Contre l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne
Par Andrea • 15 Janvier 2018 • 3 501 Mots (15 Pages) • 681 Vues
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Un projet de politique étrangère et de sécurité commune, permettant la libre circulation des personnes et des biens entre les pays européens.
Le projet de l’UE s’étend aussi à la promotion et le maintien de la paix et le bien être des citoyens de l’UE, une croissance économique et une justice sociale pour tous les pays membres, un marché libre et unique.
3- Informations et historique des rapports entre Turquie/Union Européenne.
En visite officielle à Ankara les 27 et 28 janvier 2103, le président français, François Hollande ne pouvait se soustraire à la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE), dont les négociations sont interrompues depuis trois ans. Après la répression par les autorités turques du mouvement de contestation de la place Taksim d'Istanbul au printemps 2013 et à cinq mois d'élections européennes qui s'annoncent comme un désastre pour le Parti socialiste, le sujet est délicat.
En soi, cette visite, la première d'un chef d'Etat français depuis 1993, constitue un signal de relance pour la Turquie, au moment où elle traverse une crise politique sans précédent. Mais le président Hollande s'est contenté d'acter que l'entrée de la Turquie dans l'UE « sera en France de toute manière soumise à référendum», lors d'une conférence de presse avec son homologue turc, Abdullah Gül. Une éventualité qui ne devrait pas se présenter sous son mandat ni pendant le suivant.
Officiellement candidate depuis 1999, la Turquie a obtenu, le 3 octobre 2005, l'ouverture des négociations avec l'UE en vue de son adhésion. Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, arrivé au pouvoir avec l'AKP (islamo-conservateur) en 2002, a lancé un vaste chantier de réformes politiques et économiques dans l'espoir d'entrer dans l'Union.
Depuis 2007, la Turquie a reçu 4,8 milliards d'euros de l'Union européenne (685 millions d'euros par an) pour faciliter son adaptation aux critères européens. L'instrument d'aide de préadhésion (IAP) de la Commission vise à soutenir l'édification d'institutions démocratiques et d'une économie de marché, une amélioration de la capacité administrative, le développement régional et rural, etc.
Sur les 35 chapitres des négociations, treize ont été ouverts et un seul a jusqu'ici pu être bouclé. Les autres chapitres ont été bloqués soit par la France soit par Chypre, dont la partie nord est occupée depuis 1974 par les troupes turques. Aucun nouveau thème n'a ainsi été abordé depuis juin 2010.
« La Turquie a choisi l'Europe et l'Occident comme modèle de civilisation depuis deux siècles et s'en est inspiré pour son entreprise de modernisation politique, économique et culturelle lors de la fondation de la république turque par Atatürk dans les années 1920 », explique Nicolas Monceau, maître de conférence à l'université de Bordeaux. Son entrée dans l'UE, vu comme l'aboutissement de ce processus, serait un succès politique majeur pour les dirigeants turcs.
« De manière générale, si l'on reprend les débats menés au sein de l'UE ces dix dernières années, les institutions européennes ont soutenu la volonté de mener les négociations d'adhésion avec la Turquie jusqu'au point le plus lointain voire même l'adhésion. Ce fut la position en particulier de la Commission européenne qui a adopté une position généralement modérée, prudente, pour encourager les réformes et ne pas fermer la porte. Les Etats membres ont été, eux, plus divisés en fonction de leur conjoncture politique et de leurs opinions publiques », analyse M. Monceau.
Parmi les Etats membres, plusieurs arguments sont avancés contre l'intégration turque. Le refus de la Turquie de reconnaître la République de Chypre, Etat membre de l'Union, constitue le principal point de blocage. « La signature par Ankara en 2005 du protocole d'Ankara étendant l'Union douanière aux dix nouveaux Etats membres de l'UE, mais en refusant de reconnaître la République de Chypre, a bloqué les négociations », indique Nicolas Monceau.
Sur le plan économique, l'entrée de la Turquie dans l'UE fait craindre un flux migratoire conséquent en Europe. Sur le plan politique, « certains considèrent que du fait de son poids démographique, la Turquie aurait un rôle trop important dans les institutions européennes et notamment au Parlement européen. La question de sa loyauté à l'UE est posée », ajoute M. Monceau. D'autres craignent, par ailleurs, que les enjeux géopolitiques posés à la Turquie, qui partage des frontières avec l'Iran, l'Irak, la Syrie et la Géorgie, ne deviennent aussi le problème de l'Europe.
L'insuffisance des réformes économiques et politiques, notamment sur le plan du respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme, notamment des femmes et des minorités, est aussi un argument de taille. « Les évolutions récentes, notamment les dérives autoritaires du premier ministre Erdogan, inquiètent les dirigeants européens », indique M. Monceau. Le principe de conditionnalité de l'adhésion à des réformes est utilisé par l'UE pour encourager Ankara à harmoniser ses normes démocratiques et ses règles de gouvernance économique.
Finalement, le poids des opinions publiques européennes, majoritairement défavorables à l'intégration de la Turquie, pèse dans la décision. Un sondage IFOP, publié récemment, révélait que 83 % des Français se déclaraient majoritairement hostiles à son entrée.
La France sous le président Nicolas Sarkozy et l'Allemagne de la chancelière Merkel ont bloqué l'ouverture de cinq nouveaux chapitres de négociations qui auraient rendu inéluctable l'adhésion de la Turquie à l'UE : politique régionale, politique agricole commune, union économique et monétaire, dispositions institutionnelles et dispositions financières. Toutes deux ont proposé un « partenariat privilégié » comme alternative à l'adhésion, une option balayée par Ankara.
Dans un calendrier présidentiel déjà chargé de dossiers casse-tête, François Hollande a ajouté une étape supplémentaire. Le président de la République se rendra en Turquie les 27 et 28 janvier 2014, pour une visite d'Etat, la première depuis 1993. Une éternité. Le dernier voyage avait donné l'occasion à François Mitterrand d'inaugurer
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