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Le sujet, obscure à lui-même ?

Par   •  10 Novembre 2018  •  2 458 Mots (10 Pages)  •  465 Vues

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RQ : Pour le moment nous voyons que les sciences humains cherchent à ressembler le plus possible aux sciences de la nature qui usent de "l'explication", plus tard nous verrons que leur régime intellectuel est en fait spécifique et relève davantage de la "compréhension" ou de l'"interprétation" .(L’interprétation)

Toutefois, dans la mesure où l'individu humain est infiniment plus complexe que n'importe quel objet matériel ou phénomène physique, son étude nécessite une multiplicité d'approches, de perspectives différentes et complémentaires. C'est ainsi qu'on explique le passé humain (l'histoire), le rapport de l'homme à l'espace (la géographie), le "fonctionnement" de l'homme en société (la sociologie), le fonctionnement des échanges humains (l'économie), de l'esprit humain (la psychologie), de la langue (la linguistique), des différentes cultures (l'ethnologie)... Dans toutes ces sciences humaines on prendra modèle sur les sciences de la nature, plus exactes, et on utilisera des "documents" issus autant que possible de l'observation, qu'ils soient des schémas, des chiffres, des statistiques ... pour trier, classer, hiérarchiser les informations. Leur démarche consiste à réinscrire pleinement l’homme dans son environnement et son contexte, afin de montrer à quel point celui-ci pèse sur lui et le structure. Il s'agit donc bien de mettre au jour l’ordre qui régule les activités humaines.

B - Le déterminisme social ...

Pour Bakounine, l'idée philosophique de l'Homme n'est qu'une pure abstraction, une fiction, les hommes n'existent que dans leur réalité historique, culturelle et sociale. La sociologie doit donc s'attacher à observer l'homme réel, donc l'homme en société : l'individu dans la masse, et là c'est une tout autre vision de l'homme qui apparaît. Selon Bakounine, la majorité des hommes ne prennent jamais de réelles décisions, n'ont pas de volonté, d'initiatives ni d'idées propres : ils suivent simplement un chemin en partie tracé par leurs prédécesseurs (parents, éducateurs... ) et leur histoire sociale, ainsi que les idées dont ils héritent. Il est alors le produit de la société qui est la sienne, et de la place qu'il occupe au sein de cette société (La société). Personne n'échappe absolument donc à cette incapacité de penser par soi-même, et seule l'illusion de cette liberté de penser et d'agir comme bon nous semble est réelle. En effet la thèse de Bakounine est que l'homme croit agir librement alors que sa volonté est déterminée par un ensemble de paramètres politiques, sociaux, religieux, culturels, historiques, géographiques, matériels... Autrement dit : la liberté du sujet n'est qu'un fantasme et les philosophies de la conscience sont fondamentalement "naïves". La volonté n'est pas libre, contrairement à ce qu'elle voudrait croire, elle ne peut s'autodéterminer ou décider librement pour elle-même, elle est soumise à un déterminisme rigoureux dont elle ignore le plus souvent la puissance. (La liberté)

Bakounine réduit donc la liberté à une pure illusion. Je ne fais que "croire" en ma liberté, mais en réalité, je subis des déterminations de toutes sortes. La société, et surtout la place que j'occupe dans cette société ( suis-je "patron" ou "fils de patron" ? suis-je "salarié", "simple employé" ou fils d'employé ? suis-je immigré, exploité, dominé ? Vis-à-vis de qui suis-je naturellement respectueux ? Et qui me considère comme son semblable ? ) pèse de tout son poids sur moi, mes idées, mes choix, mes goûts, mes orientations, mon avenir. Le projet de la sociologie est de dégager les mécanismes de cette emprise du social sur l'individu. L'individu est donc toujours déterminé par son environnement, c'est-à-dire que les comportements humains sont le résultat d'un conditionnement social rigoureux, et donc sont d'une certaine manière "nécessaires" et non pas "libres" (nécessaire/contingent /possible).

Exemples : - notre rapport aux objets et la façon dont nous habitons dépend du milieu social duquel chacun est issu (bibelot, antiquité, dématérialisation).

- la mobilité sociale des jeunes adultes est assez faible, voire très faible selon la profession de leurs parents.

- "dites-moi ce qu'il y a dans votre caddy et je vous direz qui vous êtes"

- on n'a jamais choisi entre Mozart ou Lady Gaga

Tout ce que je crois être mien, me définir en propre, est le plus souvent non pas le reflet de ma singularité et de ma liberté, mais le résultat d'un déterminisme rigoureux ou le produit de certaines habitudes de penser, de vivre, d'idées transmises de génération en génération via la société (l'école, le lycée, les éducateurs, les informations TV - presse - radio, les stratégies du marketing, la publicité... ). Et la sociologie s'attache à mettre au jour ces “habitus” qui me caractérisent, lesquelles correspondent aux pratiques et aux usages typiques de la catégorie sociale qui est la mienne.

RQ : Si le "déterminisme" peut se définir comme une sorte de "négation de la liberté", du moins de la liberté totale de la volonté, il y a toutefois deux types de déterminisme :

1° - la fatalité ou déterminisme transcendant = une force qui s'exerce "d'en haut". Ce peut être une force anomyme, hasardeuse et indifférente comme le destin ou bien Dieu, autrement dit, la Providence qui elle, guide mes pas et mes actions de façon intentionnelle.

2° - le déterminisme immanent = ce sont des forces qui s'exercent de l'intérieur, venant du "sol" (la géographie, le climat, la démographie, ...) ou des conditions de vie matérielles de mon existence, forces sans projet dont j’ignore l’existence, qui sont les véritables causes de mes comportements, pensées, émotions.... (transcendant/immanent)

C - ... liberticide ou libérateur ?

Les enjeux moraux et philosophiques de cette conception qui souligne le conditionnement social de l'homme sont considérables : l'individu n'ayant plus de choix réel puisque chacune de ses décisions est le résultat quasi logique d'un

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