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Critique cinématographique, Une Vie, Stéphane Brizé

Par   •  12 Novembre 2018  •  1 418 Mots (6 Pages)  •  501 Vues

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jardine, Jeanne qui pense, Jeanne qui lit… Ces scènes occupent une trop grande partie du film mais montrent parfaitement la monotonie de leur vie. Le réalisateur a opté pour des distorsions de l’ordre chronologique dans son récit en faisant appel à un grand nombre de prolepses : lorsqu’on voit Jeanne sur le bord de la route sous la pluie. Et aussi à des analepses : Jeanne étant plus jeune avec Rosalie. Ces changements sont trop récurrents, on finit par ne plus rien comprendre, et ne plus savoir où nous en sommes dans l’histoire. En outre, pour respecter la volonté de Maupassant et aussi nous faire découvrir sa région, la Normandie, la nature est mise en avant. Dans certaines scènes, il n’y a aucun bruit mais seulement le son de la nature, des oiseaux, des vagues. La plage et le jardinage reviennent énormément, on y voit souvent Jeanne avec son père, Julien ou encore Paul son fils. Les saisons sont parlantes : les belles saisons, printemps et été, sont des mois joyeux et paisibles alors que l’automne et l’hiver sont tristes et gris. Quant à la musicalité, trois types sont reconnus : mélancolique, paisible et nostalgique. Toutes ces mélodies sont composées par Jacques Duphly et interprétées au piano par Olivier Baumont. Et enfin les personnages utilisent un langage contemporain qui parait assez naturel.

DEUX HEROINES PEU DIFFERENTES. Dans le courant de l’année 1879, Maupassant a écrit Boule de Suif une œuvre racontant l’histoire d’un groupe de bourgeois voulant quitter Rouen, qui était sous l’occupation prussienne. Parmi eux se trouvent une prostituée, Elisabeth Rousset, surnommée Boule de suif, dont tous vont abuser de sa générosité et de sa naïveté. Nous pouvons constater que Jeanne et l’héroïne éponyme ont plusieurs points communs et expriment la vision du monde de Maupassant. Les deux jeunes femmes sont déçues de la nature humaine : Boule de Suif des relations avec ses camarades qui ne lui adressent pas la parole et ne la considèrent pas à cause de son métier. Et Jeanne a des déceptions sentimentales à cause de son mari plein de désir au début et qui finit par la tromper. Puis elles sont toutes les deux trahis par leur entourage : Elisabeth par ses compagnons de voyage, qui la vendent au soldat prussien de l’auberge, sans son accord, pour se libérer. Et Jeanne par Rosalie, qui a une relation avec Julien sous leur toit, avant le mariage. Et aussi par Gilberte de Fourville, sa seule amie, qui a aussi une relation avec son mari. Enfin l’entourage des deux héroïnes a fait preuve d’une insolente ingratitude : Boule de Suif qui est la seule à avoir penser à la nourriture, partage avec ses camarades lors de l’allée, alors qu’eux durant le retour ne lui offrent même pas de quoi se désaltérer. Et les bonnes sœurs qui doivent faire preuve de charité religieuse, préfèrent fermer les yeux et ne rien dire. Et Jeanne, qui a tout donné pour que son fils réussisse et vive bien, se voit délaissée par ce dernier, qui part à l’étranger et lui envoi des lettres que pour lui demander des sommes d’argent astronomiques, suite à ses nombreuses dettes. Et enfin, le prêtre, auquel se confesse Jeanne, qui indirectement engendre la mort des de Fourville et de Julien. Car selon lui et ses croyances, le mensonge est pêché. Grâce à ses deux romans de Maupassant dont les personnages principaux se ressemblent beaucoup et sont très isolés, on peut constater que sa vision du monde est pessimiste, il nous montre une société corrompue et sans valeurs.

POUR CONCLURE. Si vous avez envie d’une longue et lente traversée perdue entre flash-back et retour en arrière ou encore de réalité profonde du mariage et du quotidien, n’hésitez pas à vous rendre dans le cinéma le plus proche. Cependant, cette traversée peut vous paraître un brin ennuyeuse et monotone avec ces longues scènes de jardinage, de promenades sur le littoral et de lecture. Essayant d’éviter le romantisme à tout prix, pour respecter le roman de Maupassant, le jeu de Judith Chemla est dépourvu de sentiments et vous aurez du mal à vous attacher à ce personnage pourtant si frêle qu’est Jeanne Pertuis des Vauds. Et malheureusement, cette relecture ne suscite aucune tendresse. Certes tout cela respecte l’écriture de Maupassant mais rend l’histoire aride et amère. La vie de Jeanne est encadrée et n’a pas d’horizon ce qui fait de ce film un long métrage sans fin ni but

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