Des villes et des hommes.
Par Matt • 5 Juin 2018 • 2 712 Mots (11 Pages) • 502 Vues
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- B Les hommes : des êtres façonnés par les villes
Si la ville résulte de l’action humaine, le développement de l’homme a été permis par la ville. → Vive la ville Thierry Paquot : l’auteur montre que la ville a façonné notre nature, selon lui, avec la ville est née une nouvelle « citadinité » → importance de la ville qui constitue d’ailleurs un droit pour l’homme (cf . pacte de relance pour la ville) : consécration de l’homo urbanus
L’espace agit sur les individus, certes il ne s’agit pas s’un déterminisme mais d’une variable explicative de leurs comportements. Cette influence a été mise en évidence très tôt →L’épopée de Gilgamesh – 2700 avt JC. Pour Maurice Halbwachs « le lieu a reçu l’empreinte du groupe et réciproquement ». Bourdieu a ainsi mis en évidence « l’effet de lieu » la misère du monde et Bidou-Zachariasen « l’effet de territoire ».
Les villes influent donc les hommes. Elles permettent l’expression de leur humanité → Robert Park (sociologue école de Chicago) : « La ville amplifie, étale et affiche les manifestations les plus variées de la nature humaine »
La ville occidentale a ainsi servi d’instrument de libération collective et d’autonomisation de l’individu. → vieux dicton allemand « l’air de la ville rend libre » lieu de libertés (à dev): historiquement (ex : révolution, mai 68), sociologiquement, moralement (anonymat, confusion) et philosophiquement (cf . Baudelaire et son promeneur solitaire).
En outre, dans le domaine politique la démocratie a été rendu possible grâce à la Ville Max Weber
Le développement de l’économie marchande et de la culture sont également indissociables de l’urbanisation. → pour les Lumières, la ville est une « République des lettres »
Les comportements humains sont donc liés à l’environnement urbain. Un changement d’espace induit une modification dans les relations et les rapports sociaux. Cela a notamment été mis en évidence lors des déplacements forcés des populations du fait des travaux de rénovation urbaine → Young Michael, Willmott Peter le village dans la ville, et Coing Henri Rénovation urbaine et changement social..
Transition : Pour John Steinbeck, la ville, comme l’homme, « possède un système nerveux, une tête, des épaules et des pieds. Chaque ville diffère de toutes les autres : il n'y en a pas deux semblables. Et une ville a des émotions d'ensemble. » Pour autant John Steinbeck ne compare pas la ville à un homme mais à un animal. En fait, la ville semble parfois une menace pour l’homme d’où un caractère plus animal qu’humain.
II L’urbanité en crise
Les villes ne semblent plus pouvoir satisfaire les besoin des hommes, ces derniers tentent de recréer l’urbanité, dynamique liant les phénomènes urbain et humain
- A Les maux urbains ou la remise en question de l’identité des villes
La croissance urbaine ne semble plus permettre à l’humanité de se développer, au contraire, l’urbanisation semble échapper à l’homme. Les villes deviennent pour certains vecteurs de deshumanisation → Chombart de Lauwe La fin des villes / Voyage au bout de la nuit de Céline / film de John Houston « jungle d’asphalte »
La crise de l’urbanité est polymorphe :
La vie dans la ville ne paraît pas permettre l’épanouissement des hommes. « Grande cité, grande solitude » écrivait déjà un géographe grec dans l’antiquité. L’anonymat et la solitude apparaissent comme des maux urbains.
La croissance urbaine semble dépasser les hommes qui ne semblent plus parvenir à gérer des ensembles qui s’agrandissent et se complexifient → difficultés des services publics, notamment transports, pollution / Boileau évoquait déjà « les embarras de Paris », dans le tiers monde le rythme très soutenu de l’urbanisation accentuent ces problèmes de gestion Jérôme Souty : « l’urbanisation est devenue synonyme de favellisation » (plus de 200000 bidonvilles aujourd’hui.)
Les violences et les incivilités appartiennent à la vie urbaine, même si elles apparaîssent contraires à « l’urbanité » et « civilité » → Dubet la galère, jeunes en survie, Lepoutre cœur de Banlieue et Tarrius Fin de siècle incertaine à Perpignan décrivent des attitudes non conformes au règles d’urbanité.
Ce phénomène des violences urbaines est prépondérant dans notre société comme l’illustre les visions des cinéastes John Carpenter (NY 1997) ou Spike Lee (Do the right thing)
Les banlieues symbolisent cette violence. Elles apparaissent notamment du fait du discours médiatique marginales → Alain Touraine propose une analyse du social en terme de dedans-dehors. marginalité plurielle : géographique (par définition), économique (paupérisation des banlieues : chômage, délinquance..) ,sociale (populations ouvrières remplacées par des groupes moins biens insérés souvent issus de l’immigration) et culturelle (hip-hop, tags, rap) → la société semble ghettoïsée , problèmes de ségrégation sociale et spatiale la ségrégation verticale est devenue horizontale (ex :construction de banlieues riches notamment aux Etats Unis) → « diagnostic » d’Alain Bourdin le système urbain est caractérisé par l’instabilité résultante notamment d’une plus grande mobilité ex : délocalisations). Ainsi chacun tente de développer des dispositifs de maîtrise. Cette recherche de la maîtrise se vérifie dans le succès des dispositifs de sécurisation (ex logements) et est confondue parfois avec la volonté de vivre en autarcie, d’exclure l’autre (ex : mouvements de citoyens qui refusent de payer les impôts locaux études de Mike Davis sur L.A.).
Transition : Malgré les discours alarmistes, les études (Chesnais Jean-Claude Histoire de la violence) montrent que la violence est moindre à notre époque en comparaison avec les périodes précédentes. Les villes ne peuvent dons pas être tenues pour seules responsables des nouveaux problèmes rencontrés par les hommes. L’urbanité n’est pas morte, mais elle est à repenser.
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- B Les « remèdes » humains ou la volonté de révéler le caractère humain des villes
Après avoir participé au développement de la vie politique des hommes, les villes sont au cœur des politiques.
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