Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Groupe Le Duff

Par   •  14 Décembre 2017  •  5 722 Mots (23 Pages)  •  661 Vues

Page 1 sur 23

...

Et la Corée, M. Le Duff ? « Le marché arrive à maturité. Il y avait des pionniers. Place aux vrais professionnels. » L'objectif est clair : ouvrir dix points de vente par an. Pour le patron, ça va cartonner. « Nous sommes le Gucci de la boulangerie-café en Asie », assène-t-il. « Pour réussir, il faut se placer sur le haut de gamme. »

Tout ça pour montrer aussi à la concurrence, les Paris Baguette ou autres Tous les jours, créés par les puissants chaebols (conglomérats) coréens comme Samsung, qu'il existe une différence de catégorie aux yeux de M. Le Duff. « La qualité est au rendez-vous. Nos pâtes sont réalisées avec le fameux beurre charentais d'Echiré. Nous exportons par bateau les matières premières de France. » Pour la mise en place, il a fallu convaincre les autorités sud-coréennes, très sensibles sur les produits alimentaires.

OUVERTURE D'UNE CINQUIÈME USINE

Une fois importés, les produits sont « assemblés » par des cuisiniers recrutés au plus haut niveau. A Séoul, la mission revient au chef Hervé Pichard, qui s'occupe également du Japon pour Bridor, fournisseur des plus grands hôtels de la capitale nippone, comme le Hyatt ou le Ritz Carlton.

Et tout cela se fait, bien sûr, au profit de l'économie française. « Faites-le savoir, insiste M. Le Duff, nous ouvrons le 2 décembre notre cinquième usine à Laval, le fief du ministre Garot que je connais bien. » Cette usine devrait employer à terme 150 salariés. Elle viendra épauler le site de Servon-sur-Vilaine, à côté de Rennes, qui arrivait à saturation.

Le groupe possède aussi une usine à Philadelphie (Pennsylvanie) et une autre à Montréal. Toutes sortent à la chaîne pains, croissants et autres viennoiseries surgelées. Ces produits industriels alimentent les chaînes de restauration rapide du groupe, mais sont aussi livrés à des clients extérieurs, dont quelques grands établissements que M. Le Duff adore citer, comme autant de titres de gloire.

Le patron breton a fait de la fabrication industrielle des produits un des ingrédients de son succès. Ce diplômé de l'Ecole supérieure de commerce d'Angers a très vite compris l'intérêt de croquer une marge plus juteuse en pétrissant lui-même ses viennoiseries. D'où la création, en 1988, de sa filiale Bridor présente désormais des deux côtés de l'Atlantique avec ses outils industriels.

METTRE CLAIREMENT LE CAP SUR L'ASIE

Mais l'idée initiale qui a fait sa fortune, il l'a trouvée en allant préparer son MBA au Canada. C'est là qu'il découvre les chaînes de restauration rapide. Passionné par le commerce et habitué à faire les marchés, ce fils de maraîchers décide d'importer le concept en le francisant. Tout l'enjeu sera de le développer en gardant son indépendance financière.

Pari réussi, avec l'appui de banquiers fidèles. Mais aussi grâce au concept de franchise. Un tiers de ses magasins sont aujourd'hui aux mains de franchisés ou de partenaires. Une certaine idée du commerce, devenue un sujet de thèse passée avec succès par le patron en 2004.

Résultat, l'entreprise n'a pas eu besoin d'ouvrir son capital malgré l'appétit insatiable de M. Le Duff. Car, pour accélérer le développement de son groupe, il n'a pas hésité à se lancer dans une politique active d'acquisitions. Le Duff met d'abord la main sur l'enseigne de boulangerie Le Fournil de Pierre, puis achète en 1996 au groupe Accor l'enseigne Pizzeria del Arte.

Depuis les années 2000, cette boulimie s'est étendue aux Etats-Unis. Il s'empare de la chaîne de restauration à la française La Madeleine, puis de Bruegger's dont la spécialité est le bagel, mais aussi de Timothy's Coffee, et enfin, début 2013, de Mimi's Café.

Après ses emplettes américaines, le centre de gravité du groupe a, pour la première fois, basculé du côté de l'Amérique du Nord. En 2013, cette zone géographique a représenté 41 % du chiffre d'affaires, contre 38 % pour la France, son berceau historique. L'objectif étant, maintenant, de mettre clairement le cap sur l'Asie.

« TANT QUE MON CASH-FLOW EST SUPÉRIEUR À MON EGO, ÇA IRA »

Pour autant, M. Le Duff, l'entrepreneur parti à la conquête du monde, n'hésite pas à arborer le drapeau « blanc et noir » en conférence de presse et tient à maintenir les racines de son groupe dans son fief breton. Il devrait poser sous peu la première pierre du nouveau siège de son entreprise à Rennes. Un investissement de 20 millions d'euros. Ce bâtiment devrait héberger près de 600 personnes et la Breizh Academy, lieu de formation pour les employés du groupe dispersés aux quatre coins de la planète.

Membre du Club des 30, un groupe de lobbying fondé par des patrons bretons, M. Le Duff est une des figures de la Bretagne qui gagne. A l'instar de Vincent Bolloré, François Pinault ou Jean-Jacques Hénaff. Loin des récentes images de crise du « modèle » agricole intensif breton, qui souffre d'un manque de valeur ajoutée.

Le groupe Le Duff revendique donc son identité bretonne, mais aussi son caractère d'entreprise familiale. Son fondateur, associé à quelques cadres dirigeants, en contrôle 100 % du capital. Il rejette vigoureusement toute idée de mise en Bourse. N'étant pas cotée, l'entreprise garde jalousement le secret sur ses résultats financiers. « Tant que mon cash-flow est supérieur à mon ego, ça ira », se contente de répondre en une pirouette M. Le Duff, amateur de formules à l'emporte-pièce.

En tout cas, le Finistérien a fait un bon spectaculaire dans le classement des plus grandes fortunes de France, établi par le magazine Challenges. Il se glisse désormais à la 49e place.

LE MÊME DESTIN INTERNATIONAL ?

Qui dit entreprise familiale dit aussi succession. Ses deux fils l'ont rejoint pour travailler à ses côtés. L'un, Vincent, qui prépare son master à HEC, a pour objectif de déployer la chaîne américaine Bruegger's en France. Il souhaite populariser le « vrai bagel », selon ses promoteurs, dans l'Hexagone. Même si quelques précurseurs ont déjà défriché le terrain. Un premier établissement vient d'ouvrir à Rennes. Le deuxième devrait suivre à Paris.

Le fils aîné, Philippe, s'intéresse, lui, à la branche « bio et produits

...

Télécharger :   txt (37.9 Kb)   pdf (93.5 Kb)   docx (33 Kb)  
Voir 22 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club