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Suffit-il d'expérimenter pour connaître?

Par   •  20 Septembre 2018  •  2 455 Mots (10 Pages)  •  771 Vues

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Pour Hume dans Enquête sur l'entendement humain, la connaissance dérive de toute entière de l'expérience sensible. Nos perceptions se classent en deux catégories : Les impressions ou perceptions vives comme les sensations ou les émotions et les idées qui sont des images affaiblies des impressions. Mais comment pensons-nous ? L'association des idées résulte de l'habitude née de l'expérience. Nos idées s'associent selon des lois un peu comme en physique les faits naturels sont régis par des lois d'attraction. Les représentations s'appellent les unes les autres sans que nous le voulions. Mais comment comprendre la causalité ? Il ne suffit pas que je perçoive des successions pour en conclure un enchaînement de cause à effet. Si, par exemple, je sors de chez moi et qu'à ce moment précis il se met à pleuvoir je ne peux en conclure que ma sortie est la cause de la pluie. C'est du reste un des arguments des intellectualistes contre l'empirisme. Certes, répond Hume, d'une succession isolée je ne peux en effet conclure nulle loi de causalité mais il n'en est pas de même si la succession se répète un très grand nombre de fois. L'habitude associe alors les deux idées et la cause n'est rien d'autre qu'un "antécédent constant". Ce qui est aussi une dérive scientifique car on définit une loi, une connaissance constante lorsqu'un objet se repère un nombre très important de fois avec le même résultat. C'est par expérimentation que nous faisons ce procéder de répétition qui créer la connaissance. Mais la connaissance n'est pas toujours commune à tout le monde. Il y a une grande part d'expérimentation qui nous concerne nous-même, sur le fonctionnement, les réactions qui sont uniques à notre corps. Nous sommes les seules à pouvoir les découvrir et c'est seulement par l'expérimentation de nos limites que nous pouvons les découvrir. Nous pouvons prendre les effets de l'alcool sur notre corps. Il y a beaucoup de publicité, de prévention ou de conseilles de nos parents ou personnes plus âgées que nous. Cependant leur seule dire ne peut nous apprendre vraiment quelles sont les effets de l'alcool sur notre corps. L'alcool peut notre rendre plus joyeux, triste, énervé, gentil et bien d'autre effets encore. Nous sommes uniques et chaque personne à une réaction que seul lui peut découvrir. Et nous ne pouvons le découvrir que par l'expérimentation qui suffit pour connaître les effets sur notre corps. Mais dans toutes ces théories on s'attache seulement à démontrer que l'expérience est au fondement de la connaissance sans essayer de comprendre qu'elles sont les principes qui sont antérieurs à l'expérience.

Kant donne une nouvelle réponse à la question de l'origine de la connaissance en s'inspirant de Hume tout en dépassant ses idées. Il sera repris par de nombreux auteur dont Bachelard. Dans le but de réussir à comprendre la connaissance il faut pour Kant dans Critique de la raison pure découvrir les principes a priori (c'est à dire antérieurs à l'expérience, conditions de l'expérience) qui fondent l'objectivité de la connaissance. C'est ce que Kant appelle la logique transcendantale (par opposition à la logique formelle qui s'attache à la seule forme de la pensée vidée de tout contenu pour en étudier les règles). Kant montre que les conditions qui rendent la connaissance possible sont en même temps celles qui rendent possibles les objets de l'expérience. Ainsi, pour expliquer que la pensée peut comprendre les choses, il n'est plus nécessaire de recourir à Dieu pour préétablir leur harmonie comme le faisait Descartes. L'espace et le temps sont les conditions des phénomènes, c'est à dire des objets non tels qu'ils sont (les choses en soi) mais tels qu'ils apparaissent dans l'expérience. Certes nul phénomène n'existerait sans les choses en soi mais seuls les phénomènes sont connaissables alors que la chose en soi, la chose telle qu'elle est indépendamment de tout point de vue, ne peut jamais être l'objet de notre science. Tout phénomène est dans l'espace et le temps qui sont des formes a priori de la sensibilité. Ce sont des formes au sens où ils structurent la connaissance. Ils sont a priori car ils sont les conditions de notre expérience sans en dériver. Ils relèvent de la sensibilité c'est à dire que ce ne sont pas des concepts de l'entendement. Il montre ainsi que l'expérimentation n'est pas suffisante pour connaître et qu'il faut aller au-delà en essayant de comprendre les principes a priori de l'expérience. Pour Bachelar, les obstacles épistémologiques (philosophie de la connaissance) sont des représentations qui paraissent évidentes et qui, à certains moments, ont pu même être utiles mais qui finissent par bloquer la connaissance. Il faut alors qu'on réussisse à " sauter l'obstacle " et opérer ce que Bachelard nomme une rupture épistémologique. Il faut bien voir que ces obstacles sont intérieurs à la pensée scientifique elle-même. Le savoir peut bloquer le savoir puisque la connaissance " est une lumière qui projette toujours ses propres ombres ".

Parmi les obstacles épistémologiques, on citera les connaissances premières qui se révèlent, après coup, des erreurs premières. Ce qui est premier n'est en effet pas la vérité mais l'erreur et le processus scientifique est un processus de " rectification indéfinie ". L'expérience première est le premier des obstacles. Il y a un divorce entre le fait perçu et l'objet scientifique. Ce dernier n'est jamais donné mais est toujours conçu. Il ne suffit jamais de constater les faits mais avoir une considération raisonnée. Du reste le fait brut n'existe pas. Tout fait est interprété mais encore faut-il qu'il le soit rationnellement. Rien n'est donné, tout est construit. L'évidence première est source d'erreurs. Un autre obstacle est la connaissance générale. " Une connaissance générale est presque toujours une connaissance vague ". Dire, par exemple, " les corps tombent ", c'est croire avoir tout dit et c'est arrêter la pensée. Pourquoi, puisqu'on croit avoir tout dit, étudier la chute des corps de plus près ? La pensée est alors immobilisée. L'obstacle substantialiste rattache tout à une substance fondamentale en oubliant l'importance des relations. Il montre ainsi que la connaissance ne peut vraiment être définie et cerné car il y a trop d'obstacle que la connaissance elle-même m'est en place.

Après

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