Le don est-il gratuit ou n'est-il qu'une forme de l'échange ?
Par Junecooper • 2 Novembre 2018 • 1 558 Mots (7 Pages) • 702 Vues
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Le don reste une valeur mais il est difficile d'en évaluer l’authenticité. La meilleure façon de croire au don c'est peut être de rester lucide sur sa difficulté. En effet , même si le don pur et parfait est impensable , la recherche de cet idéal resterait un but suffisant.
La thèse de Jacques Derrida , philosophe français du 20 ème siècle à tenté de montrer la pureté absolue du don en allant jusqu'à affirmer que le don n'est pur que lorsque les acteurs ( celui qui donne et celui qui reçoit ) ne sont eux même pas conscients de la donation. Autrement dit , la pureté absolue réside dans sa négation comme don , la négation de sa reconnaissance comme acte de générosité , cela afin d'éviter la logique de restitution. Ce don à l'état pur rompt le cycle temporel de l'échange car il ne crée pas de circularité entre les sujets et s'affirme pleinement comme un acte unilatéral.
Mais il ne faut pas s'aveugler sur la pureté des dons car les cheminements psychologiques inconscients nous menant a donner sont parfois mal dirigés. En effet , celui qui donne par pitié pour un autre , ne veut il pas échapper à une mauvaise conscience qui le gêne ? La pitié peut être lourde à porter pour celui qui la reçoit.
De plus , à vouloir trop aimer ne risquons nous pas d'attendre , voire d'exiger à l'autre qu'il se voue corps et âme ?
Il faut certes se méfier d’une trop grande naïveté concernant le don, mais l’idéal du don n’en demeure pas moins légitime. Le don reste une valeur quand bien même il est difficile. Certes, le don n’est jamais tout à fait désintéressé et pur, s’il peut même étouffer, voire emprisonner autrui . Je peux tenter de donner avec précaution en essayant de ne pas blesser ou humilier l’autre. De plus , les avantages attendus du don tel que le plaisir , l'estime de soi peuvent rendre le don plus léger et moins pervers.
L'adhésion rationnelle à des règles de réciprocité , si elle semble contredire le caractère unilatéral du don , ne détruit pas son caractère volontaire et éthique.
Pour conclure , nous pouvons voir que d’un côté, le don n’est pas une forme de l'échange, puisque donner, par définition, c’est offrir sans attendre une quelconque contrepartie : le don est unilatéral, inconditionnel, alors que l’échange présuppose la réciprocité. Le don est donc gratuit et tout le contraire d’un échange. D’un autre côté, un don quel qu’il soit cache toujours un échange et une contrainte, en sorte que le don obéit à la même logique que l’échange. Le don ne serait donc qu’une forme d’échange ? Le problème est donc le suivant : le don authentique, désintéressé, gratuit est-il possible ou bien n’est-il pas, comme l’échange, intéressé, égoïste, en attente de réciprocité ?
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