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Cratère de Pronomos

Par   •  21 Novembre 2018  •  2 748 Mots (11 Pages)  •  538 Vues

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Dyonisies entre février et avril. Ces festivités se terminent avec le choix de l’œuvre tragique gagnante. Les poètes reçoivent des couronnes de lierre (voir Démétrios). Les chorèges reçoivent des trépieds qu’ils posent souvent sur des colonnes dans des lieux particulièrement fréquentés. Les trépieds sont les seuls objets présents sur la scène qui évoque un cadrage architectural et symbole de victoire. Ils encadrent la scène et sont consacrés à Dionysos par les vainqueurs ; celui de droite est dressée sur un socle à gradins et prend un aspect monumental qui souligne cette dimension de l’image. Celui de gauche est placé plus discrètement entre un groupe de 4 choreutes vêtus de satyres. Le troisième se retrouve sur la face B. On retrouve comme autre référence architecturale la bande au-dessus des personnages qui symbolise le théâtre proprement dit. Le trépied fait généralement penser à une iconographie sacrée (pensons à celui dans le sanctuaire de Delphes). Ils seraient donc une célébration par l’image, qui pourrait expliquer le fait que les musiciens continuent à jouer et que les satyres dansent.

- Autre chose a remarqué sur les deux faces est le détail rendu aux costumes. On retrouve un excellent travail du rendu des drapés, que l’on peut comparer à la sculpture du drapé nu qui apparaît sur les sculptures dès le V Siècle, possible source d’inspiration pour le peintre. Il est évident que celui-ci a bien pris soin de représenter les costumes que porte les acteurs. Ce sont des vêtements considérablement plus riches que ceux que l’on trouve dans la vie quotidienne et la fonction de ce costume doit être de faciliter l’identification du personnage car, n’oublions pas, le théâtre est un art visuel avant tout. Ainsi, les acteurs portaient une tunique courte, le chiton, pour la comédie et longue pour la tragédie. Ils avaient également un manteau (himation). Les satyres sont uniquement vêtus d’un pagne velu, phallus dressé et avec une queue animale à l’arrière. Il est a signalé ce personnage vêtu de femme au côté d’Himéros tenant un masque de femme à la main. En fait il s’agit d’un homme (remarquer que son visage n’est pas peint en rehaut blanc comme Arianne) qui tient un rôle féminin et qui est démasqué. Un indice que l’image ne représente pas le réel mais joue avec les catégories qu’elle représente. Face à Héraclès on retrouve un homme velu portant une peau de panthère sur l’épaule et avec un masque de satyre : il s’agit de Sylène, le chef du chœur des satyres.

- Au théâtre, le symbole de l’acteur est son masque qui marque sa possession surnaturelle. On retrouve d’autres représentations d’acteurs avec leurs masques auparavant mais ici, le masque est placé de manière frontale. Les autres représentations que nous avons avec des images frontales nous font immédiatement penser aux images de la Gorgone. Le point commun entre ses deux représentations est l’importance de la visualité, du regard du spectateur face à la scène. L’illusion théâtrale reproduit la métamorphose engendrée par l’ivresse divine. L’homme ne peut cependant représenter cette transformation que par l’outil fondamental du masque, que les choreutes et acteurs tiennent dans les mains tendues, levés ou portés. Ces masques portent les marques d’une différence substantielle entre le monde divin et le monde humain : celui de choreutes représentant le cortège de satyres de Dionysos avec leur attributs animaux et aux visages barbus pendant que le visage des acteurs est individualisé et différenciés, caractérisés par leur sexe et leur âge : la reine, le roi le héros ou l’homme mûr. Héraclès est par contre démasqué mais le visage de l’acteur continue à être celui d’Héraclès, l’acteur est devenu son personnage.

- Les inscriptions qui accompagnent ces figures les nomment de diverses façons. L’acteur vêtu en Héraclès est nommé Héraclès, ce qui désigne son rôle. Mais les jeunes acteurs habillés en satyres ont gardé leurs noms de citoyens : Dorothéos, Kalias, Nikomachos…Le satyre danseur garde aussi son nom de citoyen : Nikoléos. Cela interfère l’identité réelle, dans la cité, et le rôle dans la fiction. Héraclès est déjà démasqué et Nikoléos est encore un satyre.

- Le satyre dansant est le lien entre le monde divin (le rituel) et le monde humain (la représentation). Il danse au son de l’aulos de Pronomos et porte toujours son masque qui du coup ne se distingue plus comme un artifice : le danseur, en image, a une tête de satyre. Son pied droit déborde de la bande ornementale comme s’il sortait du cadre de l’image. Au-dessus de sa tête, dans l’axe de son corps, monte une vigne qui rejoint Dionysos et met le danseur en rapport direct avec le dieu. On retrouve dans le rituel le dynamisme des danses effrénées des bacchantes et des satyres autour de Dionysos et d’Ariane mis en avant, et de l’autre la représentation avec l’immobilité du couple divin assis sur une banquette en attendant le début du spectacle préparé par les choreutes, les acteurs, poète et musicien.

- Dionysos est représenter jeune et imberbe, nouveauté dans sa représentation au V siècle, couché sur ce qu’on pourrait penser comme un lit de banquet. Il attend le spectacle alors que celui-ci est finit. Arianne l’embrasse et est-elle aussi une divinité et non pas une humaine. Sur la face B on retrouve Dionysos dans une posture trouvée dans d’autre vases grecs comme celui du peintre de Meleager.

III-Le culte dionysiaque : le rituel de la représentation

L’image sur le vase travaille sur la notion de la représentation. Le théâtre est une forme d’expérience visuelle ou le spectateur voit les héros du passé comme s’ils étaient présents. Cette illusion est placée par les Athéniens sous le signe de Dionysos, en honneur duquel on joue. Cependant, l’image dépasse cette illusion car les satyres sont ramenés de la fiction dû à leur nature de citoyens mais en même temps, on retrouve le couple divin au milieu de la troupe, une présence qui rend visible la faveur du dieu. La face B nous montre une scène typique de transe dionysiaque. Dionysos avance lyre en main soutenu par une ménade et entourés de satyres et ménades dansant portant thyrse et torche. À l’union des deux faces deux satyres se retrouvent dos à dos, l’un d’eux est démasqué avec le masque placé dans la direction du satyre dansant. Ainsi le peintre place l’image comme une démonstration du jeu du réel et de l’apparence.

La mise en valeur des personnages principaux est marquée d’une part par leur place centrale ; et d’autre part par le fait que le cratère montre une scène typiquement dionysiaque.

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