Note pratique professionnel

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Ensuite, je lui dis que si vraiment elle a mal et que si elle doit attendre un bout de temps pour avoir un rendez-vous, elle devrait prendre un antidouleur ou autre pour la soulager. Elle me dit : « j’en ai plus et d’habitude c’est le médecin qui m’en donne ». Je lui réponds : « pour te dépanner, va à la pharmacie et demande une boîte pour te dépanner ». Elle me dit : « je n’ai pas les moyens, c’est trop cher et l’autre devrait me les acheter puisqu’elle n’a pas voulu que j’aille chez le médecin ». De nouveau, je la recadre sur sa façon de parler de son éducatrice et que le prix d’une boîte n’était pas excessif que ça. Ensuite, j’arrête la conversation en lui redisant d’annuler son rendez-vous et d’en prendre un autre. Elle l’a annulé et ne m’a pas reparlé de cette conversation par la suite.

Sur le coup, je n’ai pas rapporté cette conversation à ma tutrice, c’est seulement lorsque j’ai lu son dossier et que je me suis aperçue qu’il y avait eu déjà des incidents de la sorte que je l’ai expliqué à ma tutrice. Ensuite, pendant la pré-synthèse de Sophie, l’éducatrice en a profité pour lui parlé de ses propos envers elle. Sophie était d’accord, elle n’a pas nié du tout. L’éducatrice lui explique qu’elle n’aurait pas dû avoir ses propos puisqu’elle avait, déjà, été avertie et qu’elle avait eu des sanctions. Sophie acquiesce et ce contente de hochet la tête. L’éducatrice lui a demandé d’arrêter et que la prochaine fois il y aurait un rapport avec de nouveau une sanction.

POURQUOI CETTE SITUATION :

J’ai pris cette situation car Sophie m’a intriguée et m’a interrogée sur sa personnalité et sur le pourquoi de sa critique envers l’éducatrice de soutien auprès de moi. Comme il était convenu qu’au départ je ne regardais pas les dossiers des travailleurs pour que je me fasse une idée par moi-même, j’ai pris son dossier quelques temps après pour savoir si je l’avais cernée.

Avec la loi du 2 janvier 2002, les établissements du social et médico-social doivent constituer un dossier usager unique. Dans celui-ci doit se trouver l’ensemble des informations qui concernent l’usager, lequel bénéficie du droit de consulter son dossier.

Ce dossier est un outil nécessaire à la conception, la conduite et l’évaluation des actions (activités et prestations) mené par un établissement du médico-social. Il recueille toutes les données et écrits professionnels utiles pour rendre compte de la situation et de la problématique d’un usager afin de faciliter la compréhension, l’émergence d’un diagnostic, la conception de propositions et de plans d’actions, et leur évaluation. Il contient, un volet administratif : contrats et documents constitués lors de l’admission (contrat de séjour, document individuel de prise en charge, fiche de renseignements, jugement de tutelle, relevés de décisions d’orientations, autorisations écrites de parents ou tuteurs, courriers administratifs, documents spécifiques liés à l’histoire de l’usager…). Puis, un volet technique : comptes-rendus des réunions, projet individuel, évaluations, écrits des synthèses…4

QUESTIONNEMENTS :

Cette situation m’a soulevé quelques réflexions comme : comment mettre de la distance avec une personne qui entre facilement en relation sachant que cela faisait qu’une semaine que j’étais arrivé ? Aurais-je dû regarder plus tôt son dossier sachant, qu’avec ma référente, nous voulions que je me fasse ma propre opinion ? Aurais-je dû couper la conversation plus tôt sachant que nous sommes là pour être à l’écoute de l’usager ? Comment lui faire comprendre qu’il faut qu’elle arrête sachant que c’est dans son caractère ? Aurais-je dû en parler plus tôt à ma tutrice sachant que je ne savais pas qu’elle l’avait déjà fait. Est-elle suivie par une psychologue, en dehors de la structure ?

IMPLICATION DE LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE :

J’ai pu gérer cette situation et trouver les mots pour recadrer Sophie grâce à mon expérience professionnelle. Je me suis adaptée à cette adulte et à cette situation conflictuelle bien que je me sois toujours occupée d’enfants et adolescents. Mais je me demande s’il y a eu un impact sur Sophie vis-à-vis de mes propos puisque je suis stagiaire. Cela montre les difficultés d’un dialogue avec des adultes à déficience intellectuelle puisqu’il faut savoir adapter le langage et le vocabulaire à leur capacité de compréhension tout en respectant leur statut d’adulte. Ma place en tant que professionnel est d’être solidaire et en cohésion avec mes collègues. Je ne dois à aucun moment les dénigrer devant un travailleur. Si à un moment je ne peux répondre ou faire face à la situation, je peux demander de l’aide ou passer le relais à un collègue. Je dois être à l’écoute de l’usager mais lorsque celui-ci « dérape » je dois lui expliquer que ce qu’il dit n’est pas correct et qu’il faut se respecter les uns et les autres. Cette situation a été reprise, avec ma tutrice, et elle m’expliquait que j’avais bien agi.

Si la situation se renouvelait, la seule chose, que je changerais, serait de venir voir ma collègue aussitôt. Sinon, je me comporterais de la même manière puisque mon intervention a été correcte.

De ce fait, je m’interroge quand même sur :

Comment un autre membre de l’équipe se serait il comporté ?

Peut- on travailler sur le comportement de Sophie ?

CONCLUSION :

Cette situation m’a démontrée que je pouvais m’adapter aux personnes que j’ai en face de moi. Cela me réconforte dans ma confiance en moi sur le terrain tout en étant capable de prendre du recul, et de m’interroger sur les actions et les dires. J’ai su me positionner et mettre une certaine distance, en tant que professionnelle, pour ne pas me laisser déborder ou être trop familière. De plus, il fallait être vigilant par rapport à notre langage pour ne pas infantiliser ces adultes et de reprendre s’il le faut lorsqu’ils ne comprennent pas. Puis, qu’enfin de compte tout le monde a le droit à l’expression mais dans le respect.

Il est important de communiquer avec l’équipe même si l’on trouve la conversation anodine. C’est pourquoi, nous devons demander de l’aide autour de nous, que ce soit les professionnels ou les formateurs. Ce qui veut dire, pour moi, que le travail en équipe