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Le temps nous menace-t-il ?

Par   •  9 Novembre 2018  •  1 502 Mots (7 Pages)  •  582 Vues

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Second paragraphe :

Notre expérience du temps est celle du changement des êtres ou des choses. Pour l’homme ça se traduit par la dégradation de la forme physique, l’apparition de maladies dans la plupart des cas… Or il y a en l’homme une horreur de ce qui se « détruit ». Pourtant l’âge permet d’acquérir de la sagesse, de l’expérience et de devenir plus mûr. Il associe cependant chaque moment qui passe à une approche de l’échéance : la mort. Mais n’est-ce pas parce-que la vie est limitée qu’elle a une infinie valeur ? La vie de l’homme est menacée dans la mesure où il y a une urgence de vivre. Mais sans celle-ci, que ferions-nous ? Ne reporterions pas nos actions à demain ? L’écoulement du temps a donc quelque chose de profondément stimulant qui nous encourage à vivre pleinement. Le temps est en ce sens une menace parce-que l’homme désire vivre éternellement mais qu’il va mourir. Si tout était eternel, si tout demeurait identique, il n’y aurait plus de nouveauté, plus de diversité, plus de mouvement. Le monde serait dénoué de tout sens, de tout but. L’existence de l’homme précède son essence, c'est-à-dire qu’il est d’abord et qu’il se définit ensuite par ses choix, ses actes. L’homme est pleinement responsable de ce qu’il est. Il est libre de choisir ce qu’il sera dans l’avenir. C’est donc dans le temps que l’homme se construit. N’est-ce pas là, la condition de sa liberté ? Que deviendrait-il hors du temps ? L’homme anticipe parce qu’il sait qu’il va mourir. Si l’idée que se fait l’homme de la mort est péjorative, c’est parce que cela correspond à la fin de son existence. Il n’y a rien au-delà de ces mots dont nous pouvons faire l’expérience, puisque cela reviendrait à exister encore. Or, nous ne savons pas ce qu’est réellement la mort. Et c’est en raison de cet inconnu total que l’homme s’en remet à son imagination et voit en elle la plus grande des menaces. Mais comme le dit Epicure : « Familiarise toi avec l’idée que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or, la mort est la privation complète de cette dernière […]. Ainsi, celui des maux qui fait le plus frémir n’est rien pour nous, puisque tant que nous existons, la mort n’est pas, et que la mort est là où nous ne sommes plus. » La crainte de la mort est inutile puisque lorsque nous existons elle n’est pas là, et nous n’existons plus quand elle est là. Selon Epicure, cela reviendrait à dire que derrière l’idée de la mort, se cache une perte de sensations. Alors pourquoi souffrir à l’avance d’une souffrance qu’est la mort, qui n’existe pas ? La mort en elle-même ne fait pas souffrir. C’est les conditions dans lesquelles on meurt qui peuvent amener à la douleur ou la mort de nos proches qui amènent au deuil. Mais supposons que la mort soit comme ce qu’on en dit, qu’elle soit le lieu où tous les morts habitent, la mort ne serait-elle pas bienfaisante ?

Conclusion : Le temps est le tissu de notre existence dans la mesure où l’homme se projette vers ce qui n’est pas encore en se souvenant de ce qui fut. Si bien que, comme le dit Pascal dans son œuvre Pensées « nous errons dans les temps qui ne sont pas les nôtres ». Nous ne pensons jamais au présent, à tel point que nous ne vivons pas, mais espérons de vivre. C’est pourquoi à travers « Carpe diem » Horace nous invite à cueillir le jour présent sans se soucier du lendemain dans son poème (Ode, I, 1 vers 8) afin d’en tirer toutes les richesses possibles, sans penser à la mort. Cependant faut-il vivre comme si nous ne devions jamais mourir ? La condition de notre bonheur se trouve-t-elle dans l’insouciance face à la mort ? Ou bien dans l’acceptation de notre finitude afin de profiter du temps qui nous est accordé ? L’être temporel qu’est l’homme a le choix. Le temps n’est pas par nature une menace. Selon moi, c’est la manière dont l’homme le perçoit qui en fait une menace ou non.

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