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Analyse de L'Huître de Francis Ponge

Par   •  12 Octobre 2018  •  1 608 Mots (7 Pages)  •  804 Vues

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- Ainsi, Le monde de l’huître s’ouvre et le dévoilement tend à revaloriser l’objet, en convoquant les termes valorisés de « firmament » et de « nacre ». Toutefois, on retrouve la dégradation qui était déjà à l’œuvre dans le premier § : on découvre un microcosme, mais bientôt l’évocation redevient plus prosaïque.

B. Si le jeu sur les sons ouvrait sur un autre type d’évocation, le mélange liquide / solide pour sa part est associé aux notations sensorielles liées à l’odeur et à la vue, citées littéralement. Or ces sens sont sollicités désagréablement : annoncées comme une conséquence décevante par le « ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre ». On notera l’allitération en « v » initial qui renforce le caractère déplaisant et s’inscrit dans le rythme binaire qui mime le flux et le reflux, avec la rime intérieure de « flue » / « reflue » « vue », et l’écho du « frangé » après le flux et reflux. Le texte est en perpétuelle oscillation entre une évocation positive et une évocation négative : l’expression populaire « à boire et à manger » côtoie l’évocation rythmée et délibérément recherchée des « cieux », la « dentelle » est « noirâtre »…

- La proximité d’éléments antithétiques souligne la position d’admiration et de répulsion ressentie par le poète et perceptible dans le poème. Malgré un certain refus du lyrisme dans la poésie pongienne, on décèle souvent une modalisation discrète, (ou une franche mise en scène du poète).

C. La découverte de l’expression. Le gosier de l’huître renvoie au fait qu’on mange. Pourtant, le vrai trésor de l’huître ne réside pas dans son caractère comestible : il est « rare » et « petit », amené par une construction recherchée et un ordre des mots inhabituel : « parfois très rare » ; comme si le premier essai de poétisation de la phrase (avec les « cieux ») trouvait ici sa confirmation : il faut « s’orner » de la perle, ou de la formule poétique dès qu’on la trouve.

Ainsi la « formule perle », au sens de petite forme ou « Forme d'expression qui contient les termes mêmes dans lesquels un acte doit être conçu » ou « phrases qui résument et définissent un système, un point de vue » (Littré). Ainsi sont associées la forme de la chose et le terme désignant l’énoncé lui-même qui le dit.

On peut y voir évidemment l’idée d’une formule magique, pour permettre l’ouverture sans en passer par ce travail grossier, afin de trouver le sens du poème et, plus généralement, du monde. La deuxième occurrence de la nacre accompagne la découverte de la petite chose qui apparaît à plus d’un titre comme la raison d’être du poème, sa formule, au sens de formule chimique mais surtout ici de mode d’emploi.

Cl° En montrant progressivement la découverte d’un objet, son ouverture et son intérieur, Ponge accède à la poésie de la chose autant qu’à l’expression poétique. De la même manière que l’huître produit, par un travail patient secret et résistant à la curiosité la merveille de sa perle, le poète est celui qui, à force de méticulosité et de rigueur dans son travail lexical et stylistique parvient au miracle de la formulation. Le texte finit par laisser perler sur ses bords l’idéalité de sa formule, rappelant ainsi que la recherche poétique est celle du beau et du bien dire.

NB : le lecture « érotique » de l’huître est possible aussi : le caractère féminin de l’huître, la dentelle noirâtre (sous-vêtement ?), le caractère violent de l’ouverture peuvent évoquer de façon allégorique le viol. Ce n’est pas nécessairement ma lecture mais elle est possible à exploiter, avec les précautions d’usage comme pour toute lecture interprétative…

firmament (sce : cnrtl) :

A.− HISTOIRE

1. [Dans la cosmol. biblique] Espace céleste séparant les eaux supérieures des eaux inférieures.

2. [Dans les anc. cosmol.] Huitième ciel dans lequel sont placées les étoiles fixes.

B.− Littéraire

1. Voûte des cieux.

2. Espace cosmique.

. Étymol. et Hist. 1119 (Ph. de Thaon, Comput, 2784 ds T.-L.). Empr. au lat. chrét. firmamentum (de firmare « rendre ferme, solide ») désignant la voûte céleste à laquelle les astres semblent fixés tandis qu'en lat. class. le mot avait le sens de « soutien, appui (au propre et au fig.) »

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