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Fiche de Lecture Pierre BOURDIEU "l'opinion publique n'existe pas"

Par   •  19 Septembre 2018  •  1 618 Mots (7 Pages)  •  1 251 Vues

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D’après Bourdieu pour répondre à une question il faut tout d’abord « être capable de la constituer comme politique » et en second temps de pouvoir lui « appliquer des catégories proprement politiques qui peuvent être plus ou moins adéquates ». Il faut donc, pour répondre à une question, que l’individu questionné possède une compétence politique or celle-ci est étendue de manière très disproportionnée selon les classes sociale car elle est dû à l’influence sociale et le niveau d’éducation. Donc sur la question de savoir si toute personne ne peut répondre à toutes questions, il est clairement avancé par Bourdieu que ce n’est pas du tout le cas, ne serait-ce que sur le fait que la majorité des personnes qui seront questionnées dans un sondage d’opinion ne constateront même pas que la question est politique.

Dans un second postulat est affirmé que toutes les opinions ont la même valeur, car en effet, l’objectif du sondage est de prendre une multitudes d’opinions considérées comme semblables et il va les additionner sans se demander si elles ont la même force sociale, car par hypothèse de départ, elles ont la même force sociale. C’est ici que Bourdieu va apporter la notion « d’ethos de classe » qu’il définit comme « un système de valeurs implicites que les gens ont intériorisées depuis l’enfance et à partir duquel ils engendrent des réponses à des problèmes extrêmement différents ». Il affirme alors que selon le niveau d’étude sur une question les opinions n’ont pas la même valeur. En effet les sondages apportent un véritable déséquilibre car pourront très bien être pris l’opinion d’un citoyen lambda qui n’a jamais pensé à la question et l’opinion d’une personne ayant travaillée et fondée sa thèse sur cette question, et pour autant leurs avis seront mis au même niveau. C’est ici une critique très avancée que je partage avec l’auteur, car les sondages ne prennent pas en compte les circonstances de construction de l’opinion, ni la force de celles-ci ni les conflits qui peuvent exister entre deux groupes possédant des opinions différentes. Et ce rapport peut changer selon les circonstances dans le temps, dans l’économie, dans les tensions existantes. Le sondage ne reprenant alors qu’une moyenne d’opinions ne se valant pas du tout égales.

Enfin Bourdieu va traiter le dernier postulat qui était émis, soit qu’il existe un accord général sur les questions posées. Or cela n’est pas vrai, car les questions posées par les instituts de sondages, comme les réponses, sont fondées et imposées par la situation politico-sociale et la demande sociale. Les questions posées ne répondent alors « qu’à la problématique qui intéresse les gens qui détiennent le pouvoir et qui entendent être informés sur les moyens d’organiser leur action politique ». Les questions se retrouvent alors comme des outils utilisés par les dirigeants. Et cela est vérifié aujourd’hui car finalement 80% des sondages sont commandés par des partis politiques. Et les sondages ne sont alors pas du tout neutres, ils reflètent des opinions préétablies. Il dénonce alors l’existence d’une problématique dominante. Pour autant, pour l’auteur, la formulation des questions ne doit pas être neutre car elle doit se rapprocher de ce qui se passe dans la réalité en parallèle et il faudrait donc qye chaque prise de position de chaque catégorie sociale soit représentée. Il affirme alors qu’il y a des « positions qui sont déjà prévues et on les prend ». Or l’enquête d’opinion telel qu’elle est présentée ignore les groupes de pression et le niveau de mobilisation des individus, ne les laissant pas s’exprimer. Or on a plus d’opinion sur un problème si l’on a plus d’intérêt à ce même problème. Le fait est alors que les sondages actuels ne permettent en rien de savoir ce qui risque de se passer en cas de crise car rien n’indique que ceux qui n’avaient pas d’opinion à la base choisiront ensuite au hasard, guidés par des systèmes de dispositions différents

Pierre Bourdieu conclut alors sur un refus de l’existence d’une opinion publique car finalement cette dernière n’est qu’un mirage créée par les sondages. Mais il reste très nuancé dans ces propos, en affirmant que certes l’opinion publique n’existe pas, mais seulement dans le sens où ceux qui ont intérêt à ce qu’elle existe la regarde. Il distingue alors d’une part des opinions qui ont été constituées via des groupes de pressions et de la mobilisation alors que d’une autre part se trouve des positions et dispositions qui ne peuvent caractériser une opinion même car incohérentes. Pour autant je trouve très critiquable ce texte de Bourdieu, car malgré qu’à l’époque sa vision fut certainement réelle, aujourd’hui les sondages sont complètement différents. E effet on retrouve aujourd’hui des questions de plus en plus ouvertes dans les réponses possibles, de plus en plus précises. Aujourd’hui chaque individu prône fièrement d’avoir une opinion même si la qualité des opinions peut parfois être discutées. De plus, au contraire de se focaliser sur la notion d’opinion publique, Bourdieu semble surtout se centrer sur la notion de lutte de classes de l’époque, une vision de la société qui n’est plus applicable aujourd’hui, 44 ans après son écriture.

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