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Étude de réception: L'Air et l'Eau de M.C. Escher

Par   •  18 Octobre 2018  •  5 394 Mots (22 Pages)  •  787 Vues

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La réception de cette œuvre par les étudiants du département des Arts visuels sera analysée à la lumière de trois principales théories mobilisées dans le paradigme des études de réception. Il s’agit des théories des industries culturelles et de celle de la réception de Stuart Hall. Pour y arriver, nous partons de la question suivante : comment comprendre la réception de l’œuvre « Métamorphose : l’air et l’eau » de M. C ESCHER par les étudiants du département des Arts visuels de l’Université d’Ottawa ?

L’objectif de cette étude est de comprendre les perceptions et interprétations des étudiants du département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa de l’œuvre en question. Pour ce faire, nous allons faire un parallèle entre le message de M.C. Escher (encodage)[3] et celle des étudiants impliqués dans ladite étude (décodage). En effet, nous avons réalisé une série d’entrevue semi-dirigée avec un échantillon de six étudiants dudit département. Nos données ont été ensuite analysées à la lumière des théories des industries culturelles de Richard Hoggart et de la réception de Stuart Hall.

- Encadrement théorique de l’étude

Cette partie de l’étude est consacrée à la présentation des théories mobilisées pour encadrer notre analyse de la réception de cette œuvre par les étudiants du département des Arts visuels de l’Université d’Ottawa. Il s’agit des théories : des industries culturelles et de la réception.

- La théorie des industries culturelles

La théorie des industries culturelles est née de l’École de Francfort dans les années 1940. Elle est marquée par des figures de proue telles T. Adorno, M. Horkheimer et R. Hoggart. Cette École de pensée désapprouve la rationalité de la logique marchande du capitalisme avancé « dépravant » la culture, enterrant l’art, aliénant et manipulant les masses populaires par le biais des produits issus de la grande « industrie culturelle » de l’ordre social dominant.

Le concept des « industries culturelles » désigne, pour Horkheimer et Adorno, les dispositifs qui produisent les œuvres culturelles de manière standardisée et à destination de publics indifférenciés (les masses) en utilisant la télévision, la radio, le cinéma et la photographie, etc.[4] Standardisation et rationalité technique sont donc privilégiées. Les industries culturelles (mêlant loisir, divertissement et culture) sont également un processus d’exploitation des œuvres à des fins commerciales s’opposant à une création autonome forcément en rupture avec son économie.

Le propre de toute industrie est la fabrication de marchandises destinées à un marché. La production de marchandises suppose également la création d’une subjectivité spécifique (croyances, valeurs, sentiments,), un mode de comportement face à la marchandise en question. Toute marchandise est donc une relation sociale. En transformant la culture en une industrie, les industriels culturels ne se contentent pas simplement d’en tirer profit, mais, en même temps ils fabriquent, formatent l’esprit des gens de manière à consommer la marchandise culturelle.

Selon la théorie des industries culturelles, les œuvres sont standardisées et uniformisées. Les théoriciens de l’industrie culturelle considérant la culture de masses – médiation de réception des produits culturels - comme quantité et non plus qualité, production et non plus création. Elle est une marchandise qui ignore tout de l’esthétique, de la spiritualité et de l’élégance. Dans cette perspective, l’œuvre d’art est considérée avant tout comme une marchandise, est alors produite selon les normes massives de la production industrielle et répandue par des techniques de diffusion massives[5]. Walter Benjamin évoque la perte d’aura de l’œuvre quand elle est reproduite :

« A la plus parfaite reproduction, il manque toujours une chose : le hic et nunc de l’œuvre d’art, l’unicité de son existence au lieu où elle se trouve. C’est cette existence unique pourtant, et elle seule, qui, aussi longtemps qu’elle dure, subit le travail de l’histoire. En parlant d’histoire, nous songeons aussi bien aux altérations matérielles qu’elle a subies qu’à la succession de ses possesseurs (…). Le hic et nunc de l’original constitue ce qu’on appelle son authenticité.[6]»

Ainsi, on voit que pour l’approche des « industries culturelles », la reproduction et la marchandisation de la culture induisent une baisse de qualité de l’œuvre d’art réduit à la simple dimension de produit. En ce sens, en produisant pour les industries culturelles, l’artiste suit une filière partant de lui-même pour aboutir au dernier des consommateurs après avoir subie une gamme de transformations faites par des acteurs de la sphère de l’économie ayant autorité dans cette filière : producteurs, éditeurs, distributeurs et commerçants. Le produit culturel qui arrive sur le marché est au final la version commercialisée de l’œuvre, plus précisément du produit culturel.

- La théorie de la réception de Stuart Hall

La théorie de la réception de Stuart Hall s’oppose grandement de l’approche classique dominante et linéaire des effets des médias (jusqu’aux années 1980) qui présente l’échange communicationnel comme étant un processus par lequel un émetteur transmet un message vers un récepteur qui, à son tour va réagir et vice versa, en un mot elle voit la communication comme un circuit de circulation : Émetteur-Message-Récepteur (E-M-R). Selon cette approche, les récepteurs sont passifs au message reçu. Face à cette approche linéaire de la communication qui ne s’intéresse guère aux diverses étapes dans la transmission du message, Stuart Hall, de son côté, va prôner une approche structurelle qui définit l’acte communicationnel comme une continuité du circuit : production/circulation-distribution/consommation-reproduction. La théorie de la réception de Stuart Hall met l’accent non seulement sur le codage et le décodage, mais aussi sur la dimension psycho-sociale de l’émetteur et du récepteur sans mettre de côté les différentes étapes du processus.

Dans la lignée des usages et gratifications, Hall avance qu’une fois reçu le message, le récepteur va le décoder en fonction de ses préoccupations, ses intérêts et ses besoins spécifiques. Dans l’échange, les rapports ne sont pas toujours symétriques. Car le degré de symétrie/asymétrie résulte à la fois des degrés de symétrie ou d’asymétrie entre

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