Discours sur l’Origine et les Fondements de l’inégalité parmi les Hommes
Par Stella0400 • 28 Mars 2018 • 1 858 Mots (8 Pages) • 689 Vues
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extérieur (famille, éducateur, société, tribu, etc.) qui lui ouvre les yeux. Donc la capacité à progresse de l’homme, et du coup sa différence par rapport à l’animal, peut aussi bien reposer sur la force de son entourage. Le bébé chimpanzé n’a assurément pas les mêmes chances de progresser. Même s’il avait la faculté de se perfectionner, il n’a pas assurément pas les soutiens de sa « famille »
Mais nous nous rendons compte que la frontière entre se perfectionner et progresser est infime. Par réflexe nous associons le terme se perfectionner à progresser en bien, s’améliorer. Mais Rousseau
La faculté de perfectibilité à des faiblesses et des dangers. Rousseau, sans grande démonstrations plante le décor : « pourquoi l’homme seul est il sujet à devenir imbécile ? »
Rousseau constate deux limites à la faculté de se perfectionner. Tout d’abord il souligne que la perfectibilité n’est pas continuellement croissante. Certes, l’animal n’ayant « rien acquis », n’a rien à perdre. L’homme par contre a gagné l’essentiel de son être. Il a donc beaucoup à perdre. C’est précisément ce que Rousseau constate avec la « vieillesse ou d’autres accidents ». Comparé à l’animal, le vieillard peut devenir bien misérable et à nouveau, il ne peut survivre que grâce à l’aide des autres. L’animal ne peut peut être pas évoluer mais cette situation à l’avantage de la stabilité. Son avenir n’est pas « l’imbécilité » tout comme elle n’est pas l’intelligence. Le vieillard à tout à perdre et cette perte en est encore plus cruelle.
Notons que Rousseau ne s’embarrasse pas de détails dans la démonstration. En effet nous pourrions rétorquer que les animaux vieillissent également (âge, maladie, etc) et perdent eux aussi leurs facultés. Ceci est vrai même pour celles, innées, acquises dès la naissance.
Ce point n’est pas relevé par Rousseau car au fond sa question essentielle est la suivante : la faculté de se perfectionner ne conduit pas forcément vers un mieux de l’humanité mais peut également conduire vers des « erreurs », des « vices », la tyrannie. La perfectibilité porte l’homme vers le meilleur comme elle peut le conduire vers le pire.
Cette perspective peu réjouissante est soulignée par l’utilisation de « il serait triste ». Rousseau met les philosophes des Lumières devant cette situation extrême. A quoi bon se perfectionner, apprendre, progresser si l’homme peut devenir un tyran, un loup pour l’homme et capable des pires des exactions. Si l’homme est capable de perfectionnement, pourquoi ne parvient-il pas à se dresser et s’élever au-dessus de l’animal. Ne vaut-il pas mieux rester quasiment à l’état animal, être le « bon sauvage », ou plutôt devrait on dire « l’insouciant sauvage » : vivre heureux, insouciant, sachant qu’on ne perdra pas grand-chose d’acquis puisque peu a été gagné. Au moins, l’homme, dans cet état, , « coulerait des jours tranquilles et innocents ». Nous nous trouvons devant le paradoxe : ce qui fait la spécificité de l’homme (sa faculté de se perfectionner) le conduit à sa perte et est « la source de tous les malheurs ». Nous nous trouvons dans une situation contradictoire pour les Lumières qui prônent savoir, liberté pour atteindre le bonheur. En fait il faudrait rester «sauvage insouciant» pour atteindre le bonheur ou du moins de pas sombrer dans le malheur. Rousseau nous invite à différentier perfectibilité et progrès. Changer n’est pas synonyme de progresser.
L’argumentaire de Rousseau semble encore une fois imparable. L’histoire est remplie d’exemple illustrant l’inquiétude qu’il expose: guerres, cruautés, crimes. Le progrès de l’homme (techniques, science, …) ne le rend pas meilleur. Il semble vivre mieux en améliorant son cadre de vie mais il perd de vue l’essentiel.
Cependant le bon sauvage n’est ni bon ni mauvais. Il est dans un état neutre. Le fait de ne pas se perfectionner conduit certes à ne pas devenir mauvais mais conduit également à ne pas devenir bon. Le bon sauvage ne dépend pas des autres hommes mais il ne fait pas non plus partie de la société. Il est centré sur lui-même, sa propre satisfaction. Cette situation ne peut pas exister à l’échelle d’une société ou d’un groupe. A partir du moment où nous vivons ensemble, nous sommes automatiquement reliés les uns aux autres. Il y a automatiquement, comparaisons, différences, progrès des uns par rapport aux autres ou au détriment des autres.
Ne serait-ce pas précisément grâce à notre faculté de nous perfectionner, à la philosophie, que nous pourrons, par notre volonté, progresser vers le bien plutôt que vers le mal ?
En conclusion, nous pouvons dire, comme Rousseau, que l’homme a ceci de différent de l’animal, qu’il a la faculté de se perfectionner. Ce perfectionnement ne peut cependant pas se faire sans l’entourage, l’héritage culturel, le contexte, l’aide de ceux qui étaient là avant. Une conséquence, qui semble inéluctable de la faculté de se perfectionner, est non pas de progresser pour le bien mais pour le pire. A l’extrême il vaudrait mieux en rester au stade animal ou sauvage pour éviter de sombrer vers les erreurs et la tyrannie. Et tant pis pour la faculté de se perfectionner. Mais là encore, cette solution, qui peut s’apparenter à du dénie, n’est pas viable : l’homme reste homme en société.
La solution semble passer par un renforcement de la perfectibilité. La finalité de l’homme est de transformer la nature (travail), de se transformer (éducation), et de tendre vers le progrès. La réponse à la double problématique soulevée par Rousseau pourra se trouver la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Afin de pouvoir faire tendre l’homme vers un progrès et le bien de l’humanité, il faut peut être forcer la main, poser un garde-fou, canaliser pour tendre vers le mieux.
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