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Explication de texte de Descartes (Méditations métaphysiques, II, extrait)

Par   •  2 Octobre 2018  •  1 116 Mots (5 Pages)  •  760 Vues

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autre voie : il analyse la croyance qu’il avait jusqu’ici de lui-même. Quand on songe à soi, on songe d’abord à son propre corps et à ses particularités, et aussi à son esprit, caractérisé ici par ses attributs essentiels : se nourrir, marcher, éprouver des sensations, penser. Où se trouverait ici le moi véritable ? Non seulement Descartes a précédemment montré ce qu’il fallait comprendre par étendue la propriété commune de tous les corps, mais il a déjà rejeté l’existence des corps comme n’étant pas absolument certaine, dans la Première Méditation. Tout se passe comme si, à ce stade du raisonnement, le corps n’avait aucune sorte de réalité, puisque sa réalité doit être considérée comme douteuse.

Nous sommes toujours ici sous l’hypothèse du malin génie précédemment introduite par Descartes. Après les attributs du corps, Descartes, dans l’esprit du dualisme qui est le sien, s’oriente maintenant vers l’examen des attributs de l’âme. « Les premiers -attributs de l’ame- sont de me nourrir et de marcher » (l.78-79). Cette affirmation peut surprendre le lecteur d’aujourd’hui. C’est que Descartes, conformément à l’examen auquel il procède de ses anciennes opinions, ou croyances, suit ici les conceptions aristotéliciennes et scolastiques auxquelles il était aguerri et qui lui ont été appris. De tels attributs doivent à l’évidence être rejetés, car manifestement liés à l’existence des corps, précédemment affirmée comme étant douteuse.

« Un autre est de sentir » (l.80). De même que pour ce qui était des autres attributs de l’âme antérieurement évoqués, l’existence d’une âme sensitive, dans le vocabulaire aristotélicien, doit elle aussi être rejetée. Outre le fait que la capacité à éprouver des sensations est manifestement liée à la possession d’un corps, on peut très bien éprouver des sensations, par exemple en rêve, se rapportant à des objets absents : là se trouve une cause possible d’erreur, ce qui conduit en toute logique à affirmer que cela aussi est douteux : nous ne sommes pas ce que nous ressentons.

Reste par élimination, parmi les attributs de l’âme, la seule faculté intellectuelle, définie comme l’acte même de penser. «Elle -la pensée- seule ne peut être détachée de moi » (l.84). On peut se concevoir comme ne ressentant plus rien, comme dans la situation de ces polytraumatisés qui survivent grâce à leur conscience, et aussi la volonté de vivre en dépit de l’état de leur corps. Mais on ne saurait se concevoir sans pensée, c’est-à-dire ici sans conscience, car, au moment où on doute, et pour autant qu’on ne cesse pas, même un court instant, de douter, on pense, et on en a nécessairement conscience alors.

« je ne suis donc, précisément parlant, qu’une chose qui pense »(l.89). C’est là le point vers lequel tendait toute la démonstration précédente. Mais ici, penser ne signifie pas seulement concevoir intellectuellement, mais avoir conscience ; la pensée s’étend ici au sens large, comme identique à la conscience qui accompagne toutes nos représentations. Ici, le mot « chose » n’est pas à comprendre comme synonyme d’objet matériel ; il ne s’agit pas ici d’une substance qui resterait encore à connaître, caractérisée par la propriété ou l’attribut de la pensée. Mais manifestement Descartes affirme de lui-même être identique à cet acte même de la pensée qui le constitue en propre, sans qu’il soit nécessaire de supposer un quelconque substrat caché qui serait caractérisé par l’activité

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