Fiche de lecture : GABERAN 100 mots pour être éducateur
Par Ramy • 16 Novembre 2018 • 3 901 Mots (16 Pages) • 1 502 Vues
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L'Autre celui que l'éducateur accompagne dans une relation d'aide éducative ou de soins, est très souvent un être de souffrance. Cela peut être dû à des maltraitances, violences ou abus sexuels donc d'origine physique ou de l'ordre de carence affective, manque d'égard ou de respect donc psychique ou bien par des conduites addictives, passage à l'acte suicidaire qui se rapporte au comportement. Il en va alors du savoir-faire de l'éducateur et de sa responsabilité afin de ne pas méprendre la signification de ces signes. Un manque d'écoute ou d'attention et une non réponse de sa part peuvent conduire l'Autre à vouloir recomposer la réalité , à se réinventer un monde, à créer des personnages ennemis... qui seront la somme de toutes les persécutions et violences subies. L'éducateur doit en amont essayer d'apaiser cette souffrance par de la tendresse mais aussi une certaine fermeté qui permettent de poser un cadre sécurisant et contenant. Il doit pour cela avoir une attitude d'écoute attentive, d'observation fine et une lecture précise des situations présentes. En second lieu, il doit aider l'Autre à dépasser sa souffrance, en lui permettant d'investir dans une activité de création. Cette étape permet de créer quelque chose pour échapper à la souffrance et ainsi se re-créer. Pour cela il utilisera des activités dites "de médiations". L'autre n'est pas condamné à la souffrance.
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Très souvent, l'Autre a intégré l'idée qu'il était voué à l'échec, de part ses comportements, ses actes et ses choix. Il conforme sa vie à cette représentation de lui même. L'Autre est convaincu d'être un raté, incapable de réussir ou encore un bon à rien. Dans son environnement il aura croisé des adultes qui malheureusement par des mots ou des regards qui le rattacheront à cette mauvaise image qu'il a de lui. L'éducateur doit dans son travail se retirer et laisser à l'Autre la maîtrise de ses choix et de son parcours. C'est à l'éducateur de faire le deuil de son désir et non à l'Autre de souffrir d'un supposé échec.
L'Autre avant toute chose est un Être qui demande à sortir de sa souffrance et à être reconnu dans une identité construite avec l'aide de l'éducateur. Le passage à l'acte ne doit pas être permis, rien ne peut l'excuser mais il doit être compris. Au moment de la crise, le rôle de l'éducateur est de contenir l'usager par le geste, la parole, la fermeté, la douceur, le temps que la tension se décharge. Le calme revenu avec ses mots, ou par l'écoute, l'éducateur doit pouvoir aider l'Autre à mettre du sens sur ce qu'il vient de vivre, afin de suspendre au fil du temps ses passages à l'acte et d'accéder à une autre forme de langage.
La crainte de devoir se confronter à la violence de l'Autre est ce qui inquiète le plus les élèves éducateurs lorsqu'ils envisagent ce métier. Leurs inquiétudes se forgent sur des représentations propagées par les médias, notamment par la télévision et véhiculées par l'opinion publique. La présence de l'Autre est d'abord associée à l'idée d'un possible danger. Il arrive que l'Autre pousse la provocation jusqu'à l'intimidation, ou qu'il saisisse l'occasion de l'arrivée d'un stagiaire ou d'un nouvel éducateur pour tenter d'imposer sa "loi". Ce jeu là ne demande qu'à céder face à la solidité de l'éducateur et sa capacité à contenir cette mise en scène de violence.
L'éducateur doit être suffisamment au clair avec ses propres limites, disponible et serein pour permettre à l'Autre de venir contre, tout contre lui (opposition/ affection). Le contre capte ainsi toute l'ambivalence du lien tissé à travers la relation éducative . Le contre exprime un besoin de confrontation, pour que l'Autre puisse vérifier si ça tient et si cet adulte qui se propose au rôle d'éducateur peut être un repère suffisamment solide et à la fois un appui. Lorsque l'Autre teste l'éducateur c'est pour s'assurer de sa capacité à passer de la complicité à la connivence. La dispute n'est pas toujours la mésentente et l'éducateur est toujours surpris de voir combien l'Autre avec lequel il est souvent en opposition est au final celui qui se place "tout contre" dans la recherche d'une sécurité ou d'une contenance affectueuse.
4/ Redonner une place à l'Autre
Le simple fait de dire bonjour à l'Autre signifie un accueil particulier et signifie que l'Autre à une place. Le bonjour c'est partager avec l'Autre l'idée qu'il existe bien une raison à sa présence et qu'il n'est donc pas là par hasard. Le bonjour est donc une invitation à la pause pour un Autre qui depuis sa naissance est inscrit dans le registre de l'exclusion ou du renfermement dans la différence. À l'inverse ne plus dire bonjour organise la transparence de l'Autre. L'Autre n'a pas besoin de se retrouver isolé au milieu d'un espace vidé de tout autre individu pour se sentir seul.
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L’Être au sein de groupe ou d'une structure peut se sentir envahi par une angoisse de solitude. L'éducateur doit pour cela être à l'écoute de ce ressenti, être attentif à cet Autre qui peine à trouver son inspiration. Il doit être présent pour lui, pour que la solitude cesse de le ronger. Le plus dur pour l'éducateur est de savoir renoncer, à la tentation de combler ce vide à la place de l'Autre.
L'éducateur doit aussi aider l'usager à retrouver confiance en lui. En effet certains individus refusent toute captation d'eux mêmes (photos, miroir) ; cette fuite devient le symptôme d'une grave souffrance psychique. Si l’Être ne se réduit pas au paraître celui ci demeure néanmoins un passage obligé pour accéder à la conscience de soi. L’Être a besoin de se voir pour savoir qui il est ; il doit pouvoir se reconnaître avant de vouloir se connaître. L'éducateur au quotidien se saisit des tâches aussi banales que la toilette, le maquillage ou d'une activité physique pour accompagner l'Autre dans l'élaboration ou la restauration d'un schéma corporel abîmé.
II. Du coté de chez soi
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