Le triple autoportrait de Norman Rockwell, 1960.

...

de sa pipe et cet incendie lui a fait perdre de nombreux objets et travaux auxquels il tenait, notamment des objets historiques et militaires. C’est pourquoi, ces objets figurent sur cette toile : le casque en haut de la toile.

Autre objet symbolique : le pygargue, aigle à tête blanche qui fait référence aux Etats-Unis.

Les couleurs présentes sur cette œuvre sont le bleu (la chemise du peintre, le rouge sous le miroir, le blanc sur la toile et le pantalon de Norman). Elles rappellent les couleurs du drapeau américain.

Le tableau n’est pas signé en bas à droite comme c’est généralement le cas. La signature figure sur la toile posée sur le chevalet en bas à droite comme c’était cette toile qui correspondait le mieux à l’artiste, celle qu’on doit voir.

Cette peinture comprend trois carrés qui correspondent chacune à une représentation du peintre. C’est trois portraits s’emboitent comme des poupées russes les uns dans les autres. Cette toile constitue une mise en abyme puisqu’on trouve dans l’autoportrait deux autres autoportraits. La mise en abyme est le procédé qui permet de représenter une œuvre dans une œuvre du même type.

Les quatre autoportraits d’artistes en haut à droite sont aussi une mise en abyme puisqu’ils sont eux-mêmes présents dans un autoportrait. Rockwell veut leur rendre hommage tout en montrant que ce qu’il fait, lui, est différent.

La posture de l’artiste en train de peindre, penché vers le miroir, forme une diagonale qui traverse le tableau de son angle bas droit à son angle haut gauche. Une seconde diagonale, qui suit la position de la pipe du peintre de dos, traverse le tableau dans le sens opposé. Le croisement des deux diagonales correspond à la tête du peintre de dos. C’est à cet endroit que le regard du spectateur est focalisé.

La signification de l’œuvre.

Ce tableau est un autoportrait très original qui invite le lecteur à se questionner et à observer les différences entre les trois autoportraits. Mais finalement, lequel est le plus proche de la réalité ? Est-il seulement possible de se peindre fidèlement ?

Ainsi, on se rend compte à travers cette œuvre, que faire son autoportrait c’est aussi forcément mentir car il est difficile de se représenter en toute objectivité.

Le portrait sur la toile représente un Rockwell plus jeune et c’est cette même toile que l’artiste signe. Ainsi, est-ce celle qu’il considère comme la plus vraie, la plus fidèle ? Le portrait où Rockwell est de dos nous fait nous interroger car comment aurait-il pu se peindre de dos ?

Avec ces trois autoportraits différents, Rockwell montre que bien que l’image est figée, elle met en valeur le côté éphémère de la représentation. Le peintre vieillit mais son autoportrait nous montre seulement ce qu’il veut montrer : un homme plus jeune (cf. portrait sur la toile) C’est pourquoi la peinture constitue un moyen d’évoquer le passé mais aussi le présent.

Il intègre aussi des caractéristiques de l’autobiographie avec l’ajout d’éléments qui se réfèrent à une anecdote racontée par l’image. Cependant, la peinture diffère en cela de la photographie qui n’évoque qu’un présent : celui qui renvoie au moment de la photo. Néanmoins, la toile de Rockwell est si réaliste, si précise qu’elle ressemblerait presque à une photographie.

L’artiste se moque en réalité de lui-même en se vieillissant et en se mettant dans une posture peu flatteuse. Il dévoile que la représentation est intimement liée au mensonge : on ne montre que ce que l’on veut.

Le désordre qui règne sur cette toile s’oppose aux éléments du domaine militaire, ce qui révèle les contradictions de l’homme.

Cette toile a donc pour but de se moquer de soi-même.