Dissertation: L'art peut-il être immoral?
Par Christopher • 23 Mai 2018 • 1 275 Mots (6 Pages) • 1 770 Vues
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peut donc prendre source aussi bien dans la création que dans la réception.
Si l’art a donc souvent été considéré comme immoral, il n’est pas forcément légitime d’aborder la notion de moralité pour étudier une œuvre.
L’art considère l’ensemble des créations humaines sous toutes leurs formes. En ce sens la créativité artistique serait potentiellement illimitée grâce à la liberté de création. L’esprit de l’Homme et ses capacités seraient donc les seules limites à sa créativité. Seulement, si l’art devait être soumis à la morale, il s’en trouverait par conséquent dépossédé d’une partie de lui-même. Si la morale doit dicter ce qu’est acceptable en art ou non, alors les artistes ne sont plus les seuls déterminants de l’œuvre humaine, dans son fond aussi bien que dans sa forme. Par fond, nous entendons qu’il serait impossible d’explorer tous les thèmes de toutes les manières possibles, et par forme, que certaines formes d’art sont rejetées moralement. Prenons l’exemple du théâtre du XVII au XVIIIème siècle. Durant ce temps, l’Eglise procédait à l’excommunication des comédiens. Des positions de la morale par rapport à l’art comme cette dernière entrainent la renonciation artistique des comédiens.
Le jugement moral, en plus de limiter l’œuvre, détourne le but premier de l’art, qui est censé faire appel aux émotions et capacités sensorielles, aussi bien qu’intellectuelles. Or si le regard porté sur une œuvre est dicté par une morale établie au préalable, l’appréciation de l’œuvre s’en trouve entachée par des préjugés qui condamneront une œuvre pour son irrespect à certaines valeurs. En outre, le but de l’art n’est pas originellement lié à glorification d’une valeur correspondant à un système de morale. Il paraît donc illogique d’appréhender une œuvre d’art avec un jugement moral car ce dernier ne permettra pas une libre interprétation de l’œuvre.
Bien qu’une œuvre puisse paraître immorale dans une société contemporaine à elle, la morale évolue avec le temps, nous allons donc voir si une œuvre garde son statut d’immorale à travers les années ou si ce statut est périssable.
Si nous prenions chaque exemple d’œuvre citée précédemment pour étudier leur valeur morale aujourd’hui, le caractère immoral aurait presque complètement disparu. En effet, juger de la moralité d’une œuvre sous-entend d’en être contemporain car les valeurs morales évoluent rapidement, même à l’échelle d’une vie humaine. Le tableau Olympia d’Edouard Manet ( 1863) choqua le public de l’époque à cause de la nudité qui n’était pas embellie ni mythifiée mais réaliste et cynique. De nos jours, voir une œuvre telle n’engendrerait aucune réaction négative. De manière générale, on ne considère plus comme immorales les œuvres qui l’ont été auparavant. Cependant, une œuvre comme Dirty Corner de nos jours peut être considérée comme immorale par certains, bien que les générations futures auront une vision totalement différente de la chose. Il est donc inutile de juger la moralité d’une œuvre trop antérieure car notre vision serait actualisée en même que la morale de notre société.
Avec un certain recul, il est tout de même difficile de différencier un caractère immoral d’amoral, car la limite entre s’éloigner de la morale et en prendre le contrepied est floue. En effet, une œuvre qui ne se plie pas aux exigences morales pourrait donc être aussi bien amorale qu’immorale, dans un cas ou la neutralité est impossible.
A une époque contemporaine de l’œuvre, cette dernière peut donc être considérée comme immorale, néanmoins cela n’entraine pas une légitimation de l’étude morale d’une œuvre car elle y perdrait des possibilités de création comme d’interprétation. Cependant, avec du recul le caractère immoral d’une œuvre est souvent réfuté, mis à jour par les nouveaux systèmes de valeur. Une œuvre d’art peut dont être immorale dans un cadre contemporain à elle, mais tout caractère immoral est périssable. Néanmoins, la moralité d’une œuvre dépend de son sens, or nous pouvons nous demander si l’auteur est le seul maître du sens de
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