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Le designer est-il toujours le complice de la société de consommation ?

Par   •  17 Mai 2018  •  2 448 Mots (10 Pages)  •  688 Vues

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d’ailleurs du design, un engagement politique de ses idées, de ses objets. L’école fait aussi du designer, la personne devant être dans l’entreprise mais

également critique envers cette entreprise. Il est donc enrôler dans sa posture.

De plus, le designer, produit avec le capitalisme, donc est-il le designer qu’il a choisi

d’être ?

Adopte-t-il une position morale envers ses projets, ses choix, son travail ?

Le designer dans l’entreprise cherche-t-il juste à produire un objet de consommation ?

Avec la crise des médias de mai 1968, c’est ce manque de position, d’affirmation de qui

est ce designer, qui est visé. Car de l’extérieur, nous voyons juste un designer disciple de

la production industrielle, et c’est la seule chose qui le caractérise réellement. Il est donc

fonctionnaire de la consommation, et même déjà de la surconsommation.

On peut donc se demander s’il est capable d’être autonome, indépendant du marché, et donc un être moral avec une certaine éthique lui permettant de s’épanouir dans des projets créatifs. La préface, de « Design, Crimes et Marketing », de Stéphane Vial indiquait déjà très justement que : « À partir du moment où ils ont commencé à assumer l’industrie, les architectes, les décorateurs et les artistes ont inventé le design. Mais, du même coup, ils ont inventé le syndrome du designer : sentiment de complicité avec le capitalisme, soumission coupable aux impératifs de la société de consommation, acceptation résignée de l’économie de marché, renoncement à l’idéal de transformation

de la société... »

« Passer d’une société de consommation à une société de création », c’est un pas

pour s’extraire de ce culte de la profusion d’objets.

Les radicaux italiens, dont Alessandro Mendini et Gaetano Pesce l’avaient compris. Ils développent une posture différente. Tout d’abord, ils extraient les designers des

entreprises, puis cherchent à introduire de la variété dans un processus industriel.

On retrouve ce nouveau processus créatif, dans les Candelabre de Gaetano Pesce, où il a expérimenté le matériau de la résine pour définir chaque corps, créant ainsi des variations aléatoires au sein de la série. On peut se demander alors si cet objet a été conçu comme

une sculpture ou comme un chandelier, c’est-à-dire un objet fonctionnel ?

Morrison, designer presque anonyme, n’a qu’un cap : améliorer notre quotidien. Il est le serviteur de l’objet et préfère perfectionner le meilleur, que créer du neuf, pour établir un

design durable.

Ainsi le designer peut être autonome, adopté une position morale et être critique... Il peut

alors renouer avec la matière, expérimenter, travailler artisanalement.

Le modèle standard est remis en cause. ll comprend qu’il a un potentiel créatif en dehors

de l’industrie, que l’industrie n’est pas nécessairement un besoin.

En opposition à l’industrie et à la production en grandes séries, le designer va produire

des petites séries, voir des objets uniques, presque manifestes.

Il peut donc se défaire de la société de consommation par l’artisanat, mais cela peut être

problématique.

Pour réussir en dehors de la société de consommation, il faut être un libre penseur. Puisque que la question de la surconsommation est problématique, de par l’impact écologique, l’obsolescence par le concept de mode, du matériel et de la psychologie... Il faut être designer raisonnable, dans sa vertu et sa morale, adoptant une réflexion artistique aux problématiques actuelles. Il faut trouver des réponses, ne pas être

prisonnier de la mode, ni des injonctions économiques.

Ces libres penseurs sont Morrison, les frères Campana, Ingo Maurer.

Si nous prenons les frères Campana, ils sortent du conformisme, trouvant une alternative "humaine" au mobilier industriel, changeant les idées reçues, et ils voient différemment les objets qui nous entourent en leur donnant une âme, qu’ils soient à l’image de notre

identité, tout en respectant la nature.

Leur banquette Chair, entièrement recouverte d’animaux en peluche amoncelés, leur fauteuil Multidao créé à base de poupées de tissus multicolores, leur canapé Boa ou leur fauteuil Anémone, ou encore leur Disco chair, font références au monde animal et végétal. Ils sont autant d’exemples d’un Arte Povera mélangé à un esprit onirique et joyeux tout en s’inscrivant dans un savoir faire manuel et technique qui joue sur l’aspérité, l’imperfection,

l’irrationnel.

Ainsi, ils créaient une poésie de la vie et ont découvert leur langage : celui de l’erreur, de l’imperfection, de l’irrationnel, de l’imprécision. Ils ont trouvé à la fois leur voie et leur voix,

totalement différente de celles de l’art ou du design.

Il y a donc un rejet de l’industrialisation, qu’il soit assumé ou naissant : naissant, puisque les designers comme Morris veulent sauver l’homme de l’industrialisation, en renouvelant

l’art par les arts, avec notamment le mouvement Arts and Crafts.

Il se produit alors un changement des modes de production, puisqu’on revient à un travail

manuel, collaboratif.

En outre, le designer redevient une figure créative. « Le plaisir de celui qui crée mais aussi

de celui qui est confronté à la création. » Morris, « La société de l’avenir ».

La société de consommation vit

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