Rue de Prague Otto Dix analyse
Par Ninoka • 29 Avril 2018 • 1 437 Mots (6 Pages) • 1 122 Vues
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De plus, Otto dix monte aussi la violence des contrastes sociaux entre les nantis et les mendiants. Ainsi, la misère des uns est représentée par le trottoir et ses détritus, les bouts de journaux, la petite fille et le mendiant. La richesse des autres est représentée par une main élégante, portant un gant, s’appuyant sur une canne. Chaque humanité ignore l’autre, les regards ne se croisent pas. Cette scène n’est que la vitrine du monde, un mélange de passants soucieux d’élégance et de personnes à jamais handicapées dont on voudrait oublier l’existence. L’horreur semble devenue un spectacle banal et quotidien de la rue.
Enfin, Otto dix dénonce l’antisémitisme. En effet, près du cul-de-jatte au buste monté sur une planche à roulettes, il a collé un tract ou une affichette, qui porte en titre « Juden Raus » ce qui signifie « dehors les juifs ». Les juifs sont considérés comme responsables des malheurs de l’Allemagne, selon les nationalistes.
Contexte de l’œuvre
Contexte de création :
A son retour de la guerre, Otto dix, bouleversé par son expérience et déçu de l’indifférence des gens vis-à-vis des pauvres mutilés, peint de nombreux tableaux relatant aux populations civiles les horreurs commises pendant la première guerre mondiale. Dans une Europe livrée aux dictatures, les artistes ont de moins en moins la possibilité de rencontres et d’échanges, ils peignent un univers qui est leur présent, leur réalité. Considérées comme « dégénérées », plus de 250 de ses peintures sont retirées des musées et 170 sont brûlées.
Contexte historique :
Ce tableau est peint en 1920, un an après la signature du traité de paix par l’Allemagne, humiliée, jugée responsable de la guerre et obligée à payer de lourdes réparations en guise de dédommagement. De plus, elle perd une partie de son territoire au bénéfice de la France et de la Pologne en particulier, et voit son armée réduite. Elle ne peut plus fabriquer d’armes lourdes et la région du Rhin est démilitarisée.
Par ailleurs, l’usage massif de l’artillerie pendant la guerre a fait de nombreux invalides. Leurs conditions de vie sont très difficiles : ils reçoivent de très faibles pensions de guerre, du fait des difficultés financières de l’Etat, et sont souvent confrontés à l’indifférence des valides qui veulent oublier la guerre.
Enfin, ce tableau a été peint dans un contexte où se développe l’antisémitisme de la part de certains milieux de l’extrême droite, qui rendent responsables les Juifs de la défaite de la Première Guerre Mondiale. Ils deviennent alors boucs émissaires de tous les maux de la société.
Conclusion
Portée ou influence de l’œuvre :
Otto Dix a été marqué par son expérience de soldat et il nous montre l’affreuse réalité des rescapés. Ce ne sont pas des héros qui reviennent victorieux mais des débris humains, des « monstres ». L’artiste critique, prend position, choque pour dénoncer les horreurs de la guerre. Il choisit de peindre la réalité, la laideur et de montrer les traumatismes liés à la guerre. Il fait apparaitre l’une des racines du nazisme : le rejet de l’autre à cause de son handicap ou de sa « race ». Il ne critique pas seulement la guerre qui transforme les hommes en « chair à canon » mais aussi les anciens combattants qui avec fierté portent encore leur décoration de guerre. Cette critique de la guerre a fortement déplu au régime nazi qui prétendait que celle-ci était nécessaire, qu’elle grandissait l’homme en lui permettant d’exprimer sa virilité et sa force. En 1933, il sera destitué de son poste de professeur aux Beaux-Arts de Dresde et ses œuvres exhibées comme « art dégénéré ».
Mise en relation avec d’autres œuvres : Les joueurs de Skat et le marchand d’allumettes d’Otto Dix.
Mon avis personnel :
La première fois que j’ai vu cette peinture, elle me semblait peu intéressante et ne me plaisait pas beaucoup car je la trouvais trop violente. Cependant, après avoir compris ce qu’elle représentait et ce qu’Otto Dix dénonçait par le biais de cette œuvre, je l’ai regardée d’un tout autre œil. Ce que j’aime en particulier dans ce tableau, c’est qu’il montre la cruauté des humains envers les mutilés de la guerre. Jusqu’à nos jours, beaucoup croisent sur leur chemin des SDF, sans daigner leur adresser un simple regard alors que, eux aussi, sont des Hommes. Otto Dix dénonce le caractère inhumain de certaines personnes, et c’est pour cela que j’apprécie cette œuvre.
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