Qu'est-ce qu'éduquer ?

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Introduction

Olivier Reboul écrit dans La philosophie de l’éducation : « L'éducation est l'ensemble des processus et des procédés qui permettent à tout enfant humain d'accéder progressivement à la culture, l'accès à la culture étant ce qui distingue l'homme de l'animal »

Ainsi, on peut comprendre l’éducation comme étant un processus qui permet à l’homme de s’élever au rang d’humanité et d’échapper à son instinct naturel. En effet, « éduquer » vient du latin educatio « élevage » qui renvoie à la formation de l’esprit. L’homme n’est donc pas dirigé par l’instinct, il doit conquérir par la culture ce que la nature lui refuse.

Ce terme renvoie à l’ensemble des actions éducatives qui agissent en ce sens. On peut distinguer ces actions parmi celles spontanées et naturelles mais également celles intentionnelles menées par des institutions spécialisées dont le but essentiel est d'apprendre à l'enfant ou à l'adolescent à devenir "homme". D’où nous viennent les valeurs transmises par l’éducation ? Qui a le pouvoir d’éduquer ? L’éducation est elle le fait des individus ou de la société ?

Seulement, toute action éducative a ses limites, il faut prendre en compte la nature psychologique de l'enfant et de son caractère propre qui sont autant d'entraves à la possibilité d'un projet éducatif unique. La nécessité d'être éduqué est-elle universelle ? Peut-on ou pas ignorer la singularité de chacun des êtres à éduquer ?

D’après Kant, l’action d’éduquer se structure autour de deux piliers que sont l’instruction et la discipline.

L’instruction, déterminée comme étant l’aspect positif de l’éducation correspond à l’action de formation de l’esprit à l’enrichissement de l’enfant d’un certain nombre de savoirs qui lui permettent de s’affranchir de son animalité en lui apprenant à différencier le bien du mal, et donc nécessairement par la transmission de valeurs morales.

Cependant, ces valeurs ne seront pas les nôtres, mais celles de la personne qui nous a éduqués, ceux que la société a choisi pour nous. Y-a-t-il ici perte de la liberté de pensée, de la liberté de juger ?

La discipline quant à elle habitue l’enfant à se confronter aux lois. Eduquer un individu lui garantit donc une forme d’autonomie et de liberté mais peut être vécue comme une contrainte puisqu’elle passe par des restrictions. Pourquoi une certaine autorité et une certaine contrainte sont-elles nécessaires pour rendre libre ? Doit-on se conformer à l’éducation que l’on a reçue où l’utiliser pour former notre propre opinion sur le monde ? Peut-on s’affranchir de notre éducation ?

Nous analyserons l’universalité de la nécessité d’éduquer puis nous centrerons notre réflexion sur les raisons pour lesquelles elle est le résultat d’une action commune entre plusieurs instances. Enfin, nous verrons dans quelle mesure elle peut constituer un obstacle à la liberté de l’individu.