La guerre de Trente ans selon la théorie de Hans Morgenthau

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L’Europe se retrouve alors de plus en plus enlisée dans le conflit et des problèmes financiers apparaissent. La France ne veut pas lâcher et décide, pour contrer l’Empereur, de renouveler son alliance avec les Suédois.

Les campagnes de 1638 – 1639 nous montre une France vaincue en Italie mais gagnante aux Pays-Bas puisqu’elle renforce sa ligne défensive. Les Suédois coupent la route aux Espagnols en remportant l’Alsace et en gagnant en Bohême.

Mais l’année 1640 apparaît comme un réel tournant dans la guerre, de nombreuses évolutions ont eu lieu dans le conflit franco-espagnol et en Allemagne.

L’Espagne est en 1640 en grande difficulté puisqu’elle perd des troupes navales, perd des routes militaires… A côté d’elle, la France profite de cette situation pour signer un traité de fraternité avec la Cologne. Le pays dispose d’une ligne de défense efficace dans les Pays-Bas. En Italie, Piémont et Savoie se retrouvent sous influence française.

Fin de la domination Espagnole, la France prend une place et une ampleur de plus en plus importante sur tous les fronts.

En Allemagne, on tente un retour à la paix. Le 23 septembre 1640, l’Empereur convoque Electeurs et Princes d’Empire à assister à la Diète de Ratisbonne. Mais, alors que l’Empereur souhaite renforcer son autorité et faire du Saint Empire une monarchie centralisée, Electeurs et Princes Territoriaux veulent être pleinement souverains.

Dès la fin des années 1641, les travaux de la Diète se terminent et est décidé une nouvelle réunion l’an prochain pour un Congrès de Paix. Il faudra cependant attendre presque quatre ans pour espérer voir l’ouverture d’un tel Congrès. La guerre, entre-temps, continue, chacun tentant de maximiser ses gains pour avoir des atouts lors des négociations futures.

Le 18 mai 1643, Louis de Bourbon, Duc d’Enghien alors âgé de 22 ans (qui deviendra plus tard « le grand Condé ») s’empare de Thionville lors de la fameuse bataille de Rocroi. Ainsi, ce jeune duc écrase les espagnols qui n’ont, dès lors, jamais pu s’en relever. D’autres succès français se font en Italie et en Espagne.

1645 sera l’année ou l’Allemagne deviendra réellement le théâtre de cette guerre. La France poursuit ses conquêtes, toujours menée par le duc d’Enghien.

En 1648, Français et Suédois attaquent en Bavière mais les adversaires résistent. La Bavière décide de signer l’armistice d’Ulm le 14 mars 1647 : les hostilités sont suspendues. Mais, quelques mois plus tard, elle décide de s’allier à l’Empereur et à la Cologne. Enfin, les suédois attaquent sur plusieurs fronts et veulent marcher sur Prague. Cependant, la signature des traités de Westphalie les arrête.

- Des pays en guerre, une balance des pouvoirs respectée

L’histoire de la guerre de Trente ans, aussi complexe soit-elle, fait apparaître des évolutions quant à l’équilibre des pouvoirs Européens. Afin de justifier cette affirmation, nous allons nous baser sur la théorie de Hans Morgenthau, théorie explicitée dans son ouvrage Politics among nation. Dans cet ouvrage paru en 1978, le chapitre 12 est consacré aux « Different Methods of the Balance of Power », nous allons utiliser la théorie dans l’objectif d’expliquer l’équilibre des pouvoirs qui a eu lieu durant la guerre de Trente ans.

Durant toute cette période, des alliances et des contre-alliances se sont misent en place dans l’objectif de remporter cette guerre, d’avoir le moins de perte possible. Selon Morgenthau, une alliance est « une union contractée entre souverains, entre Etats. ». Selon lui, c’est la plus importante manifestation historique de l’équilibre des pouvoirs. Il est vrai que les alliances vont permettre aux Etats de former un bloc uni afin d’être plus fort face aux autres acteurs de la guerre. L’exemple le plus représentatif reste l’alliance entre la France et la Suède. En effet, cette alliance est basée sur le principe « des Etats aux intérêts antagonistes mais cependant identiques »

En effet, la Suède est une force armée en guerre contre l’Empire. La France, quant à elle, est une puissance défendant les libertés germaniques et assure son soutien au protestantisme afin d’affaiblir la Maison d’Autriche. D’une manière générale, la Suède et la France forment une alliance dans le but de contrer l’Espagne dans sa quête de domination. C’est en ce sens que fut établi, le 15 mars 1638, le traité d’Hambourg , une alliance offensive.

Selon Morgenthau, les nations A et B ont trois choix pour maintenir ou améliorer leur position de force. En effet, elles peuvent augmenter leur propre pouvoir (par la mise en place d’alliances mais aussi les conquêtes successives) ou encore ajouter à leur propre pouvoir le pouvoir d’autres nation (Suède et Danemark entrent en guerre afin d’écarter la menace de la Maison d’Autriche)

La France est entrée en guerre dès 1630 afin de garantir la sécurité de ses frontières face à une Espagne qui devenait une menace pour le territoire. C’est en ce sens que, la puissance étant toujours l’objectif premier, les Etats devaient faire preuve d’une diplomatie efficace.

On peut noter que Hans Morgenthau met en place trois méthodes permettant un rétablissement de l’équilibre :

Le premier principe est « diviser pour régner ». Ce fut l’objectif de Ferdinand III qui voulut dissocier l’alliance entre la Suède et la France qui prenait une réelle importance dans cette Europe en guerre.

Le second principe est « compenser les gains ». La France décide de faire appel à tous ses hommes ainsi qu’aux armées de la Suède afin de compenser les armées des Habsbourg.

Troisième principe, « l’armement ». Il est très peu utilisé dans le cadre de la guerre de Trente ans. La lutte a été essentiellement effectuée par les armées, les hommes représentent l’armement.

Enfin, le quatrième principe, « l’alliance et l’alignement »,a été la clé de voûte de ce conflit de Trente ans. La France et la Suède, les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, le Danemark et la Suède…

C’est en ce sens que nous pouvons dire que l’équilibre des pouvoirs est respecté. Durant le conflit les puissances sont plutôt équilibrées puisque toutes bénéficient d’ alliances qui ne permettent pas l’importance et l’hégémonie de l’un ou l’autre pays. Cette situation va être totalement remise en cause lors des traités de Westphalie et leurs conséquences…