Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Peut-on considérer l'absence de désir comme la condition du bonheur?

Par   •  14 Novembre 2017  •  1 699 Mots (7 Pages)  •  869 Vues

Page 1 sur 7

...

l’ataraxie, l’état

de profonde quiétude, découlant de l’absence de toute douleur.

Cependant, tous les désirs ne se ressemblent pas. Il y en a qu’on peut évidemment

réprimer mais d’autres qu’on ne peut pas. Le désir de gloire ne peut pas être comparé au

désir d’avoir un enfant. Selon Épicure, il existe 3 types de désirs : les désirs naturels et

nécessaires - manger, boire, dormir -, les désirs naturels mais non nécessaires - regarder

de belles choses, avoir un amant -, et les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires –

être riche et célèbre.

Pour être heureux, il faudrait apprendre à ne désirer que ceux qui ne sont pas générateur

de frustration. Or, pour Épicure, ces désirs sont les désirs naturels et nécessaires,

autrement dits les besoins humains. En effet, je suis certain de pouvoir les satisfaire

demain: je ne serai donc pas frustré demain.

A contrario, les désirs qui impliquent obligatoirement la crainte, aussi infime soitelle,

d’être frustré ou la frustration elle-même représentent les désirs ni naturels ni

nécessaires. Car, nous ne pouvons jamais maîtriser l’avenir : il est donc toujours possible

que demain, ces désirs ne puissent être satisfaits : « Je ne suis pas sûre de pouvoir

m’acheter la nouvelle montre connectée demain... ».

Il faudrait donc être capable de ne désirer que ce que l’on est sur de pouvoir

satisfaire afin de ne pas être déçu. Seulement, on ne peut être véritablement sur que de ce

qui dépend de nous.

Lorsque l’on désire quelque chose qui ne dépend pas de nous, nous ne pouvons

qu’espérer l’avoir. « J’espère qu’il ne pleuvra pas demain », je n’y peux rien et donc je ne

peux qu’espérer.

En effet, lorsque nous avons les moyens de réaliser quelque chose, il n’y a plus lieu

d’espérer, le tout est de vouloir le faire. C’est pour cela qu’on ne dit pas « j’espère que je

vais aller chercher le courrier », je dois vouloir aller le chercher, puis réellement y aller,

cela dépend de moi. De la même façon, nous n’espérons pas lorsque nous savons. Si je sais

que j’ai eu 20/20 à ma dissertation de philosophie, je n’ai aucune raison d’espérer une

bonne note, je le sais.

Donc, l‘espérance est un désir qui porte sur ce qu’on a pas. De plus, c’est un désir qui

ignore s’il sera satisfait et qui ne dépend pas de nous. André Comte-Sponville disait :

« Espérer, c’est désirer sans jouir, sans savoir et sans pouvoir ». Effectivement, l’espérance

et le savoir ou le pouvoir ne peuvent jamais se rencontrer car on espère quelque chose

dont on n’est pas certain de pouvoir le réaliser.

Or pour être heureux, il faut ne désirer que ce dont nous sommes sûrs de pouvoir

satisfaire. Mais l’espérance, tirant sa racine du latin sperare, signifie « attendre le

bonheur »... Pour Comte-Sponville, il faut cesser d’attendre, d’espérer le bonheur pour

l’atteindre car celui qui espère, craint.

La crainte et l’espérance sont en effet indissociables : si j’espère être en bonne santé, j’ai

forcément peur d’être malade. Et celui qui craint, n’est pas heureux. Sénèque dira dans ses

Lettres à Lucilius, « Tu cesseras de craindre si tu as cessé d’espérer. »

Ainsi pour être heureux, il ne faut pas espérer, il faut être sans espoirs. On peut

même dire que l’espérance est le contraire du bonheur.

En effet, celui qui ne connaît pas l’espérance, ne désire que ce dont il peut effectivement

jouir. Celui qui ne connaît pas l’espérance n’espérera pas ne plus être malade, il désirera

se soigner et ceci dépend effectivement de lui. C’est ce en quoi consiste le bonheur en

acte : désirer ce que nous faisons, pouvons et savons faire. Le « désespoir » mène donc au

bonheur, mais il s’agit de désespoir dans le sens où il n’y a plus d’espérance. André ComteSponville

le qualifie de « gai désespoir » car il n’y a en effet rien de malheureux à cela, bien

au contraire.

Les espoirs peuvent se porter sur le futur, mais aussi sur le passé : « j’espère que

son entretien s’est bien passé/se passera bien ». Une personne sage, qui ne désire que ce

qui dépend d’elle, qui n’espère pas, ne désire plus que le réel dont elle fait partie : la seule

réalité qui dépend effectivement de nous est le présent, nous ne pouvons réellement agir

que dans le présent.

En revanche, il ne faut pas mélanger cette sagesse et l’image du Carpe Diem qui incite à

jouir du présent sans tenir compte du passé ou du futur. En effet, l’homme est construit de

telle façon qu’il est censé apprendre de ses erreurs passées. De plus, l’homme rationnel et

réfléchi, tente de mesurer les conséquences futures de ses actes avant de les commettre.

...

Télécharger :   txt (11 Kb)   pdf (82.7 Kb)   docx (15.1 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club