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Qu'est-ce qu'un homme seul?

Par   •  23 Août 2018  •  3 769 Mots (16 Pages)  •  577 Vues

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: bienveillant à notre égard, il est celui qui, nous connaissant parfaitement, nous aide à mieux nous connaître nous-même. Cette idée du regard de l’autre, étant nécessaire au sujet pour se construire lui meme, était deja annoncé par Aristote dans Éthique à Nicomaque, lorsqu’il évoque l’ami, et par conséquent l’autre comme étant « un autre soi-même », vers qui l’on se tourne comme devant un miroir, mais non pas pour connaitre le reflet de son visage, mais bien le reflet de son être. Cette idée, qui fut énoncée par par de nombreux philosophes au courts des siècles, exposant le besoin vitale d’être entouré par des hommes, par des amis, par autrui pour se construire, et garder son humanité. C’est le poète symboliste et romancier belge de la fin du xixe siècle, Georges Rodenbach qui dit que « Les yeux sont les fenêtres de l’âme. ». Les yeux ici sont ceux d’autrui qui révèlent et aide l’homme a évoluer.

Il faut ajouter a l’image que donne autrui du sujet, sans quoi il n’y a pas d’humanité, un des autres caractères essentiels de la relation à autrui tient à sa dimension morale : l’autre Homme est bien celui envers qui j’ai des devoirs. Cette exigence morale à l’égard d’autrui peut être expliquée par une compréhension naturelle et instinctive de l’autre. Cette relation a autrui, relève chez l’homme deux sentiments: l’empathie, c’est-à-dire la capacité de se mettre à la place de l’autre qui souffre; et la sympathie, c’est-à-dire la capacité de souffrir "avec" l’autre. Cette identification immediate est nomme par Rousseau, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, comme de la pitié, relevant que ce sentiment est bien une «Vertu d’autant plus universelle et d’autant plus utile à l’Homme qu’elle précède en lui tout usage de la réflexion, et si naturelle que même les bêtes en donnent quelques fois des signes sensibles. ». Ici la pitié est décrite comme un sentiment naturel chez l’Homme, qui le pousse à compatir avec la souffrance des autres hommes. Rousseau souligne que cette identification à la souffrance n’est pas limitée aux autres hommes, puisque certains animaux semblent la ressentir aussi. En d’autre terme, dans la solitude l’homme ne développe pas ou oublie ce sentiment naturelle, se réduisant ainsi a bien moins qu’un animal.

Enfin la presence d’autrui évite a l’homme de tomber dans l’animalité, puisqu’elle révèle chez lui la raison et la morale. Cette exigence morale à l’égard d’autrui se fonde sur la reconnaissance de l’autre comme étant doué de raison, et donc comme mon égal. En effet, si autrui n’est pas une chose mais un autre moi, il faut alors le traiter comme un égal. Chacun se doit de reconnaître l’existence d’autres subjectivité et d’autres libertés, ce qui implique qu’on ne peut traiter l’autre comme un objet, ou comme un moyen. Autrui est avant tout un sujet dont je dois reconnaître et respecter. C’est notamment ce qu’exprime Kant dans les Fondements de la métaphysique des moeurs: « Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais seulement comme un moyen. ». Le philosophe français Emmanuel Levinas va plus loin que Kant, dans cette idée de rapport de la rassoit et de la morale face a autrui. Pour lui, l’expérience avec l’autre se fait par la rencontre avec le visage. Le visage désigne la vulnérabilité d’autrui, son expressivité, qui renvoie l’Homme à sa responsabilité totale. La vision de Levinas est d’abord éthique : l’Homme est investi d’une morale à l’égard d’autrui. Cette morale s’incarne dans le visage de l’autre, qui représente la faiblesse, la misère. Le visage est alors un commandement moral. L’Homme est responsable d’autrui, même s’il ne l’a pas choisi.

Finalement, la solitude en plus d’être la barrière que doit surmonter l’homme pour se developper, elle est surtout un enfer physique que certains connaissent. En effet dans de nombreuses religion, l’enfer est associé a la solitude éternelle de l’âme dans la souffrance. Mais cet enfer est bien reel, puisque comme la solitude, l’enfer est une sorte d’enfermement. Cet enfermement se traduit par le plus souvent par la folie. L’example qui illustre le mieux cette folie qu’apporte la solitude dans la philosophie, Narcisse. A sa naissance, son père va consulter le devin qui lui prédit que Narcisse vivra vieux s’il ne voit jamais sa beauté. Narcisse rencontrera a nymphe Echo qui, démunie de parole, répète la fin des phrases qu’elle entend. Elle éprouve une muette adoration pour Narcisse, le suit partout espérant un signe d’amour, d’affection, mais il la rejette avec mépris. Triste, pleine de honte, elle se cache au fond d’un bois et se laisse dépérir. Un jour une des victimes du dédain et de l’indifférence de Narcisse se plaint à la déesse de la vengeance, sont sort est prononcé. Au cours d’une chasse, la déesse pousse le jeune homme à se désaltérer au bord d’un étang situé dans un magnifique endroit. Narcisse s’éprend alors d’amour pour le reflet de son visage que lui renvoie l’eau, pour cette image qu’il ne peut atteindre et dont il est incapable de se détacher. Plus il se regarde, plus folle est sa passion, il soupire, il pleure, il se frappe devant son reflet. Narcisse oublie de boire et de manger, prenant racine au bord de l’étang, il se transforme peu à peu en la fleur qui porte son nom. C’est en cela que Narcisse représente cet enfer qu’est la solitude. Certes Narcisse, n’est pas seul puisqu’il a devant lui son reflet, mais ce n’est pas assez pour ne pas perdre son humanité. Narcisse meurt, enferme dans la passion autosuffisante de sa personne.

Un autre example, cette fois tiré de la littérature, est celui du Robinson Crusoe, de Michel Tournier dans Vendredi ou les limbes du Pacifique. L’histoire de Robinson, le naufragé, a été reprise de nombreuses fois. Ce qui est intéressant, dans la version de Tournier, c’est la description de Robinson lorsqu’il laisse place a la solitude. On découvre alors un être démuni d’humanité, de raison de vivre, qui ne se tient plus debout, rampent au sol tel une vermine. Un être qui n’a plus d’identité et préférerait la mort a cette vie de solitude.

Ces deux examples étayent la pensée comme quoi dans la solitude, 1 est égale a 0, on est donc dans le néant solitaire de l’enfer.

Pour conclure cette premiere partie qui visait a dire, que l’homme ainsi que la société ne pouvait pas se construire en parallèle a la solitude.

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