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Dissertation ironie

Par   •  11 Janvier 2018  •  1 678 Mots (7 Pages)  •  551 Vues

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Deuxièmement, si effectivement l'ironie peut faire rire, celui-ci est toujours considéré comme plus ou moins méprisant. En effet, contrairement à l'humour, l'ironie s'exerce toujours aux dépends d'autrui et n'est jamais loin du sarcasme, amer et blessant. L'ironie ne comporte pas, ou très peu, de limites et ainsi certaines moqueries prononcées par les philosophes de lumières sont en contradiction avec leur projet humaniste. Comme le dit Edwin Percy Whipple essayiste et critique américain du XIXe siècle ; « l'ironie est une insulte déguisée en compliment ». Nous pouvons finalement penser que l'ironie ne construit pas, elle détruit et qu'elle contraint au silence plutôt que de faire assimiler la vérité.

Enfin, si effectivement l'ironie s'adresse uniquement à la partie intellectuel de l'être humain, elle délaisse volontairement la sensibilité. Or, n'est ce pas là une contradiction avec la nature de l'être humain ? Nous vivons dans une société qui s'accorde à dire que l'humain est un être doué de capacités intellectuels et émotionnelles le différenciant alors de l'animal. Ainsi en délaissant la partie affective de l'être humain, l'ironie prends le risque d'agrandir la distance entre l 'Ethos et le Pathos. Cependant l'ironie peut tout aussi bien jouer avec les sentiments comme le montre le texte de Jonathan Swift « humble proposition » qui traite deux sujets tabous au XVIIIe siècle : L'infanticide et l'Anthropophagie. Le second exemple est le texte philosophique de Voltaire « Candide » une nouvelle fois car celui-ci ne se termine finalement pas de manière idyllique. Voltaire décide donc de décevoir le lecteur en choisissant de ne pas rendre Candide heureux. Il est possible qu'en choquant ou en décevant le lecteur, l'ironiste ne parvienne pas à convaincre totalement le lecteur.

Nous savons maintenant que l'ironie est un procédé d'argumentation aussi efficace que dangereux. Mais plus que chercher à nous convaincre, il est possible que l'ironiste cherche lui même à se convaincre qu'il est possible de changer les choses.

L'ironie repose sur des mécaniques qui ne visent pas à changer les choses, l'ironie dénonce un sujet qui indigne l'auteur. En effet, comme nous pouvons le constater dans les différents textes des lumières utilisant l'ironie, ceux-ci n'ouvrent aucune discutions. Au contraire, prenons l'exemple du texte « de l'esprit des lois », Montesquieu emprunte la parole aux esclavagistes supposant que ceux-ci ne sont pas capable d'échanger des idées. Le philosophe ferme donc toute discutions. Le second exemple illustrant cette notion provient de « l'encyclopédie », symbole de la philosophie des lumières rédigé notamment par Diderot, d'Alembert, le Breton et Jaucourt. Celui-ci écrivit a la fin de l'article « traite des nègres » ; « Les âmes sensibles et généreuses applaudiront sans-doute à ces raisons en faveur de l'humanité; mais l'avarice et la cupidité qui dominent la terre, ne voudront jamais les entendre » En clair, ironiser signifie que l'autre est tellement emprisonné dans ses convictions et ses idées qu'il ne sert à rien de venir lui parler directement.

Ironiser signifie aussi une incapacité à faire bouger les choses. Il s'agit plus d'un cri de désespoir plutôt que de véritables propositions pour « sauver » le destin des hommes. Les philosophes se moquent car ils savent que les choses resteront telles qu'elles sont. Les propositions des lumières sont rares, et quand certaines voient le jour nous comprenons qu'il s'agit de propositions tirés de l'imaginaire, qu'elles sont impossible à réaliser. Ainsi, la proposition de Voltaire sur « l 'Eldoraro » dans « Candide » apparaît comme souhaitable mais semble n'être qu'une utopie. D'un autre côté les propositions de Swift sont à première vue réalisables afin de sauver l'Irlande de sa misère. Toutefois, nous vivons dans des sociétés où nos normes et nos valeurs sont à des millions de kilomètres de l'infanticide et de l'anthropophagie. Ironiser est un moyen de signifier au monde entier que finalement l'injustice et le détestable ne peuvent que triompher dans ce monde. Lorsque Voltaire pense pouvoir gagner un combat, il ironise pas ou très peu comme lors de l'affaire Calas avec son ouvrage « traité sur la tolérance ».

En conclusion, nous pouvons affirmer que l'ironie est une arme redoutable mais également capable de piéger son utilisateur. Elle permet notamment de déceler des failles dans l’argumentation adverse, cependant l'ironie n'est jamais loin du sarcasme et peut facilement blesser son adversaire. Elle relève plus souvent du désespoir que de la proposition de solutions concrètes. L'ironie reste ainsi une arme très efficace dans le combat humaniste, il est toutefois conseillé de l'utiliser avec beaucoup de précautions et de la maîtriser parfaitement. Sur les sujets plus légers, il est donc préférable de bannir l'ironie. Enfin nous pouvons désormais penser que l'ironie, plus qu'un procédé d'argumentation est en réalité un véritable moyen d'expression de sois-même et de ses idées.

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