciste, l’acceptation sans réflexion ni critique de l’autorité et des idées qui font autorité, le rôle sociopolitique des intellectuels, la valeur d’une conscience critique et sceptique. »

L’œuvre et ses critiques

L’essai de Said a eu un grand retentissement mondial et est à présent souvent contesté. On reproche à Said un thèse trop simpliste qui n’offre qu’une vu biaisé par l’expérience de l’auteur. Tirant des exemples provenant de sources constituées d’écrits universitaires, imaginaires, et politiques, Said établit le sentiment de supériorité des Européens, leur façon de voir l’Orient comme immuable, et le privilège qu’ils s’attribuent pour exercer le pouvoir sur les Orientaux. Il met l’accent sur la permanence des points de vue de l’Occident .

Le projet de Said était de mettre au jour, de dénoncer, voire de renverser l’édifice orientaliste qui, de son point de vue, se dressait entre son sentiment d’être un « Oriental » et le constat d’être un sujet oriental. La différence entre les deux est bien sûr la servitude: c’est pourquoi il accuse l’orientalisme d’être le plus bel exemple de relations productives entre culture et impérialisme politique. La position d’exil partiel d’Edward Said lui a permis de démontrer d’incontestable façon que la structure de l’orientalisme était en partie impérialiste, mais cette même position a particulièrement restreint les possibilités de retracer non seulement la généalogie du discours orientaliste sur l’Orient, mais surtout celle de l’Orient lui-même en tant que création de l’Occident. L’on pourrait presque dire que Said a lui-même été victime de l’élaboration culturelle occidentale qu’il dénonce : il ne croit pas à l’Orient représenté par l’orientalisme mais a semblé croire à la réalité de « l’Orient », à tel point que dans sa postface de 1994 et sa préface de 2003, il précisera que « la thèse de son livre n’est pas de donner à penser qu’il y a quelque chose comme un Orient réel ou véritable »  Des auteurs regrettent le manque de liberté individuelle que Saïd donne aux Orientalistes. Ils critiquent le fait qu’il applique aux Orientalistes précisément ce qu’il leur reproche : de traiter de manière uniforme une population donnée, à savoir ici les Orientalistes. De plus il manque à l’analyse de Said un traitement de la contestation de l’Orientalisme par l’Oriental lui-même.

Toutefois on peut facilement remarquer que l’analyse de Saïd sur notre relation à l’Orient semble toujours d’une actualité criante en vu du contexte de terrorisme actuel. Bien que l’époque du colonialisme soit finie, l’impérialisme occidental demeure une réalité. L’utilisation de la figure de l’Arabe dans nos médias semble confirmer l’affirmation de Saïd d’un renouveau ou tout du moins de la continuité de l’idéologie orientaliste. L’Islam est devenu un démon « utile » nous permettant de nous détourner provisoirement des inégalités existant au sein de nos sociétés. Les médias et politique l’instrumentalise pour servir leur intérêts. En effet, la représentation de l’Islam en Occident fait rarement état de son côté humain préférant se focaliser sur la menace intégriste, permettant la justification du renforcement des contrôles sécuritaires à nos frontières et faisant état d’une menace toujours plus pressante venant de l’extérieur et détournant l’attention des questions sociales vraiment importantes. Dans notre monde de plus en plus globalisé, nous ferions bien de reconnaître que les jugements que nous formons sur les cultures qui nous entourent s’insèrent autour des intérêts sociaux, politiques et économiques de notre propre culture. La relation entre connaissance et pouvoir est d’autant plus importante à garder en mémoire que nous vivons dans un monde ou l’information et accessible par tout mais surtout peut être écrit par tous. Il faut se garder un jugement propre et ne pas être absorbé par le trop plein journaux que nous voyons

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