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ADRESSE DU PRESIDENT AHMED SEKOU TOURE A DALABA DANS LE CADRE DE LA GUERRE DE CLASSE CONTRE CHEYTANE (Février 1976).

Par   •  7 Mars 2018  •  2 257 Mots (10 Pages)  •  935 Vues

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« Je me souviens quand j’étais petit, un jour, un soir au crépuscule j’ai contemplé le soleil se coucher derrière la colline qui domine mon village natal, un soleil beau, lançant ses derniers rayons brillants sur la nature en fleurs. Mais petit à petit cette beauté miraculeuse disparut. Curieux, j’avançais vers l’arbre à palabres qui était au milieu de la concession de mon père composée de trois cases : l’une pour lui, l’autre pour ma mère et la troisième pour ma marâtre.

Je dis à mon père : « je viens de contempler le coucher du soleil, une beauté miraculeuse et ensorcelante et maintenant voilà que je découvre la lune entourée de scintillantes étoiles. C’est une éblouissante beauté. Il fait clair de lune. »

Avec un sourire protecteur mon père répondit : « Mon fils cela signifie que chez nous rien n’est dans l’obscurité, tout est dans la clarté. Pourtant n’empêche qu’il y ait des gens qui essaient de vicier nos coutumes avec la complicité de leurs amis étrangers. Souvent, ils profitent de la tombée de la nuit pour continuer leur turpitude mais le soleil les dénoncera le jour, la lune et les étoiles la nuit. De toutes les façons mon fils perdent leur temps »

Cependant sur l’arbre à palabres vient de se poser un filet d’oiseaux. Et comme ils chantaient allègrement, je demande à mon père : « Mais pourquoi chantent-ils ces mignons petits êtres »? « Ces oiseaux chantent leur joie de vivre, la joie de se retrouver dans la liberté » dit mon père.

Liberté ! les hommes peuvent-ils avoir eux aussi la liberté de se regrouper, de chanter leur joie de vivre et la liberté comme ces oiseaux-là ? « Ça demande beaucoup de choses surtout des sacrifices et beaucoup de courage » articula le vieillard. Il faut avoir la volonté, le courage d’abandonner toute habitude, mauvaise, étrangère à nous, aimer vivre en groupe, enterrer les esprits mauvais et mesquins, ne pas oublier l’intérêt général, lutter contre le mauvais en faveur du bien, faire disparaître le racisme et le fanatisme, créer l’unité, se regrouper dans l’amitié et la fraternité pour avoir la force de combattre. Toutes ces étapes franchies, on peut alors se réjouir dans la liberté et la dignité, chanter des chants plus beaux et plus mélodieux que ceux de ces oiseaux. »

Qui peut nous aider à traverser ces difficultés ? Conscience, foi en l’avenir, hasardai-je. « Il faut avoir l’amour de sa patrie dans la vérité sans avoir peur de l’action et du mensonge qui nous entoure, car le mensonge peut construire des milliers de cases en peu de temps mais c’est la vérité qui les habitera. Après avoir franchi ces difficultés et instauré l’ordre, si encore subsistent des non reconvertis, il faut continuer à les éduquer pour les faire changer car l’homme est infiniment perfectible. »

Par la force de sa mémoire, et la puissance de son imagination artistique, Kandia idéalise et sublime son père. Il nous conduit ainsi au symbole du Père de la nation qui fait don de sa vie au Peuple.

KEMOKO KOUYATE : Un touche-à-tout

En art, il y a toujours de l’homme : sujet ; l’instrument ; objet et moyen. C’est l’art qui jette entre les deux le point de l’union souvent de l’unité. Quand l’homme qui joue un instrument réalise sa parfaite fusion dans l’objet et atteint la symbiose, il devient véritablement artiste. Celui qui par son œuvre, s’exprime, s’explique, dévoile aux autres son état d’âme et son état d’être.

L’artiste doit être chercheur, être ici et là-bas. Ici dans la réalité de sa société et là-bas dans la vérité de son imagination créatrice. Il doit être ambitieux, mais d’une ambition tendue vers la recherche du bonheur social, de l’éclosion de ses idées aux dimensions mêmes des aspirations culturelles de son milieu. Aussi, n’y-a-il pas de point en art.

L’art est toujours une virgule dit Léon Fargue comme pour nous assurer que toutes les vogues, toutes les formes ne sont que les étapes d’un long processus. Elles ne sont que le souffle. La respiration ! La vie. Et tant que vit la vie cet ne saurait mourir.

Pour saisir l’art dans son mouvement, dans sa fluidité, il faut avoir plusieurs paramètres. Mais quand l’artiste a décidé de maitriser sa chose en vue d’en tirer la quintessence, il n’épargne plus rien, il devient un inquiétant et truculent touche-à-tout.

Un touche à tout ? Voilà ce qu’est Kémo Kouyaté guitare-médium du quintette Miriam Makéba. Formé à la dure école de la tradition, décontracté mais jamais débraillé, à 28 ans il est déjà un homme d’orchestre au cran irrésistible. Il glisse à toute aise sur tous les instruments cordophones (guitare, cithare, violon…), taquine le piano, fait siffler la flûte, maitrise le balafon. Kémo Kouyaté est en ce sens innovateur dans la musique guinéenne moderne. C’est avec lui par exemple que la majestueuse Kora a reçu la place qui lui revient dans notre musique moderne d’aujourd’hui.

En vérité c’est un passionné, mais d’une passion raisonnée, un ambitieux sérieux, même noble. Grandir c’est sa devise. A ses intimes, il dit « je peux jouer presque tous les instruments modernes en quelques semaines et tous en un laps de temps seront africanisés ».

C’est clair, pour lui, l’art pour l’art, n’est pas l’art. « Je dois servir l’Afrique si longtemps dépersonnalisée ».

Ancien musicien des Baladins, il a le secret des voluptueuses improvisations, des solos savoureux. Musicien du Miriam’s Quintet, il a l’expérience internationale, fertile en citations musicales et fécond en imagination.

Sur sa lancée d’artiste du Peuple, les Sud-africains Leta M’Bulu, Hugh Mase Kela, Caiphon, les latinos américains Pacheco et Barreto, les Grands nigérians, congolais et européens sont rencontrés dont il porte en lui des marques, dit-il historiques. « Ils m’ont fait comprendre que toute note de musique est lourde de sens et souvent de conséquences ». Son jeu de bon aloi est ainsi ponctué par des pulsations sentimentales qui font vibrer tout son être, et font jaillir de son instrument ces notes lénifiantes des rancœurs solitaires ou alors, ces envolées disertes de notes pincées avec force ou titillées avec douceur sublime qui exorcise les démons intérieurs des retrouvailles fraternelles. Pour Kémo, la musique est une manifestation de l’homme. Ce qui explique ses jam-sessions avec Camayenne Sofa, la cantatrice Batrouba, le traditionnaliste Kémoko Kondé de l’ensemble instrumental de la « Voix de la Révolution

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