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Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au XIXe siècle : réalisme et naturalisme

Par   •  19 Juin 2018  •  3 129 Mots (13 Pages)  •  614 Vues

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séparée de

son propre corps. De même, révoltée par une souffrance qui, pour elle, n’a pas de sens, tant que l’enfant n’est pas né, Jeanne

devient haineuse à l’égard de son entourage et même de Dieu. En effet, elle maudit Dieu et les prêtres. Le narrateur étant, ici,

omniscient, lit dans les pensées de son personnage et insiste sur l’aspect totalement inhabituel de tels sentiments chez la jeune

femme. La phrase débute ainsi : « Dans son âme misérable et troublée ». Il s’agit bien d’une personne qui a perdu ses repères

et qui se sent soudain démunie et abandonnée de tous : « et elle maudissait Dieu, qu’elle avait cru juste autrefois ». L’emploi du

plus-que-parfait « avait cru » et de l’adverbe de temps « autrefois » souligne l‘opposition entre passé et présent ; et l’adjectif

« juste » montre l’incompréhension et la révolte dans lesquelles elle se trouve. Tout se mêle : Dieu, le destin et les prêtres. Ces

derniers sont devenus des menteurs puisqu’ils prêchent le contraire de ce qu’ils font : « elle s’indignait des préférences

coupables du destin, et des criminels mensonges de ceux qui prêchent la droiture et le bien ».

[Axe 2 : phrase d’introduction]

Cette révolte est non seulement due à sa souffrance mais aussi au fait qu’elle se compare à Rosalie qui, elle, n’a pas souffert

lors de son accouchement.

[Paragraphe a à rédiger]

Le texte mentionne très tôt qu’elle pense à Rosalie de manière quasi obsessionnelle, comme le montrent l’imparfait et

l’expression « sans cesse » : « Et Jeanne (...) pensait sans cesse à Rosalie ». Le paragraphe suivant évoque à nouveau cette

obsession, l’adjectif « incessante » faisant écho à « sans cesse » : « Dans son âme misérable et troublée, elle faisait entre elles

une comparaison incessante ». Cette comparaison entre elle et sa servante renforce son sentiment aigu d’injustice. Le nom de

sa domestique est suivi de trois propositions relatives qui précisent ce que ressent Jeanne à son égard et quelles comparaisons

elle établit entre, d’un côté, sa propre souffrance et, de l’autre, l’absence de souffrance de Rosalie : « qui n’avait point souffert,

qui n’avait presque pas gémi, dont l’enfant, l’enfant bâtard, était sorti sans peine et sans tortures ». Cette suite de relatives

donne à la phrase un rythme très régulier, fait de parallélismes syntaxiques et de structures binaires. Le lecteur entre ainsi dans

le cheminement de la pensée du personnage, qui ressasse toujours les mêmes choses. Cette jalousie la pousse à considérer

avec mépris à la fois Rosalie et son enfant. Celle-ci est réduite à sa condition sociale, que Jeanne trouve inférieure à la sienne,

ou est désignée par des termes péjoratifs : elle n’est plus que « sa bonne », « cette fille étendue », « l’autre » et l’enfant, quant

à lui, devient un « enfant bâtard ». L’injustice que ressent Jeanne est ainsi soulignée puisque son propre enfant, qui la fait tant

souffrir, est un enfant légitime. Ce sentiment explique sa révolte envers Dieu et le destin, que nous avons analysée plus haut.

Le texte, étant en grande partie en focalisation interne, le narrateur utilise, pour désigner les personnes, les termes qui

correspondent à ce que Jeanne ressent à leur égard en cet instant. Le langage devient alors trivial et assez cru : « où sa bonne

était tombée aux pieds de ce même lit avec son enfant entre les jambes ».

[Transition entre les deux paragraphes]

Julien, l’époux de Jeanne, qui assiste à la scène, a manifestement la même attitude que lors de l’accouchement de Rosalie. À

sa révolte contre l’absence de souffrance de Rosalie s’ajoute une autre révolte, celle-ci, contre l’indifférence de Julien.

Cned – 7FR20CTPA0112 3/4

[Paragraphe b]

Cette lucidité intervient pendant les moments de répit, la douleur étant trop forte pour lui permettre de réfléchir à d’autres

moments : « Parfois la crise devenait tellement violente que toute idée s’éteignait en elle ». Comme nous l’avons commenté

précédemment, Jeanne n’est plus que souffrance. Les deux paragraphes s’opposent. Le paragraphe suivant commence ainsi :

« Dans les minutes d’apaisement elle ne pouvait détacher son oeil de Julien ». Elle devient alors extrêmement lucide comme

l’indique la métaphore : « Elle retrouvait avec une mémoire sans ombres... ». Mais cette lucidité la fait davantage souffrir,

ajoutant une souffrance morale à la souffrance physique, introduite par un « et » de conséquence : « et une autre douleur, une

douleur de l’âme l’étreignait ». De la même façon qu’il avait défini la souffrance physique, le narrateur définit précisément cette

souffrance et la met en valeur par la répétition et les allitérations en [l] : il s’agit d’ « une douleur de l’âme » qui « l’étreint »,

c’est-à-dire d’une souffrance intérieure et profonde qui s’empare d’elle. Jeanne revoit alors Julien tel qu’il était lors de

l’accouchement de Rosalie et la ressemblance entre son attitude passée et présente la révolte : « Elle retrouvait avec une

mémoire sans ombres les gestes, les regards, les paroles de son mari devant cette fille étendue

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