Rite et rituels
Par Orhan • 6 Février 2018 • 6 417 Mots (26 Pages) • 533 Vues
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Le rituel étant un phénomène universel, il est impossible de concevoir une société sans rituels. il accumule ainsi bon nombre de fonctions et de significations variables d’un pays à l’autre, d’une société à l’autre, d’un groupe de population à l’autre, c'est pour cela qu'il est impossible d’en faire une typologie générale. Cependant, malgré leur diversité, tous ont en commun de rappeler notre commune condition humaine. C’est une particularité des rites de nous rappeler ce que nous sommes et qui nous sommes : notre nature et notre identité. Nous pouvons ainsi donc nous intéresser a leur fonctions.
B- Les fonctions des rites
La principal fonction du rite et de renforcer le lien social en effet, le rite est avant tout un moyen pour le groupe social de se réaffirmer périodiquement. Il ne peut y avoir de société qui ne sente le besoin d’entretenir et de réaffirmer à intervalles réguliers les sentiments collectifs. A travers sa dimension symbolique, le rite est un langage efficace en ce sens qu’il agit sur la réalité sociale, et s’appuie sur des symboles reconnus par la collectivité.
Pour Durkheim, dans son ouvrage Les formes élémentaires de la vie religieuse les rites sont des règles de conduite qui prescrivent comment l’homme doit se comporter avec les choses sacrées. Selon Durkheim, les rites sont des manières d’agir qui ne prennent naissance qu’au sein des groupes assemblés et qui sont destinés à susciter, à entretenir ou à faire renaître certains états mentaux de ces groupes. Durkheim ajoute que certains rituels ont pour effet de renforcer des sentiments d’appartenance collective et de dépendance à un ordre moral supérieur qui sauvent les individus du chaos et du désordre. Les rites ont pour but de rattacher le présent au passé, l’individu à la communauté.
Par ailleurs, Van Gennep dans son ouvrage Les rites de passage, nous dit que les rites peuvent avoir diverses fonctions, liées à des situations spécifiques de la vie. Pour lui les rites ont une fonction cathartique, sociale et cognitive. Il s'explique en disant Cathartique, car les rites peuvent participer à la réduction d’angoisses liées à une forme d’inconnu, face à l’incertitude liée à l’avenir. Sociale, car ils participent à l’intégration des individus dans le groupe, à sa reconnaissance, et permettent la cohésion du groupe. Et enfin cognitive, car des rites peuvent exister à la place d’un savoir formel
cartésien. Parmi les fonctions sociales A.Van Gennep précise des fonctions d’intégration, de
reconnaissance, de cohésion et d’expression.
Dans le même ordre de pensée Martine Segalen dans son livre Rites et rituels contemporains dit que le rituel fait sens car je cite « il ordonne le désordre, il donne sens à l’accidentel et à l’incompréhensible, il donne aux acteurs sociaux les moyens de maîtriser le mal, le temps, les relations sociales. L’essence du rituel est de mêler temps individuel et temps collectif. » Nous pouvons ainsi nous intéresser a son implication dans la vie social
II- Du rite au rituel
Dans cette secconde partie, nous constatons par des exemples les fonctions de régulation que le rite apporte à la société . Nous verrons aussi avec l'exemple du baptême étudiant comment le rite accompagne les changements et les transformations inéducables de la vie de l'individu au sein de la société.
A- Les implications sociales des pratiques rituelles
Evans-Pritchard dans son ouvrage Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandé a mis en évidence la fonction de régulation des relations sociales entre les individus d’une communauté. Il prend le cas d’une tribu soudanaise, les Azandes. Qui croient que des sorciers sont présents parmi eux, certains sont des sorciers du bien, d’autres des sorciers du mal. Ainsi lorsqu’un malheur survient, et qu’ils ne peuvent l’expliquer rationnellement, il est nécessairement dû à un sorcier du mal. Il existe donc des rites qui permettent de repérer le sorcier qui a lancé le mauvais œil, et il est possible de retourner le sort contre son auteur même sans en connaître l’identité. Ainsi si quelqu’un vient à mourir peu après, les gens pensent que cette mort identifie l’auteur du mauvais œil. Dans la société Azande, le sorcier suprême est le roi. Cet ensemble de croyances a plusieurs conséquences, chacun fait attention à ne froisser personne. Nous avons ici une fonction de régulation des relations sociales. Si des malheurs naturels surviennent, ce système de croyance permet de mettre des mots là où dans notre société nous trouverions une explication plus rationnelle. Puisque le roi est le sorcier suprême, le tout forme un système cohérent de pensée, et d’action, car cela confère au rite une reconnaissance qui l’institutionnalise.
D'un autre côté , Malinowski, dans son étude du peuple trobriandais entrevoit une autre implication sociale du comportement rituel. Celle de préserver, garantir, reconnaître les activités de la société qui sont nécessaires, à savoir qui ne peut être autrement, faute de quoi, la communauté serait en péril, et vouée à disparaître. Ainsi le rite se retrouve dans des activités purement pragmatiques telles la construction de canoë ou de maison activités qui n’ont rien de magique ni de religieux. La présence du rite au sein de ce type d’activité est expressive, elle permet d’exprimer la valeur qui lui est accordée, et permet de les préserver en leur accordant une place sacrée.
Nous rejoignons ainsi la fonction de régulation que nous avions vu plus haut. Le rite est principalement, expressif et symbolique, il a une implication sur les actions des individus qui le pratiquent. Il permet donc d’accompagner des changements et des transformations inéluctables d’où l’appellation par A. Van Gennep de rites de passage, ou rites de transition pour qualifier ces rites très particuliers qui accompagnent le changement. On peut donc estimer que le rite est doté d’un double mouvement, d'une part il encadre le changement dans la société mais d'autre part il participe aussi à ce changement. En effet, Les passages les plus importants et les plus ritualisés sont les étapes de la vie : la naissance, la puberté, le diplôme, le mariage, la retraite, la mort ; les expériences de premières fois tel que le premier amour, première expérience sexuelle etc.
Les changements identitaires aussi : enfant à adulte, célibataire à
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