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Lecture analytique n°1 – Etude du chapitre I, Micromégas de Voltaire

Par   •  16 Mai 2018  •  1 955 Mots (8 Pages)  •  1 161 Vues

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Par ailleurs, le narrateur est également très présent tout au long du récit. Ceci est notamment perceptible grâce à ses nombreuses interventions : « que j'ai eu l'honneur de connaître » - « ils trouveront, dis-je, qu'il faut absolument... ». L'emploi de la première personne (je, nous) et des adjectifs possessifs « notre » témoignent de l'implication du narrateur tout au long du récit et cherche à faire adhérer le lecteur à sa pensée. Pour ce faire, il ne cesse de s'adresser à lui par des expressions courtoises et flatteuses, notamment à la dernière phrase du chapitre : « Je rapporterai ici, pour la satisfaction des lecteurs, une conversation singulière que Micromégas eut un jour avec monsieur le secrétaire ». Un véritable colloque est ainsi instauré entre le narrateur et le lecteur. Le point de vue adopté est donc omniscient. Cependant, ce texte ne s'adresse pas à n'importe quel lecteur. L'auteur vise un public averti et doté d'un esprit ouvert : « ceux qui ne voyagent qu'en chaise de poste ou en berline seront sans doute étonnés des équipages de là-haut : car nous autres, sur notre petit tas de boue, nous ne concevons rien au-delà de nos usages ». L'auteur veut donc amener le lecteur à une réflexion philosophique et accepter que des faits peuvent dépasser leurs limites.

Ainsi, la fiction est narrée suivant le schéma du conte traditionnel : l'emploi du passé simple et de l'imparfait, un ordre chronologique des événements et un rythme rapide. Cependant, ce conte possède une visée morale et philosophique, constituant le véritable enjeu du récit. Quels en sont les thèmes et références ?

Les thèmes évoqués dans cet incipit correspondent tous aux principales luttes des philosophes des Lumières. On y retrouve ainsi le combat contre l'obscurantisme religieux (que l'on retrouve également dans le Traité sur la tolérance) à travers les différentes critiques à l'encontre des autorités religieuses : « Le muphti de son pays, grand vétillard et fort ignorant ». La critique de l'appareil judiciaire est également présente : « Enfin, le muphti fit condamner le livre pas des jurisconsultes qui ne l'avaient pas lu ». Cette satire virulente des pouvoirs juridiques et religieux était très présente à l'époque des Lumières (à l'image des Lettres persanes de Montesquieu), qui revendiquaient une séparation des pouvoirs. A la critique des appareils religieux et juridiques s'ajoute une critique politique : le narrateur raille les Etats européens dont il souligne l'infériorité : « Les Etats de quelques souverains d'Allemagne ou d'Italie, dont on peut faire le tour en une demi-heure ». L'auteur est donc très impliqué dans son récit et assume sa position de philosophe des Lumières, se donnant pour mission d'éclairer les esprits. De nombreux jugements sont ainsi formulés sur plusieurs sujets : la place des femmes dans la société « il mit les femmes de son côté », les arts (présence de peintres, de musiciens comme Lulli...), etc.

De plus, le savoir est grandement valorisé tout au long du récit : l'auteur insiste en effet sur les capacités intellectuelles inhabituelles de Micromégas. Son esprit est ainsi « l'un des plus cultivés que nous ayons » et il « devina, par la force de son esprit, plus de cinquante propositions d'Euclide ». Les références scientifiques sont nombreuses : mathématiques (les trente-deux propositions d'Euclide, philosophe et mathématicien grec du Ve siècle avant J.-C.), biologiques (dissections d'insectes), astronomiques (lois de la gravitation universelle de Newton) et artistiques (Jean-Baptiste Lulli). Elles témoignent de l'importance capitale accordée par les philosophes des Lumières au savoir intellectuel et aux sciences (ainsi, dans Candide, Voltaire nous recommande de cultiver notre jardin).

En définitive, même si la mise en place respecte les règles du conte traditionnel, ce texte véhicule une véritable visée philosophique faisant de lui un genre à part: le conte philosophique. Ceci révèle les intentions de Voltaire de combattre les ténèbres de l'ignorance et de l'obscurantisme. Les contes philosophiques constituent donc une tribune aux philosophes des Lumières pour la diffusion de leur savoir.

L’incipit titré « Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d’icelui » de Candide ou l’Optimisme autre conte philosophique de Voltaire publié en 1759, présente les mêmes caractéristiques que celui de Micromégas , il présentent les caractéristiques principales du conte traditionnel et pose les base du conte philosophique pour amener le lecteur à une réflexion, la morale contenue dans la dernière phrase étant : « il faut cultiver son jardin » .

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