Commentaire de l'acte V, scène 5 de Britannicus
Par Christopher • 25 Novembre 2018 • 1 346 Mots (6 Pages) • 1 412 Vues
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La dimension symbolique de l’acte abominable qui vient de nous être conté est finalement résumée dans les derniers vers de la tirade 1645-1646 : « Et j’allais, accablé de cet assassinat/ Pleurer Britannicus et tout l’Etat ». L’émotion de Burrhus est sensible d’abord ici par le rythme haché du vers 1645 avec la coupure marquée par la virgule après la troisième syllabe du vers. On n’a pas ici le balancement symétrique de l’alexandrin en deux parties égales, mais une rupture significative d’équilibre. Le lexique employé est bien sûr celui du deuil : « accablé », « Pleurer ». Enfin la gradation accompagne le rythme ternaire du vers : « Britannicus », « César », « et tout l’Etat ». Le deuil est d’abord au sens propre celui du jeune Britannicus qui vient de mourir empoisonné, mais symboliquement il s’agir aussi de porter le deuil du Néron vertueux que l’Empereur semblait hésiter à demeurer jusqu’à l’accomplissement de cet acte ultime. Désormais pour lui il n’y a plus de retour en arrière possible. Un monstre est bel et bien né. Enfin c’est le deuil de « tout l’Etat » que Burrhus s’apprête à vivre à présent, car quel avenir peut-on dorénavant espérer pour Rome sous la conduite d’un empereur aussi dégénéré ?
Conclusion : La violence de la scène contée par Burrhus est donc en définitive tout aussi efficace que si on nous l’avait montrée, voire plus, n’en déplaise à Victor Hugo qui déplorait que Racine « paralysé par les préjugés de son siècle » ait « relégué dans les coulisses cette admirable scène du banquet ou l’élève de Sénèque empoisonne Britannicus dans la coupe de réconciliation ». La dimension morbide de la tragédie connaît ici son point d’orgue et l’on sait que la mort de Britannicus n’est que l’annonce de beaucoup d’autres
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