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Vérité et politique

Par   •  4 Février 2018  •  5 419 Mots (22 Pages)  •  410 Vues

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D’un point de vue éthique et psychologique la morale éloigne les gens, c’est un facteur de déliaison parce qu’il rompt toute confiance, alors qu’en politique c’est l’inverse la ruse soude le peuple, elle joue sur le paraitre et fais de la scène politique un théâtre, or le peuple aime le spectacle.

Religion :

Chap XVIII du Prince : chapitre « Comment les Princes doivent tenir leur parole ». Si « Alexandre VI ne fit jamais rien que piper le monde » c’est parce qu’il compris que pour conserver le pouvoir il faut savoir « être grand simulateur et dissimulateur ». Il se faisait passer pour vertueux et religieux.

Le Prince a tout intérêt à instrumentaliser la croyance religieuse car la vérité qu’elle dispense n’étant jamais vérifiable elle est aisément manipulable

Machiavel sépare le politique du religieux et enlève à l’État toute substance morale. Dans la mesure où l'homme d’État doit se soucier de la "marche des choses", il n'a pas à s'inquiéter de conformer son action à une norme morale. Il suffirait que cette norme soit contraire aux circonstances pour conduire l’État à sa perte.

Attention aux contre sens :

- Si Machiavel est amené à condamner tout projet politique fondé sur un projet moral et toute réflexion sur la cité idéale. Machiavel ne prône pas pour autant l'immoralisme en politique. Il ne dit pas que les gouvernants doivent opprimer et mentir, mais que dans leurs jugements et leurs actes, ils ne doivent pas tenir compte de considérations morales. (La vérité relève elle de la morale ?)

- Par ailleurs, le réalisme machiavélien n'exclut en rien la possibilité d'une politique morale. La conception de la fortuna, cet élément caractéristique de l'histoire politique ressort avec énergie combien il est trop difficile d'atteindre l'idéal en face de l'hyper résistance que nous rencontrons dans la réalisation effective des choses. Il s'agit là d'une vérité qui doit alerter le politique du grand risque qu'il court.

Platon : Le mensonge, un privilège du pouvoir ?

Depuis la République de Platon, premier ouvrage de philosophie politique de l'Occident, la question du mensonge se trouve au centre du discours sur le pouvoir. Mais une telle question est aussi équivoque, ou mouvante, que celle de la vérité. Dans le livre III de ce dialogue, Socrate récuse les poésies d'Homère et d'Hésiode, en fait toute la culture de son temps, parce qu'elles racontent des « fables mensongères » (muthous pseudeîs) sur les dieux et les héros en corrompant insensiblement la jeunesse. L'éducation des enfants repose en effet sur ces « fables » que les grands-mères racontent, de génération en génération, et ces fables ne sont rien d'autre que des « mensonges ». La rupture de Platon et de la philosophie naissante envers l'ensemble de la tradition sera ainsi consommée. Là où la culture grecque usait du muthos, terme qu'il faut entendre simplement comme une « histoire » ou une « fable », non comme un « mythe » au sens cosmogonique du terme, Platon installe le logos comme parole démonstrative. Il s'opposera désormais au muthos compris, non plus comme une parole de vérité, mais comme un récit illusoire destiné à abuser les hommes et, par là, à affaiblir les liens de la cité. Comme l'a reconnu Nietzsche, c'est depuis Platon que « mythe » a pris le sens péjoratif d'un discours captieux car, en dépit des rares vérités qui s'y mêlent parfois, concède Socrate, ces récits ne sont rien d'autre que des « mensonges » (République, III, 377 a).

Et, pourtant, Platon n'a pas plus tôt évacué les mythes de sa cité idéale, comme il en a expulsé, serait-ce avec les honneurs, Homère, qu'il est contraint de faire volte-face.

Il va non seulement inventer de nouveaux mythes, de la Caverne à l'Atlantide, mais reconnaître que, si le mensonge est inutile aux dieux, il est souvent utile aux hommes, « comme un médicament » pour soigner des malades. On voit là l'ambiguïté : le terme grec pharmakos signifie en effet aussi bien « drogue » que « remède ». Dès lors, c'est aux médecins, et non aux profanes, comprenons aux gouvernants et non aux citoyens, de connaître l'emploi de ce pharmakos qu'est le mensonge pour le bien de l'État tout entier.

Aucun citoyen sera autorisé à mentir aux archontes qui gouvernent la cité ; en revanche, ces mêmes archontes auront le droit, et même le devoir, d'utiliser le « noble mensonge » (gennaîon) pour former les Gardiens des lois et, à travers eux, les autres citoyens (III, 414 c). On leur racontera, par exemple, cette vieille histoire phénicienne selon laquelle tous les hommes sont frères parce qu'ils sont nés, les uns d'or, les autres d'argent, d'autres enfin de fer et de bronze, du sein de leur mère la terre. En d'autres termes, la fraternité des citoyens est expressément présentée comme une « fable » (ton mûthon, 415 c) destinée à assurer la prise du ciment politique dès l'origine, une pure convention qui n'a aucune valeur démonstrative et dont le philosophe n'est pas dupe. Paradoxalement, chez le fondateur de la philosophie et de la réflexion politique, c'est le mensonge, serait-il anobli par Socrate, qui fonde la justice dans la cité et prend ainsi, en sa source même, la place qui devrait être dévolue à la vérité. Et si le mythe est toujours équivoque, la leçon de Platon, elle, ne l'est pas : on ne pourra gouverner les hommes, en vue du bien commun, sans faire appel à la puissance du mensonge compris, moins comme le travestissement de la vérité, que comme le choix d'un récit fondateur qui échappe à toute discussion parce qu'il s'installe, d'entrée de jeu, dans le mythe. La vérité du mensonge, c'est qu'on ne peut éviter de mentir, lorsqu'on est homme, pour se mettre en quête de la vérité.

Dans La République (livre 3), Platon fait du mensonge une pratique légitime du pouvoir :« C'est donc aux gouvernants de l'État qu'il appartient, comme à personne au monde, de recourir à la fausseté, en vue de tromper, soit les ennemis, soit leurs concitoyens, dans l'intérêt de l'État ; toucher à pareille matière ne doit appartenir à personne d'autre. »

Au contraire, tout particulier qui viendrait à mentir aux gouvernants serait coupable d'un forfait et devrait être châtié. Le mensonge

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