Enseignant de philosophie
Par Junecooper • 28 Décembre 2017 • 4 653 Mots (19 Pages) • 692 Vues
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Cependant, si la rentabilité est le critère économique qui dirige l’allocation des ressources aux besoins[2], l’économie, prétentieuse d’une autonomie, pose problème et interpelle, de ce fait, l’éthique : « (…) dans un monde désormais régi par la logique planétaire et autonome de l’économie, la marge d’action politique était plus réduite qu’on ne l’avait cru. Sans lois ni volonté, l’économie impose à toute volonté sa loi, qui est de laisser seule libre la volonté individuelle de faire ses affaires »[3].
En effet, les opérateurs économiques, intéressés au plus haut point par le profit, recourent à la publicité grâce et par laquelle ils espèrent gagner l’adhésion de leurs clients à leurs produits. Si ce recours à la publicité est bénéfique à l’opérateur économique parce qu’il atteint son objectif, il est cependant négatif pour le consommateur qui est manipulé. Précisons et confortons nos propos avec cette citation tirée de l’article Publicité[4]: « La publicité donne l’avantage au commanditaire sur le consommateur : le consommateur reçoit passivement une information biaisée (la publicité), qui peut flatter ses intérêts et ses goûts, mais qui le fait en fonction des intérêts du commanditaire, alors que grâce à des sondages et études de marché (…) le vendeur détient une information claire et objective sur le comportement du consommateur, ses désirs, ses critères de choix, etc. »[5]
La liberté dont jouissent les agences publicitaires acquises à la cause des commanditaires ou opérateurs économiques est telle que la publicité porte sur des produits peu recommandables, notamment les boissons alcooliques ou les cigarettes. D’ailleurs, l’on se souvient notamment de la célèbre phrase inscrite sur l’emballage de la cigarette : ‘‘Fumer est préjudiciable à la santé’’ qui n’empêche pas curieusement les consommateurs d’en disposer et de la déguster à leur guise.
S’il est vrai que les employés sont tenus à remplir leurs devoirs vis-à-vis de leurs employeurs, ils aimeraient aussi jouir de leurs droits vis-à-vis d’eux tout comme les employeurs ont des obligations vis-à-vis de leurs employés et des droits vis-à-vis d’eux. Or, si chacune des parties s’accroche résolument à ses droits sur lesquels il ne saurait transiger, les obligations ne sont pas honorées avec la même ardeur. Ce qui est souvent source de tant de malentendus, de conflits et de crises entre les deux parties.
Comme on le voit, de graves problèmes portant atteinte à la dignité même de l’homme se posent avec acuité dans le secteur économique. Il suffit, pour s’en convaincre, de penser seulement aux maigres salaires payés aux employés qui ne peuvent subvenir aux besoins de première nécessité et deviennent au jour le jour contre performants dans la production de biens et services. C’est là une preuve suffisamment éloquente de grave violation de droits humains. Dans le même ordre d’idées, il sied d’indiquer sinon de dénoncer l’exploitation de mineurs par des entrepreneurs si cupides qu’ils profitent de l’innocence de ces enfants pour tirer le plus de profit possible de la production dont ces derniers sont pourtant les artisans.
2. La publicité remise en question
De sérieux problèmes qui touchent aux mœurs se posent dans la réalisation de l’activité économique. En effet, dans ce domaine de prédilection qui dévoile l’amoralité de l’économie, il vaut la peine que soit auscultée la publicité, puisqu’il s’agit bien d’elle, en vue d’en réduire les incidences sur le plan de l’éthique quand bien même il serait indéniable que la publicité contribue énormément et à coup sûr dans le développement du marketing pour des résultats escomptés. Malgré l’importance de la publicité dans le marketing, il faut néanmoins souligner que les méfaits de celle-ci sont tels que ne pas y faire attention serait une attitude à la fois coupable et complice.
Aussi voudrions-nous, dans le contexte de conscientisation de la société devant ce problème, nous imprégner des leçons que recèle l’article Publicité[6] : au niveau du contrôle des abus de la publicité, celle-ci verse dans une sorte de libéralisme, entendu que la réglementation en la matière est parfois absente ou que l’autorité censée s’en occuper est tout simplement complaisante. Et pourtant, l’abus est bien établi, car il y a bien mensonge lorsque le message publicitaire de forme monologique prend la forme d’un dialogue. En démontre le passage suivant : « le discours publicitaire ne peut donc donner qu’une apparence d’échange à sa structure fondamentalement monologique (…) Appelant fictivement le public à contribuer à l’élaboration de son contenu, convertissant sa stratégie de persuasion en une stratégie d’autoséduction, le discours publicitaire laisse croire qu’il brise la règle fondamentale de non-réponse de tous les médias »[7]. Au niveau du contenu, la publicité utilise des stéréotypes traditionnels comme la femme afin de provoquer pour mieux se graver dans les esprits des clients ou consommateurs. De plus, pour être efficace, la publicité use de sentiments ou instincts forts. Ce qui pousse Georges Bernanos à affirmer que les sept péchés capitaux motivent le choix de la publicité ainsi qu’il est plus facile d’être vicieux que d’être vertueux[8]. Au niveau de l’écologie la publicité a ceci de fâcheux qu’elle matraque à outrance le consommateur, au téléphone ou dans la rue notamment, sans le moindre souci de tenir compte des impacts environnementaux qu’elle entraîne. Au niveau de sa nature intrinsèque la publicité est néfaste en elle-même. D’une part elle est une simple distraction, c’est-à-dire une futilité au sein des choses importantes. A ce sujet, les propos suivants sont bien expressifs du caractère nuisible de la publicité telle qu’elle s’opère pour favoriser la consommation de produits comme les boissons alcooliques dont les abus affectent la santé des consommateurs : « La publicité participe (…) d’un système économique vicieux, érigeant en norme sociale la consommation de biens inutiles, et des comportements compulsifs et sédentaires nuisibles en général à la santé physique et mentale des populations »[9]. N’est-ce pas que la publicité soit nuisible lorsqu’elle est « destinée, pour utiliser un terme militaire, à servir d’artillerie qui arrose les tranchées ennemies. »[10] D’autre part la publicité manipule l’esprit du consommateur qui en est la cible. La manipulation et le matraquage dont les consommateurs sont victimes par la publicité pour des intérêts égoïstes des entrepreneurs
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