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Fiche de lecture S. Beaud 80% au bac

Par   •  1 Novembre 2018  •  2 083 Mots (9 Pages)  •  755 Vues

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La place et le rôle important qu’à le quartier dans cette difficulté à se sentir légitime face à l’école.

Alors qu’au collège, les enfants de milieux se retrouve entre eux, entre jeunes de quartier, l’arrivée au lycée est marquée par la découverte de l’hétérogénéité et de l’altérité sociale, ils font l’« expérience douloureuse de dépaysement social » (p.107). Cependant des sélections procèdent rapidement à la mise à l’écart des élèves de milieux populaires. Par exemple, dans le lycée « bourgeois » qui vit mal la démocratisation scolaire dans lequel Stéphane Beaud enquête, le choix des options permet de hiérarchiser les classes dès la seconde et met de côté d’entrée de jeux les élèves de milieux populaires. En outre, Ils ont tendance à s’auto exclure en refusant de se mélanger aux élèves « bourges » (p.103) ou en choisissant plutôt le lycée de la ZUP où les élèves sont majoritairement d’origine populaire. Dès le lycée, les élèves vont alors se rendre compte de l’écart, voire même de l’incompatibilité, entre la culture du quartier et celle de l’Ecole. Stéphane Beaud va chercher à comprendre comment les lycéens vont s’adapter et réagir face à ces deux cultures. Le quartier est un lieu stigmatisé (locaux mal tenus, dégradés, familles nombreuses et pauvres, sentiment de honte des habitants, etc.). Le quartier est aussi marqué par une importante division sexuelle de l’espace et une asymétrie des rôles masculins et féminins. Ainsi, les filles sentent plus la stigmatisation au lycée car leur socialisation s’est faite exclusivement dans le quartier ; la plupart d’entre elles sont « d’autant plus touchée par le jugement négatif des autres qu’elles n’ont pas eu l’habitude de se « défendre » socialement. »[8], au lycée, plus rien ne les protège. Elles vont alors essayer de s’adapter à l’école, de changer leur langage et vont s’isoler. A l’inverse, les garçons voient leur force collective se renforcer. Ils sont fiers d’exposer leur identité de jeune de cité -ce sont eux qui partagent le plus la culture de la cité. Ensuite, la coupure des habitants avec l’extérieur les amène à l’« impossibilité d’affronter des situations sociales hors de leur contexte habituel »[9].Les jeunes du quartier ont ainsi une « vision bipolaire du monde social »[10]: eux contre tous les autres. La solidarité entre bande d’ami(e)s est ainsi importante et le quartier constitue une bulle protectrice, avec une protection qui passe par l’interconnaissance ; tout le monde connait tout le monde. C’est ainsi que se construit une solidarité entre les étudiants du quartier, notamment au niveau du transport. Paradoxalement, le quartier représente pour les jeunes ce à quoi ils veulent échapper (la condition ouvrière, etc.). La volonté de réussir à l’école doit donc passer par un détachement aux valeurs et à la culture du quartier. Le quartier étant un lieu où le travail scolaire n’a pas vraiment sa place ; pas nécessairement d’endroit pour travailler au calme et « scansions temporelles du quartier »[11] (contraintes familiales, obligations sociales par rapport aux amis du quartier, etc.). Ainsi, les étudiants de cité « « baignent » dans le temps du quartier marqué par le flou des repères temporels qui rend presque impensable la notion même de « temps de révision » »[12].Certains, les plus sérieux, essaient alors de se détacher du quartier pour se consacrer au travail scolaire (exemple du lycéen Sofiane, alors traité de « moraliste » et de « blanc » ). Les jeunes sérieux à l’école et les étudiants ont alors pourvu d’un double statut : un statut d’intello et de « français » auprès des amis, et un statut « d’ainé, au sens social », au sein des familles qui les perçoivent comme ceux qui vont les faire évoluer vers une autre position sociale. Ces jeunes se sentent alors souvent investi d’une mission trop lourde pour leurs épaules. Inversement, ceux qui ont le plus de mal avec la culture scolaire et se sentent illégitimes préfèrent s’en tenir à la culture du quartier qu’ils prônent avec fierté et vont montrer de la haine envers les institutions scolaires (cf culture anti école). Ce sentiment de ne pas être à leur place à l’école les conduit à se replier sur le quartier et à une « réaffirmation ostentatoire de leur identité locale face à la déstabilisation des repères sociaux opérée par le lycée »[13]. Le rattachement au quartier peut opérer aussi plus tard, en cas d’échec des études supérieures et peut alors se traduire par la précipitation dans le mariage comme c’était le cas de Nassim qui, après s’être marier trop rapidement, finit par payer plus tard de cette erreur. Cette précipitation dans le mariage est dû par le besoin et le désir de trouver une certaine stabilité dans la vie ; avoir une femme, une famille, au détriment d’avoir un bon travail stable, après avoir fait face au déclassement et s’être retrouver au même niveau que d’autres jeunes du quartier qui ont arrêté l’école en 3ème.

Ainsi, la culture du quartier, lieu stigmatisé qui leur est cher mais qui représente ce qu’ils veulent fuir reste tout de même plus « puissante » que la culture scolaire, qui représente pourtant le moyen d’accès à un bon nombre d’emplois mais qui fonctionne sur un mode que les élèves doivent comprendre et s’approprier.

Conclusion

En somme, l’enquête de Stéphane Beaud qui porte sur la difficulté des enfants d’ouvriers, d’immigrés à s’émanciper de ce groupe social par l’école, dû en parti à un manque de « culture scolaire », montre l’ambigüité de la politique des 80% au bac qui ne fait que falsifier une démocratisation, faisant espérer les enfants de milieux populaires à une vie meilleure par la voie des études supérieures, mais les laissant tomber par la suite dans la désillusion, n’ayant pas pris en compte le fait que les enfants issus de quartier sont illégitime face à la culture scolaire et se replis alors sur la cité.

Table des matières

Fiche de lecture : Stéphane Beaud, 80% au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, 2003. 1

Introduction 1

I- la difficile, voire impossible, acculturation des enfants d’immigrés. 1

II- La place et le rôle important qu’à le quartier dans cette difficulté à se sentir légitime face à l’école. 2

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