Introduction sur la guerre; Peut-on justifier la Guerre ?
Par Raze • 27 Mai 2018 • 3 464 Mots (14 Pages) • 628 Vues
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Or Hobbes, a-t-il raison ? La guerre est le combat à mort entre 2 inconnus. La guerre est-elle une donnée anthropologique (langage) ou bien une relation entre les états ?
- Rousseau dans l’État de guerre (cf poly) décrit « il n'y a pas de guerre entre les hommes, il n'y en a qu'entre les États ».
En effet, Hobbes s'est trompé, la défiance et la jalousie suppose une comparaison. Hobbes a transposé sur l'homme naturel des données de la civilisation. L'homme est naturellement bon, généreux, il évite son semblable, sentiment de pitié.
(page 423) La guerre fait des hommes des barbares, elle rend les hommes mauvais.
=> paradoxe : la guerre n'existe pas sans la civilisation et atteint son paroxysme, acmé avec l’État nation/la démocratie. En effet dans les 3 œuvres, être citoyen c'est être prêt à mourir pour sa patrie.
=> La guerre est moins l'opposition entre la barbarie et la civilisation que l'opposition d'un choc entre les civilisations, entre des mondes, voire un conflit interne à la culture. La guerre est un débouché normal à la civilisation. (La colonisation est une forme de guerre.)
Selon Barbusse, la guerre est une seule grande armée qui se suicide.
Si la guerre n'est pas pulsionnelle mais c'est un fait de civilisation alors est-elle absurde, folle ou bien très rationnelle ?
2. Folie et rationalité de la guerre
- La guerre est-elle une pure folie ? Ou bien a-t-elle une logique propre ? Voire ces génies ?
Xerxès (hubris, fou, démesure) ≠ génie militaire (Clausewitz)
Xerxès serait peut être une allégorie (image de représentation) de la guerre. Et on remarque une admiration de Clausewitz pour Napoléon (qui était considéré comme génie militaire). Entre la folie et le génie se trouve l'incompréhension des soldats.
Barbusse (page 369) : « je me suis dit à ce moment, je suis fou. C'est la vérité des choses qui est folle, dit le zouave ».
Pour le soldat, la guerre est l'expérience de l'absurde, du non sens.
Céline Bardamu, Voyage au bout de la nuit
Rimbaud, Le Dormeur du val
La folie de la guerre se trouve du côté de l'individu, dans le vif de l'action. Il faudrait observer la guerre vu du tout.
Dans Les Perses on retrouve la consternation du chœur devant les pertes (longue liste des morts).
- En effet, la guerre est une relation entre états, c'est donc un fait social et politique mais est-elle une nécessité politique ?
Hegel dans Philosophie du droit, montre que les États sont, entre-eux, dans une civilisation proche de celle de l’État de nature. Il faudrait presque un arbitre pour régler les différends, ainsi la seule façon de régler les conflits c'est la guerre.
Entre États souverains, il ne peut y avoir de rapport autre que violent. La guerre est une affirmation de son individualité, un peu comme le mouvement du vent sur la surface de l'eau (empêchant les moisissure de se développer).
Pour Nietzsche (cf poly), la guerre est bonne et c'est une nécessité. Mais les États eux-mêmes sont détruits, emportés par celle-ci et Paul Valéry explique que la guerre affirme leur dynamisme et leur liberté, il rappelle que les civilisations passent, et que la guerre permet l'affirmation des états. Nous savons que nous sommes mortels.
Donc la guerre fait partie de la vie et c'est un facteur de destruction et de construction (révélation) de notre humanité.
Exemple : v.706-708, Eschyle :
“ Des fléaux humains guettent toujours les mortels :
depuis la mer, depuis la terre, mille maux
les atteignent, pour peu que s'étende leur temps de vie. ”
Les hommes se feront toujours la guerre, la guerre est une nécessité humaine.
Barbusse : “Cette guerre c'est la révolution français qui continue”.
Si les hommes font la guerre, la guerre en retour façonne les hommes et leur impose des valeurs. Se faisant la guerre, les hommes deviennent humain.
=> La guerre n'est pas une pure irrationalité, elle est mue par une dynamique, une logique propre qui finie par échapper aux belligérants.
Il y a une fatalité dans la guerre (Tragédie des Perses). En effet, une fois la guerre déclarée, il y a une force d'irréversibilité, c'est une mécanique qui a sa propre réciprocité et sa propre grammaire.
3. L'impossible représentation de la guerre ?
La guerre n'est-elle pas ineffable, indicible et irreprésentable ?
Elle ne peut pas être décrite, elle ne peut qu'être vécue.
Barbusse (page 419) : “ On ne peut pas figurer”, “ça étouffe les paroles”
(page 420) : les soldats eux-mêmes finissent par ne plus pouvoir se représenter, se rappeler la guerre
=> La guerre peut-être vécue directement, présentée mais pas représentée. Il n'y a pas de symbole assez fort pour représenter la guerre.
Un roman, un film de guerre ne peut être qu'un spectacle. Mais un spectacle n'est qu'une mise en scène insuffisante pour représenter la guerre.
→ Le risque de la représentation de la guerre serait de la valoriser c'est à dire de tomber dans la genre épique où on célèbre l'héroïsme.
Homère dans l'Iliade et l’Odyssée : décrit des épopée, des récits de combats et de victoires pour célébrer des actes de bravoure.
Il y a donc le risque de diminuer l'horreur de la guerre et celui de l'euphémisme.
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