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Etre conscient de soi est-ce être maître de soi?

Par   •  13 Juin 2018  •  2 578 Mots (11 Pages)  •  883 Vues

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unique les différences qui le composent. Ainsi, peut-on dire que nous maîtrisons notre « moi », même s’il n’y a pas de moi unique ? Et qu’en est-il de ses processus psychiques qui ont lieu dans notre esprit sans même que nous le sachions et sans que nous puissions les maîtriser ? Sommes-nous réellement maître de nous-même dans ces conditions ?

II. Remise en cause de cette maîtrise

Ainsi, à un second niveau d’analyse, cette maîtrise de nous même peut-être remise en cause : pour que nous puissions nous maîtriser il faudrait déjà que nous ne soyons qu’un, qu’il n’y ait qu’un seul moi, unique, ce qui n’est pas le cas : nous sommes différents selon notre état d’esprit, notre passé, le milieu dans lequel nous évoluons...

Tout d’abord, il apparaît que nous ne sommes pas maîtres de nous mêmes puisque ce que nous sommes dépend de nos perception. Comme le dit Hume dans son Traité de la nature humaine : « aussi longtemps que je suis sans conscience de moi, on peut dire que je n’existe pas. » Ainsi, nous existons parce que nous voyons, nous entendons, nous sentons, nous apprenons des choses. Si nous n’avons plus accès à tout cela, si nous n’avons plus de perceptions, comme lorsque nous dormons profondément par exemple, nous n’existons pas, nous ne sommes rien. Nous ne pouvons donc pas nous maîtriser, puisque nous n’existons : pour pouvoir maîtriser notre nous, il faudrait que nous existions, ce qui n’est pas le cas quand nous n’avons aucune perception.

Dans une toute autre idée, c’est Nietzsche qui remet en question la maîtrise que nous pourrions avoir de nous même, en annonçant dans l’Aurore, que « ils vivent tous dans un brouillard d’opinions impersonnelles ou à demi-personnelles et d’appréciations de valeurs arbitraires ». Il veut ici dire que ce dont notre conscience de nous même dépend de ce que les autres pensent de nous même. On se fie à leurs attentes, on essaie de les combler et on s’identifie à ce qu’ils nous disent. Ainsi, s’ils nous voient comme un bon basketteur par exemple, nous allons penser que nous sommes un bon basketteur, mais cela ne viendra pas de nous, ce sera l’opinion d’un autre que nous nous serons réapproprier. Ainsi, nous ne choisissons pas qui nous sommes. Si l’autre nous voit comme un bon basketteur alors que nous préférerions être une ballerine, nous ne pouvons pas nous revendiquer comme une ballerine, puisque ce que nous pensons dépend des autres. Il nous pense bon basketteur, nous sommes donc basketteur, et pas ballerine. Nous n’avons donc pas de maîtrise de nous-même : si vraiment nous nous maîtrisions, nous n’aurions pas laissé le jugement des autres nous définir et nous nous serions décrit comme une ballerine.

Par ailleurs, nous ne nous maîtrisons pas non plus puisque la conscience est déterminée par ce qui nous entoure, comme l’annoncent Marx et Engels, « ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience ». On ne maîtrise donc pas qui on est, on le fruit de conditions matérielles économiques comme le travail, le salaire, le logement... Notre conscience n’est donc pas autonome, elle est la conséquence d’éléments qui ne dépendent pas de nous. Comme nous ne maîtrisons pas ces éléments, nous ne maîtrisons pas notre conscience non plus et nous ne nous maîtrisons pas, nous ne sommes pas maître de nous-même.

Enfin, l’inconscient, révélé par Freud, est une preuve que nous ne nous maîtrisons pas. En effet, nous ne contrôlons pas notre inconscient. Des choses se produisent, des processus psychiques ont lieu dans notre inconscient sans que nous puissions les en empêcher. Pire, il arrive même que nous ne les comprenions pas, comme c’est le cas des rêves par exemple, ou des actes manqués. Nous ne maîtrisons pas ces éléments, nous pouvons tenter de les analyser après, mais nous ne pouvons pas par exemple, décider de ce dont nous voulons rêver. Ainsi, comme le dit Freud dans ses Essais de psychanalyse appliquée « le moi n’est pas maître dans sa propre maison », nous ne nous contrôlons pas nous même, nous ne sommes pas maîtres de nous mêmes.

Ainsi, il apparaît que notre maîtrise de nous même était illusoire. De nombreux éléments ne dépendent pas de nous et influent tout de même sur notre conscience, ce qui nous retire toute possibilité de rester maître de nous même en toutes circonstances. Cependant, est-ce une raison suffisante pour nous dénier toute maîtrise de nous même ? Ne peut-on pas garder une certaine maîtrise de nous même, même si elle n’est pas entière et totale, comme nous l’avons cru dans un premier temps ?

III. Ces éléments inconscients nous retirent-ils toute maîtrise de nous même ? Ou peut-on garder une certaine maîtrise quand même ?

Ainsi, au dernier niveau d’analyse, il apparaîtrait que la conscience nous permette une maîtrise limitée de nous-même.

En effet, nous pouvons tout d’abord récupérer une certaine maîtrise de nous-même grâce à des philosophes comme Alain, ou Sartre, qui remettent en cause l’hypothèse de l’inconscient. Selon eux, l’inconscient ne serait qu’une excuse pour se décharger de tout ce que nous ne voulons pas assumer, ce dont nous avons honte. Mettre tout cela sur le compte de l’inconscient nous permettrait de ne pas culpabiliser. Mais, dire cela reviendrait à dire que nous pouvons maîtriser l’inconscient en quelque sorte : nous choisissons délibérément ce que nous voulons « oublier », taire, nous décharger. Ainsi, pour Alain, l’inconscient est un « personnage mythologique », il n’existe pas, il n’y a rien d’insurmontable qui ne puisse être contrôlé. L’homme doit progressivement apprendre à dominer son corps, à accepter et dominer ses instincts, il sera ainsi capable de lutter contre l’inconscient : nous retrouvons ainsi une certaine maîtrise de nous même, puisqu’on lutte contre ce que nous ne pouvons pas maîtriser. En effet, si on voit la peur par exemple, comme quelque chose d’insurmontable, qu’on ne comprend pas, on se laisse dominer. Or plus notre peur est grande, et plus il est difficile de s’en débarrasser. Alors que si on cherche la source de notre peur et qu’on essaye de la surmonter, on devient davantage maître de nous-même.

De plus, nous redevons maître de nous même grâce à la responsabilité élargie. Il s’agit d’analyser les traces que nous livre l’inconscient pour éviter les répétitions sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle, par exemple le fait d’être attiré par les filles qui louchent,

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