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Lecture analytique "Les oiseaux" de Victor Hugo

Par   •  22 Mai 2018  •  2 074 Mots (9 Pages)  •  3 241 Vues

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* « m’arrêta brusquement par la manche au passage », le rythme haché, saccadé 3 3 3 3 de l’alexandrin représente la brutalité de l’arrêt. L’adverbe « brusquement » est mis en valeur dans sa longueur et connote la surprise du poète. « Par la manche » suggère que le poète est corrigé tel un enfant peu vigilant dans son avancée. « Arrêté » et « au passage » = l’emploi du verbe au passé simple marque l’évènement soudain face au passage «la mauvaise voie suivie par le poète » => corrigé alors qu’il se croyait victorieux (cf. vers qui précède « géant » ; « le plus fort » interrompu dans ses certitudes, le poète est réduit au silence et à écouter la leçon du « sage ».

- Un homme en apprentissage

* Le poète fait figure d’élève face au véritable « sage » le houx noir qui connote la vieillesse et l’expérience dans la couleur représentée. Même si l’un est l’autre « rêve » et « songe », néanmoins un seul se voit attribuer la sagesse par une apposition caractérisante.

* Le poète est mis en scène en apprentissage dans ses récitations : « Dieu veut que… » ; « C’était l’éternité qui… » ; « Je pris ces tapageurs…sérieux » : tournure proverbiale, présent de vérité générale citation biblique. Il veut faire figure de bon élève. L’intervention ironique voire satirique de V. Hugo à travers les paroles de l’oiseau, parodie ce poète réduit à être « un vieux classique ». L’exclamation rend le mépris de l’oiseau qui part non pas par peur mais par dépit.

Le duel entre les oiseaux et le poète inverse les apparences dans la mesure où le pseudo victorieux n’est présenté que tel un orgueilleux ignorant les codes de la Nature. Et ce portrait du poète romantique interroge quant à la pensée hugolienne. Pourquoi désavouer le romantisme ? En réalité, il n’en critique que la mise en scène outrancière.

- Remise en cause d’un Romantisme traditionnel : la note d’humour

- Les tours et détours hugolien

* Le poème se place sans « Aurore », le temps de la jeunesse, des erreurs de l’enfance telles celles déjà observées dans La Coccinelle. Le poète devient un exemple pour le lecteur qui peut à travers lui comprendre les dérivés d’une pensée trop étroite, trop codée ou trop peu tournée vers la Nature => une certaine humilité peut être perceptible dans la mesure où le poète c’est aussi Hugo critique envers lui-même : la datation fictive de 1835, comme celle de 1830 pour La Coccinelle présente le poète dans une jeunesse artificielle. Il se met en scène, encore à l’aurore de sa pensée romantique. Le houx noir serait alors à un interpréter comme un double du poète plus âgé, conscient de ses erreurs de jeunesse (cf. « et moi…je trouve juste… »).

* La leçon se révèle un chant poétique, (cf. isotopie de la musique) : où le houx se fait poète, il fait ce que le poète aurait dû faire au lieu de « crier » : il célèbre le temple de la Nature. Montre un monde en épiphanie où la Nature s’auto célèbre et devient éloquente : il s’agit seulement de la voir, de l’entendre (cf. les sens en éveil : « pleure » ; « cris » ; « murmure » ; « baisers ») => le tableau se découvre finalement dans la deuxième partie quand le poète écoute, très significatif de la pensée hugolienne, il faut savoir entendre et voir, et mettre la poésie au service de la Nature qui est le seul livre, la seule Bible.

* Pourquoi les oiseaux, les moineaux ? Le fait que l’oiseau vole le rend intéressant dans la mesure où il peut parcourir tous les éléments : l’eau avec « le ruisseau » ; l’air avec les « vents » ; le feu avec « l’astre » et la terre avec les « arbres » => il permet de proposer une version complète du cosmos. Et ils reviennent comme les saisons, ils sont donc symbole de la Renaissance. Donc ils prennent « pillant » ; « quand ils sont pleins » ; « nous le ramène » => ce sont donc bien des médiateurs.

- Rejet de la mélancolie traditionnelle et de l’emphase

* La forme nouvelle : rejet du sonnet, du rythme classique de l’alexandrin (avec césure à l’hémistiche) => des strophes irrégulières en jeu avec les sonorités et les diérèses qui marquent l’importance. Un sonnet coupé en deux, très souvent fait dans son théâtre.

* Le recours à un vocabulaire trivial : « plus de mots roturiers » ; « taquine » ; « babillards » à des personnages inattendus, puis nobles : « le houx » ; « les moineaux » des éléments plutôt banals => pas d’élévation.

* L’insertion du dialogue : le discours devient poétique, il est mis en scène dans sa simplicité car il représente la réalité => le romantisme hugolien doit être l’expression du vrai, et le « je » ne doit être qu’un porte-parole. Le poète ici apprend du houx, il accède à une vérité : celle de la nature poétique : toute la poésie est dans la Nature : « La Nature est un temple » dit-il.

- Inversion et concentration sur la Nature

* Le « je » laisse place. Disparition de sa voix pour entendre « le rire du tombeau » => Le rire prend une dimension politique autant que poétique : car il devient le symbole que « tout a droit de citer en poésie » ; « le sublime et le grotesque cohabitent »

* La vie sort du tombeau du cimetière « cimetière désert » rime interne : image que le poète a. En réalité, « nous languissons » => les hommes sont endormis presque morts « ils ont pitié de nous » => les lecteurs impliqués par le « nous » sont pris à partie. La mort est dans la vie qui n’est qu’un « trou effrayant »

* La Nature soit à travers les oiseaux « l’orthographe » qui ne se lit pas sur l’épitaphe, mais qui s’entend dans « le rire ». Ils agrafent les linceuls, s’amusent se joue des traditions. Propos méta poétiques (poésie qui parle d’elle-même).

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