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Approche socio-historique de la question sociale "corps infirmes et sociétés"

Par   •  18 Avril 2018  •  2 243 Mots (9 Pages)  •  582 Vues

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En effet, mise en place également au début du XXe siècle, à l'époque ou le handicap commence à être sérieusement pris en compte par la société, la réadaptation constitue un point repère, un bousculement quant à cette nouvelle considération de la personne handicapée. Stiker cite ce concept de la façon suivante : « Cette forme itérative qui désigne ce que l'on entreprend désormais – à partir des années vingt surtout est à elle seule remarquable. Elle s'applique aussi bien aux « congénitaux » qu'aux « accidentés »[3]. Il s'agit de revenir à un point, à une situation d'avant : situation ayant existé pour ceux qui furent « bien-portants », situation postulée pour les autres. Position d'une norme de référence en tout cas. ( ...) » Cette nouvelle conception et nouvelle connaissance de l'infirmité indique une véritable rupture entre deux périodes différentes et une volonté de considérer l'individu ainsi que sa prise en charge d'une toute autre manière : on veut le ramener vers un débat antérieur et « normal ».

II- Programme de prise en charge du handicap.

A) Définition de l’adaptation

« Dans notre société […] la différence est gommée mais la société, nivelante, est posée comme un ordre unidimensionnel, de caractère éthico-économique, dans lequel tout doit se résoudre[4]. ». Voici ce qu’affirme Stiker. Il dénonce une société qui efface le handicap pour permettre à l’individu de trouver ou retrouver sa place, ce qui le mettrait sur un pied d’égalité avec une personne dite « ordinaire ». C’est-à-dire que le handicap est vu comme quelque chose de négatif, qu’il faut absolument cacher, afin de pouvoir suivre la norme sociale, ce qui peut même aller jusqu’à la « négation du handicap ». Cette norme est un ensemble de règles, faites par et pour la société qui évoluent et encadre la vie de chacun. Le handicap n’étant pas « normal », il faut donc le dissimuler afin de pouvoir s’adapter à une vie ordinaire. C’est ce que dénonce Stiker dans cet extrait.

Différentes prises en charges se sont succédé au fil des époques. Dans un premier temps, on parle d’assistanat. Des institutions comme des établissements psychiatriques apparaissent, on parle alors « d’asiles » qui sont des structures fermées. A partir de 1940, des associations se développent et entraînent la création d’instituts adaptés; puis des formations sont créées afin que les personnes en situation de handicap puissent travailler. Enfin, à partir de 1975, ce ne sont plus les médecins qui « soignent » le handicap, mais c’est une équipe de travailleurs sociaux qui, grâce à leurs différentes compétences, prennent en charge et accompagnent les personnes en situation de handicap. Henri-Jacques Stiker va même jusqu’à parler d’un paradoxe propre au problème du handicap : Plus une société lutte contre le handicap, plus elle peut être tentée de faire disparaître les personnes handicapées. Plus elle légifère pour intégrer, moins elle tolère l’écart à la norme.

B) Réadaptation de la personne handicapée à « la norme »

Depuis la loi de 1898 sur le droit aux indemnités pour les accidentés du travail, jusqu'à aujourd'hui, la législation n'a cessé d'évoluer afin de prendre en charge au mieux les personnes atteintes d'un handicap, et leur permettre une meilleure réadaptation à la norme sociale. Et ce toujours dans l'idée de gommer la différence avec les "individus normaux" en leur attribuant les mêmes droits et les mêmes possibilités par la législation.

En 1924, une loi est intervenue pour encadrer et favoriser l'emploi des mutilés de la Première Guerre Mondiale. Puis cette loi est révisée en 1957, afin que chaque entreprise ait un quota de 10% de travailleurs handicapés, et adapte les aménagements pour ces personnes si besoin.

Par la suite en 1945, on a créé la Sécurité Sociale, qui a permis, par la distribution d'allocations, ou d'aides financières, à des personnes handicapées et donc partiellement ou totalement inaptes à travailler et donc à gagner un salaire, de pouvoir vivre de façon autonome parmi les individus dits "normaux". S'en sont suivis le développement de multiples associations qui ont pour but, d'encourager la réadaptation de ces personnes en les assistant ou en les accompagnant dans des démarches administratives ou quotidiennes suivant leurs besoins.

En 1960 de nouvelles mesures ont été mises en place pour favoriser la prise en charge pluridisciplinaire du handicap, c'est la vraie naissance du travail social, et l'essor de plusieurs branches de travailleurs sociaux.

Enfin, la loi du 30 juin 1975 pour l'orientation scolaire et professionnelle en faveur des personnes handicapées, permet l’accès à des enfants et des adolescents à des formations adaptées, et des adultes à un emploi adapté.

Mais Henri-Jacques Stiker formule une critique face aux juridictions, notamment que malgré la volonté de favoriser la réadaptation de ces personnes en aucune façon la loi ne définit clairement le handicap, ce qui pose alors la question de savoir à partir de quel degré de « handicap » tous ces dispositifs peuvent être mis en place pour cette personne.

C) Clivage visible entre les personnes handicapées « réadaptables », et les handicapés pris totalement en charge dans leur quotidien.

La réadaptation des personnes handicapées est, comme vu précédemment, un enjeu essentiel pour la société. Cette quête de réinsertion génère des disparités entre ces personnes quant à leur prise en charge, selon la loi de 1975. En effet, selon les différentes atteintes des personnes, la réadaptation ne sera pas la même et dans certains cas ne pourra se produire. « On limite avec le plus grand soin les formules de formation quelque peu prolongée pour confier les ressortissants à de bonnes allocations, ou à des établissements « protégés » ou encore aux agents spécialisés d’institutions régulatrices[5]» témoigne H-J. STIKER dans son ouvrage. Implicitement, cela signifie que différentes catégories ont alors découlé de cette prise en charge du handicap.

D’une part les personnes handicapées qu’il est possible de réadapter à la société avec un accompagnement pluridisciplinaire adéquat et de « bonnes allocations ». Et d’autre part, les personnes handicapées qui ne peuvent pas être réadaptées à la « norme » sociale,

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