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Comment se contruit la garçon dans la fête au travers du regard de la fille

Par   •  5 Février 2018  •  19 516 Mots (79 Pages)  •  616 Vues

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Nous voulons étudier le thème des pratiques festives des jeunes. Ce thème a déjà donné naissance à de nombreuses interrogations et enquêtes. Les auteurs de ces enquêtes, chacun selon un angle particulier, visent à comprendre le sens que les jeunes attachent à la pratique festive. David Le Breton le fait en partant entre autre de la notion de « conduites à risques » qui consiste pour les jeunes à se mettre à l’épreuve pour donner du sens et légitimer leur existence, leur quotidien. Or la fête -et tout ce qu’elle comprend- peut être un moyen pour le jeune de s’adonner à des conduites à risque à travers la consommation excessive, les relations non protégées, la conduite dangereuse. Monique Dagnaud quant à elle étudie la pratique festive en s’intéressant particulièrement à la consommation d’alcool, aux différences entre les milieux sociaux. Cependant, il ne semble pas y avoir d’étude récente sur les boites de nuit et plus précisément sur la question du regard dans la boite de nuit et sur la manière dont cet espace permet aux garçons et aux filles de s’y construire réciproquement.

La fête et plus précisément faire l’expérience de la fête nous semble donc être un terrain d’étude fourmillant et propice aux enquêtes.

La jeunesse est une période dont les contours varient selon les auteurs. Néanmoins, O. Galland, sociologue spécialiste de la jeunesse, la considère comme une classe d’âge et une catégorie sociale construite socialement. Il identifie la jeunesse comme la période allant de 15 à 24 ans et débutant avec la puberté qui marque le passage de l’enfance à l’adolescence. Il décrit aussi la jeunesse comme le moment où les « capacités physiques et intellectuelles sont à leur apogée ». [2] Plus généralement, la jeunesse est une période de quête et d‘indépendance où l’enjeu est de montrer qu’on entre dans une démarche d’autonomisation, c’est la période où on se teste, où l’on se cherche et où on n’hésite pas à se jouer des interdits sociaux. De plus, selon Roger Caillois, la fête répond à une nécessité sociale et se caractérise comme étant « le temps des émotions intenses et de la métamorphose de son être ».[3]

Nous souhaitons faire une étude sur la place des garçons lors des soirées en boite de nuit et essayer de comprendre comment ils vivent la fête au travers de leurs interactions avec les filles. Nous voulons savoir quels rapports filles et garçons entretiennent en soirée et en quoi ces rapports aident les garçons dans leur construction identitaire.

Notre méthodologie repose sur de l’observation participante dans une boite de nuit pendant un mois et sur la passation de sept focus groupes. Par le biais de ces deux terrains, nous avons centré notre attention sur la façon dont les garçons se construisent à travers le regard féminin notamment lors de la séduction.

Notre étude nous a conduit à penser la boite de nuit comme un espace bien particulier où la créativité est de rigueur. La présence des smartphones est importante, il s’agit de rester connecté à l’ailleurs et surtout lorsqu’on s’amuse. De plus, en se prenant en photo les jeunes facilitent les échanges avec les autres et se construisent une banque de souvenirs pour le lendemain et les jours qui suivent. Par ailleurs, si la boite est un lieu d’échange, la séduction est une démarche complexe qui requiert chez le garçon une certaine confiance en soi. Mais cette démarche est aussi marquée par l’incertitude et s’y adonner revient à prendre un risque. La séduction est un jeu où les deux participants concernés (fille et garçon) peuvent gagner mais où, dans le cas contraire, le garçon est le seul à perdre. Au risque de perdre le jeu de séduction, se sur ajoute le risque de passer pour le « bouffon ». L’imaginaire du bouffon, qu’on peut aussi appeler « relou »[4], fait peur ; on ne veut pas y être confronté ni le devenir. Enfin, il semble que la boite de nuit invite à repenser la notion de virilité.

Dans un premier temps nous établirons un état de l’art de notre sujet et nous exposerons les théories qui nous ont permis de construire notre problématique.

Ensuite nous vous exposerons notre stratégie d’enquête en détails.

Enfin, nous établirons une description des terrains, pour vous dévoiler notre analyse en dernier lieu.

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Problématique

Après s’être intéressé à la façon dont les jeunes filles font la fête et au sens qu’elles mettent dans leurs actions nous souhaitons maintenant aborder la figure masculine. Nous voulons comprendre ce qui se joue au sein des interactions entre filles et garçons pendant la fête. Nous avons formulé une question de recherche autour des observations que nous avons effectuées au premier semestre. Les résultats obtenus par les représentations des filles au premier semestre nous ont permis de dégager deux idées, premièrement ; que la fille communique avec le regard et le garçon par la parole. Deuxièmement, il a été mis en évidence le caractère entreprenant et mobile du garçon en soirée et à l’inverse le caractère plutôt statique et passif de la fille. Ce semestre nous essaierons de vérifier ces représentations, il s’agira pour nous de comprendre comment le garçon se construit en fonction du regard que la fille lui porte.

Afin d’affiner notre recherche, nous nous penchons tout d’abord sur le contexte sociologique qui entoure les milieux et pratiques festives. Ce contexte rend compte de la situation du corps des femmes et des jeunes filles au 21ème siècle, mais aussi de la domination masculine et plus précisément, de la notion de « valence différentielle des sexes »[5] (F. Héritier 1996). Au niveau des acteurs, il nous semble que la femme est le « miroir » de cette domination masculine c’est-à-dire qu’il s’opère un accord tacite entre les sexes quant aux rôles qu’ils ont à tenir les uns envers les autres. Enfin, concernant le contexte anthropologique, nous constatons que notre thème de recherche semble faire appel à deux invariants anthropologiques qui sont d’une part la pratique festive[6] et d’autre part la valence différentielle des sexes particulièrement lors du moment festif. Ainsi, nous pensons que lors de la fête, garçons et filles se tournent vers l’invariant anthropologique des rôles sexués pour créer une relation. En effet, des sociétés d’avant l’écriture jusqu’à nos jours, il semble que ces deux principes se perpétuent bien que sous différentes

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