L'aide sociale à l'enfance
Par Junecooper • 25 Septembre 2017 • 2 328 Mots (10 Pages) • 860 Vues
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Le deuxième paradigme, l’instauration du contrôle social des familles, peut conduire au retrait et au placement de l’enfant. Les abandons régressent. L’Etat impose à la famille son contrôle et sa surveillance. Celui ci affaiblit le lien entre le professionnel et la famille même si cela a permis d’aider un certain nombre d’enfants.
L’histoire s’est construite autour et à partir de l’enfant. Cela a eu des incidences sur la place des parents dans la dynamique familiale. La place des usagers a été transformée au fil du temps, nommé « clients », « bénéficiaires » puis « ayant droits » pour progressivement être appelés « usagers » et avant de voir récemment le statut « d’acteurs » ou de « citoyens ». Ceci amène à considérer une forme d’égalité d’accès et de reconnaissance du professionnel envers l’usager. Le rapport Bianco-Lamy de 1984 a permis de sortir d’une logique d’assistance et de créer un projet pour l’enfant.
La loi de Mars 2007 réaffirme le rôle de chef de file de la Protection de l’Enfance au président du Conseil Général. La décision judicaire doit être subsidiaire à la décision administrative. La collaboration entre en ligne de mire pour passer de l’administratif au judicaire. La notion de réciprocité est également de mise entre le professionnel et la famille. De plus, la notion de maltraitance ou d’enfant maltraité a disparu du code civil pour être remplacée par la notion d’enfants en danger. Ce sont le nombre d’enfants en risque de danger qui augmentent face à une diminution des enfants en danger.
Des outils sont mis au service des professionnels : l’évaluation comme celle des informations préoccupantes n’est pas que dans une logique d’enquête mais également de comprendre le fonctionnement familial ce qui sous entend de s’appuyer sur leurs compétences et prendre en compte la parole de l’enfant. Un autre outil est soulevé par l’auteur et qui a fait l’objet de la loi de 2002 et de 2007, c’est la notion de projet. Il doit afficher des objectifs clairs, atteignables et évaluables. Le dernier outil est le contrat. Le travail mis en place entre le professionnel et la famille doit se faire autour d’un contrat, un contrat sur un mode collaboratif et transparent.
Gérard Lefebvre présente également les différents freins liés aux évolutions des pratiques professionnelles relevant des accompagnements de l’ASE: le poids de l’histoire et la complexité des situations familiales, l’évolution technologique de l’information et de la communication, les connaissances et les compétences acquises à l’issue de la formation qui sont insuffisantes dans le domaine de la protection de l’Enfance, un manque de savoir-faire du travail social (analyse systémique et transactionnelle), les relations partenariales entre les services de l’ASE et les services AEMO, la permanence d’un système binaire (exemple du milieu ouvert et institutionnel) et enfin la représentation des métiers du social.
L’auteur définit le travailleur social comme « un individu très semblable aux autres individus dont le métier consiste à traduire avec plus ou moins de facilité une émotion humaine en préoccupation professionnelle » (p138).
Ce n’est plus à l’usager de rentrer dans un dispositif mais au système de trouver des réponses qui ne l’enferme pas ou ne l’exclut pas.
Gérard Lefebvre pose la réflexion de savoir s’il fallait décentraliser l’ASE. Il énumère plusieurs idées pour considérer que la décentralisation fut plutôt une bonne initiative sur le plan des finances, des évolutions professionnelles et de la place accordée aux usagers. Il a fallu une vingtaine d’années pour confirmer la responsabilité des départements et de ce fait, leur accorder une plus grande marge de manœuvre vis-à-vis de l’autorité judicaire. Les départements développent une proximité territoriale et rapprochent les citoyens des services départementaux.
- Constats et perspectives
L’auteur pose des constats objectifs : entre 1998 et 2006, selon l’ODAS, les enfants identifiés en danger ont progressé, et il y a davantage d’enfants en risque. 18% d’enfants en risque de danger vivent dans une famille pauvre. 56% d’enfants ont moins de 11 ans. Il pose également le diagnostic que 11% des enfants signalés à l’origine du danger viennent de problèmes psycho-pathologiques des parents. Le développement du partenariat avec la psychiatrie pour adulte s’impose. En 2006, les maltraitances psychologiques ainsi que les négligences lourdes représentent 44% des situations concernées. Après 2007, il n’y a pas de publications.
Une des perspectives au changement est l’acceptation de la situation de l’autre, l’usager et le professionnel. Accepter la situation objective dans laquelle chacun est plongé, pour ainsi passer à un travail constructif. Ceci permettra l’émergence d’un projet compris et partagé. En effet, le projet est l’affaire de l’usager (parent et enfants et le professionnel). L’auteur propose de réfléchir à de nouvelles approches pour la « promotion de l’enfance » et de créer des espaces participatifs entre le professionnel et les familles.
Il s’appuie sur trois penseurs : Lévi-Strauss, Foucault, Bourdieu dont il a présenté certains ouvrages pour nous montrer qu’ils nous ont appris à penser différemment. Les travaux de Claude Lévi-Strauss nous ont permis de mieux comprendre les mouvances de la structure famille. Et de ce fait, actuellement, l’exercice de la parentalité ne se fait plus à temps plein mais il est judicieux d’avoirs recours à des logiques de temps partagé entre l’internat, les vacances distanciées, les loisirs séparés pour permettre aux enfants certaines distanciations bienfaitrices.
Avec Foucault, la surveillance, la punition, les micro-pouvoirs et le pouvoir-savoir sont omniprésents dans notre société. Les textes de « lutte contre l’absentéisme scolaire », l’institution des « comités droits et devoirs des familles » configurent que c’est la famille et l’enfant qui sont tenus responsables.
Avec Bourdieu, il remet en questionnement le rapport à l’usager, la compréhension de sa difficulté et la qualité de l’écoute qui lui est accordée. Les acceptations doivent aussi se faire du côté des professionnels.
Suite à ces constats, il présente les prospectives pour l’ASE à l’horizon des années 2040. L’auteur émet trois hypothèses plus ou moins réalistes. Par contre, il s’appuie sur un rapport effectué sur la politique familiale et la protection
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