Faut-il mettre des bornes à l'échange ? dissertation de philosophie à partir de l'étude des "Politiques" d'Aristote
Par Ramy • 3 Décembre 2018 • 2 102 Mots (9 Pages) • 695 Vues
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citoyens de pouvoir échanger afin de répondre aux besoins de la famille.
Par ailleurs, un marché sans bornes devient injuste. De fait, il creuse les inégalités, le plus riche peut faire pression sur celui qui a moins, le mettant ainsi en situation d’infériorité face à l’échange. Ainsi, comme le démontre Aristote au chapitre 11, un individu en situation de monopole peut choisir ses prix et s’enrichir. Il y a donc des inégalités qui se créent à cause du marché. Ce qui conduit à l’exclusion des plus pauvres du marché, les privant ainsi de la vie en société. Cela fonctionne aussi sur le marché du travail, étant donné le contexte de chômage, les entreprises ayant peu de places à offrir et beaucoup de demande, les futurs employés sont contraints d’accepter des conditions qui vont en leur défaveur, ils ne sont pas à égalité face à l’échange proposé. Ce point nous amène à nous demander si tout est échangeable et donc monétisable.
Il y a des biens, nécessaires à la survie, que l’on ne peut vendre, car on peut les considérer comme des droits. Par exemple les organes. On peut alors les donner, il y a échange mais non marchand. Car l’échange marchand en plus d’exclure les plus pauvres, peut contraindre certains à vendre ce qu’ils possèdent en l’occurrence un organe, ou même un corps par exemple la prostitution, pour de l’argent leur permettant ainsi de vivre. Le marché est donc sur bien des aspects injustes. Il est important de choisir un moyen d’échange adapté au bien en question. La monnaie ne doit pas réguler tout, il faut y mettre des bornes, sinon la société n’est plus morale et éthique et elle risque de mal fonctionner. C’est pourquoi l’état intervient de façon à ce que certaines choses restent publiques ou bien de façon à ce que certains échanges soient illégaux. Le libéralisme total conduit par bien des aspects à la loi du plus fort, et donc à l’effondrement de la société. L’échange doit donc être encadré par des institutions. Mais alors nous pouvons nous demander qui est légitime à établir ces règles et à quelle échelle doit-on encadrer l’échange ?
En effet, il apparaît évident que l’état est là pour encadrer l’échange. Pourtant l’échange ayant pris une telle dimension, il met en relation des groupes hétérogènes qui n’en ont pas la même vision ni la même façon de l’encadrer. Par ailleurs Aristote soulève une question importante : « l’art d’acquérir des biens dépend-il du chef de famille et de l’homme politique, ou au contraire faut-il que ces biens soient déjà à leur disposition ? »
L’échange idéalement devrait être régulé à l’échelle à laquelle il s’applique. Cependant, que ce soit à l’échelle d’une nation ou même de la planète, la société est composée de communautés ou micro sociétés hétérogènes. Parfois l’échange est régulé au sein même des différentes communautés. La régulation doit se faire à plusieurs échelles, et elle doit être adaptée à chaque fois aux besoins, en fonction des ressources disponibles, et de leur répartition. De fait les ressources et les besoins ne sont pas les mêmes au sein d’une famille ou d’un village qu’au sein de la planète. L’homme politique ou même le chef de famille doit répartir les richesses de façon à ce que personne n’en manque. Les moyens utilisés pour réguler l’échange peuvent donc différer selon l’échelle appliquée. Le marché n’étant pas le seul et unique moyen. Cependant il faut que les bornes appliquées ne soient pas trop contradictoires d’une échelle à l’autre.
La question soulevée par Aristote, est judicieuse car elle questionne sur le rôle du chef et des institutions. Doivent-ils fournir et veiller à ce que chacun puisse vivre ou bien répartir en fonction des ressources disponibles, ainsi la production serait le rôle des subordonnés et l’état leur déléguerait la responsabilité en cas de manque ? La question de la gestion des ressources est d’autant plus judicieuse à l’heure où la nature n’est plus capable de nous donner autant qu’avant car les ressources sont mal exploitées. Qui doit donc limiter l’échange de façon à conserver des ressources naturelles pour le bon fonctionnement de notre société ainsi que celui des générations futures ? Considérons-nous que l’Etat est le seul à devoir mettre des bornes à l’échange de façon à ce que celui-ci soit durable et le plus juste possible ? Ou bien, peut-être que chaque individu, famille, collectivité, Etats, ou même à l’échelle planétaire, chacun doit se poser des limites morales à l’échange, au marché à la création de profit. Peut-être que les institutions ne doivent pas être les seules à mettre des bornes à l’échange. Chaque individu possède une conscience et chacun est responsable de ce qu’il échange et les impacts des échanges à toute les échelles ne doivent pas être négligés, car chaque objet acheté peut avoir un impact sur l’environnement, l’éthique, ou la vie d’un autre individu. Ainsi c’est peut-être à chacun de réguler l’échange à son échelle afin de produire éthiquement et de fournir aux institutions les biens afin qu’elles les répartissent en limitant là encore l’échange quand il le faut. L’art d’acquérir des biens de façon éthique appartient à tous, à divers degrés en fonction des échelles de la société.
Pour conclure, l’échange, même s’il est naturel, légitime et nécessaire à toute société, doit être régulé de façon à ce que les richesses perdurent et que le bien de la société passe avant les intérêts individuels. Tout le monde a une part de responsabilité dans ce qu’il échange et doit s’autolimiter, à toutes les échelles, lorsque cela est contraire aux lois de la nature et au bien-être de la société. L’Etat et les institutions, sont là pour inciter via des lois, des taxes, les gens à échanger de façon éthique, mais aussi de faire en sorte de réduire les inégalités en répartissant au mieux les richesses fournies par la nature et la société. Le libéralisme total est donc très dangereux, néanmoins, échanger étant la base de toute société il faut que les individus continuent de jouir d’une certaine liberté de façon à répondre à leurs besoins. Il faut trouver un juste milieu entre trop de bornes et pas assez. Mais l’échange doit être contrôlé, pour servir les intérêts de tous. Un échange mal géré débouche sur l’instauration de la loi du plus fort. Par ailleurs, l’échange au sens plus large peut s’entendre aussi vis-à-vis de la nature. L’homme a toujours tout pris à la nature, il serait peut-être temps d’en prendre soin et de rendre l’échange
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