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ETUDE DE LA LETTRE A MENECEE - EPICURE

Par   •  1 Mai 2018  •  4 697 Mots (19 Pages)  •  553 Vues

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Mais, au paragraphe suivant, Epicure s’oppose à l’opinion, c’est-à-dire à la religion populaire, quant à la nature des dieux. Il retourne les superstitions populaires contre elles-mêmes en affirmant que ce sont elles qui sont véritablement impies. Il inverse leur définition de l’impiété. Pour lui, être impie, ce n’est pas rejeter les dieux de la croyance populaire, c’est attribuer aux dieux les caractéristiques que leur prête cette croyance. En effet, l’opinion a sur l’essence des dieux de faux préjugés et non des prénotions, vraies. Epicure dénonce comme une superstition anthropomorphe le fait de croire que les dieux punissent les méchants et récompensent les bons. On peut donc penser que d’après lui les dieux ne s’occupent pas des affaires humaines, il n’y a pas de destin.

La critique d’Epicure se fonde sur la distinction entre la prénotion vraie que l'on a de la divinité et les opinions fausses au sujet des dieux. D’un côté Epicure nous appelle à suivre l’intuition que nous avons concernant l’existence des dieux (correspondant à une prénotion considérée comme critère de la vérité) et de l’autre il dit qu’il faut nous défaire des opinions populaires à propos de ces dieux qui ne seraient que des préjugés erronés. Une opinion n’est donc pas une intuition.

3. Second remède pour être heureux : ne pas craindre la mort (3°et 4°§, 125 à 127) voir aussi explication pp.101 à 104

Ce moment interroge la question de la mort sous l’angle de l’effet qu’elle produit sur les hommes, c’est-à-dire la peur. Le problème est de savoir quelle attitude philosophique adopter face à la mort, ce qui est fondamental du point de vue des conséquences éthiques, sur le sens de l’existence.

Selon Epicure, la mort n’est rien pour nous donc elle n’est pas à craindre car elle constitue un faux problème. Cette connaissance de la nature de la mort permet de jouir de la vie limitée dans sa durée.

Epicure s’attaque donc aux deux motifs qui nous font craindre la mort : la peur de la souffrance qui pourrait l’accompagner, et le fait d’être privé des plaisirs de la vie.

NB : plus loin, dans le troisième remède, il précisera qu’il s’agit de jouir de la vie en distinguant raisonnablement les désirs.

Plan : D’abord, Epicure démontre par un syllogisme que la connaissance de ce qu’est la mort nous enlève le désir d’immortalité et nous rend capable de jouir de la vie car la perspective de la mort n’est pas effrayante (jusqu’à «hors de la vie il n’y a rien de redoutable »). Puis, il en déduit que la crainte de la mort est sans objet et justifie par un raisonnement sa thèse selon laquelle la mort n’est rien (jusqu’à « ne sont plus »). Enfin, il oppose l’attitude de l’opinion à celle du sage.

a) Le syllogisme développé par Epicure s’appuie d’abord sur une prémisse majeure qui fait de la sensation le critère du bien et du mal. Dans une perspective hédoniste, alors que le plaisir est synonyme de bien, la douleur est elle vue comme le mal.

Ensuite, la prémisse mineure affirme elle que la mort est privation de sensibilité, absence de sensation.

Par conséquent, nécessairement à partir de ces hypothèses, la mort n’est ni un bien ni un mal, c’est-à-dire rien et il est possible de jouir de la vie sans avoir le désir vain de ne pas mourir, parce que la vie n’a plus rien d’effrayant pour qui prend conscience que la perspective de la mort n’est pas à craindre.

Pour Epicure, la disparition de la crainte de la mort nous guérit donc de toutes nos craintes.

On peut comprendre que cela guérisse de la crainte des dieux : les croyances au sujet de la vie après la mort ne sont qu’illusions produits de notre imagination. Les descriptions de l'Hadès, que l'on trouve chez Homère, où les âmes errent dans le royaume des ombres accablées par la tristesse ne sont que l'expression de nos craintes face à la vie présente. Il n'y a donc pas de vie après la mort, pas de châtiment pour ceux qui ont commis des actes immoraux, l'enfer est une pure fiction. Il n'y a de vie que terrestre. Pour Épicure la mort n'est rien, la vie est tout. Le matérialisme exclut toute transcendance extérieure, supérieure ou postérieure à la vie elle-même. S'il y a opposition entre bien et mal, ces valeurs sont uniquement du côté de la vie. Le mal, la souffrance n'étant pas liés à la mort, celle-ci n'est pas effrayante et toute vie se termine donc nécessairement par la cessation de la souffrance.

b) Epicure s’attaque donc directement à l’opinion fausse qui dit qu'on doit avoir peur de la mort, et souffrir à son approche. Pour lui, c’est une crainte inutile et qui ne porte sur rien compte tenu du fait que la mort est absence de sensation donc de trouble.

Alors Epicure reprend sa thèse selon laquelle la mort n’est rien pour nous qu’il légitime cette fois par un raisonnement : quand nous sommes vivants, la mort n'est pas là donc ne nous concerne pas ; et quand elle est là nous ne sommes plus, donc elle ne nous concerne plus. La mort ne peut donc être l’objet d’aucune pensée claire, c’est un faux problème : ou bien j’existe et je n’ai par conséquent pas encore rencontré la mort, ou bien la mort est déjà là, mais alors c’est moi qui ne suis plus présent pour m’en apercevoir ! On ne peut à la fois être en vie et ne pas être en vie. Comme le soulignera Jankélévitch (20°s.), « la première personne du singulier ne peut conjuguer « mourir » qu’au futur ». Celui qui dit en effet « je meurs » est vivant, puisqu’il se voit mourir ; sa parole même dément ce qu’elle proclame ! Parce qu’elle ne peut faire l’objet d’aucune expérience possible, la mort est l’impensable par excellence.

c) Alors que la multitude se comporte de façon contradictoire face à la perspective de la mort (tantôt la redoutant tantôt l’espérant), le sage épicurien est plus cohérent : fort et heureux, chez lui la somme des plaisirs l'emporte toujours sur celle des douleurs, la question du suicide ne saurait donc se poser le concernant. Il n’est troublé ni par la pensée de sa mort future, ni par le désir vain d’une durée infinie. Epicure use d’une métaphore culinaire pour montrer que l’important n’est pas de vivre le plus longtemps possible, mais de vivre le mieux possible : tout comme on peut préférer une nourriture en petite quantité mais raffinée à une nourriture abondante, le

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