HANNAH ARENDT, le système totalitaire
Par Plum05 • 16 Avril 2018 • 1 472 Mots (6 Pages) • 588 Vues
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La terreur, c'est la mise en pratique de l'idéologie. La terreur n'est pas un moyen d'intimidation utilisé par le corps politique car le corps politique est essentiellement terreur. On supprime toute liberté extérieure et on réduit la possibilité de l'action libre. On s'attache à ce que la masse fusionne dans un Homme collectif, ne fasse plus qu'Un au nom de la race ou de la classe. La terreur se fait par l'imposition de l'obéissance à une loi suprême. La propagande n'a plus lieu d'être puisque l'Histoire a été changée. On invente des complots, des ennemis pour contredire une prétendue vérité apportée contre l'idéologie. On renouvelle les ennemis à l'infini pour confirmer la réalité de la fiction. Le fictif n'est plus distingué du réel. C'est ici que l'organisation du pouvoir d'un Etat totalitaire se distingue des autres régimes. On confond le réel et le fictif, le pouvoir apparent et le pouvoir réel.
Hannah Arendt démontre bien que ce régime totalitaire est une pure nouveauté qui n’avait jamais été chargé antérieurement de la gestion d’un Etat en marquant les points différents. Elle va poursuivre son raisonnement sur la différence du totalitarisme et des autres régimes en le situant entre un pouvoir légitime et un pouvoir arbitraire (II).
II – L’alternative entre pouvoir légitime et pouvoir arbitraire
- Un régime au-dessus des lois positives
H. Arendt, par son écrit, pousse son analyse plus loin et ne se limite pas à ce que l’esprit humain serait tenté de penser et notamment sur l’interprétation et la définition du totalitarisme. En effet, sans approfondir, « nous sommes immédiatement tentés d’interpréter le totalitarisme comme quelque forme moderne de tyrannie ». Cependant, H. Arendt se refuse de qualifier le totalitarisme comme une « forme moderne de tyrannie » car cela voudrait dire que ce serait un régime sans loi où le « pouvoir est monopolisé par un seul homme ». Elle se demande s’il existe une nature propre au régime totalitaire. Elle va donc affirmer qu’au lieu de dire que le régime totalitaire n’a pas de précédent, il faudrait dire qu’il a fait éclater l’alternative même sur laquelle reposaient toutes les définitions de l’essence des gouvernements en philosophie politique, c'est-à-dire l’alternative entre gouvernement sans lois et gouvernement soumis à des lois, et l’alternative entre pouvoir légitime et pouvoir arbitraire. Par conséquent, le régime totalitaire va au-dessus des lois effectives mêmes au-dessus de celles promulguées par le régime lui-même comme par exemple la Constitution de Weimar qui n’a jamais été abrogé lors de la période du nazisme. Cependant, un régime totalitaire va quand même suivre des lois mais pas les lois effectives, elle aura pour « guide », le droit naturel, les lois de Nature et de l’Histoire.
- Un régime soumis au droit naturel
En effet, le régime totalitaire on est en présence d’un genre de régime nouveau. Il n’opère jamais sans avoir la loi pour guide et il n’est pas arbitraire, car il prétend obéir rigoureusement aux lois de la Nature (Allemagne nazie, inspiré de Darwin, l’homme est le produit d’une évolution naturelle qui ne s’arrête pas à l’aspect présent de l’espèce humaine) et de l’Histoire (URSS, conception marxiste de la lutte des classes, la société est le produit d’un gigantesque mouvement historique qui se précipiterait vers la fin des temps historiques où il s’abolirait de lui-même ) dont toutes les lois positives ont toujours été censées sortir. Le régime totalitaire veut assurer une forme plus élevé de légitimité qui permet d’instaurer le règne de la justice sur terre, ce que la légalité du droit positif ne pourra jamais apporter. Ainsi la politique totalitaire veut transformer l’homme « en un vecteur actif et infaillible d’une loi à laquelle, autrement, les hommes ne seraient qu’à leur corps défendant passivement soumis ».
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