L'art est-il dévoilement d'une vérité ?

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De plus, l’œuvre d’art s’inscrit souvent dans un contexte particulier, aussi bien historique que culturel et peut donc rendre compte de celui-ci au spectateur de l’œuvre. En cela, l’œuvre d’art peut nous instruire sur un style, un auteur ou une époque. En tant que témoin du passé, l’art est porteur d’une vérité universelle bien qu’il est une dimension subjective. Aristote disait par exemple que l’on prend plaisir aux imitations car elles nous permettent de nous rappeler ce que nous savons déjà, ou d’apprendre de nouvelles choses.

L’artiste enfin est cette personne qui peut rendre compte de la vérité de l’être des choses. Il peut s’affranchir des usages et des conventions pour nous transmettre une vision du réel qui nous échappe quotidiennement. Même si l’œuvre laisse de côté la singularité et la richesse de l’objet, elle nous amène à considérer cet objet plus que le temps de son utilité. Il y a démonstration de l’universel qui se cache derrière la diversité. En ne cherchant pas à rendre compte de la vérité, c’est finalement ce que l’art fait sans modifier sa visée première de beau. L’art concilie la vérité et le beau.

Ainsi, l’art apport de manière détourné une forme de vérité, tout en conservant sa visée première. Pour autant, il nous permet aussi de nous interroger sur nos propres vérités.

L’art a en effet vu émerger de nouvelles formes susceptibles de remettre en cause certaines de nos vérités.

L’art moderne a particulièrement bousculé le monde artistique. Il est certain que le but de l’art moderne diffère de celui des Beaux Arts et pour cause : le beau n’est plus la finalité. Les artistes contemporains cherchent à bousculer les représentations traditionnelles des spectateurs, quitte à être décriés. En ce sens, l’art contemporain crée des œuvres qui ne donnent plus accès à la réalité des choses mais une nouvelle réalité, une nouvelle vérité en contradiction avec celle que nous connaissons déjà. Citons par exemple la Fontaine de Duchamp qui n’est autre qu’un urinoir. Pour le spectateur, il s’agit bel et bien d’un urinoir. Pourtant, Duchamp lui nous dit qu’il s’agit d’une fontaine. Il y a ici la bousculade de nos représentations. Le célèbre tableau de Magritte, « Ceci n’est pas une pipe », montre un fonctionnement semblable puisqu’il ne s’agit pas d’un vraie pipe mais simplement de la représentation d’une pipe. Magritte ébranle nos convictions.

L’art permet aussi de remettre en question nos vérités en cela qu’il nous fait saisir la complexité de représenter le monde et l’humain. En effet, s’il est facile de représenter un homme physiquement sur une toile, il devient bien plus difficile de représenter tout ce qui le constitue, c’est-à-dire son esprit, son caractère et tout ce qui fait que cet homme est différent de tel autre homme. Donc l’art nous invite à remettre en cause les vérités que nous pensons connaître au sujet du monde sensible. Les sens sont trompeurs, l’art en est la preuve. La vérité sensible, celle qui nous apparaît la première, ne doit pas être acceptée aveuglément et l’art nous pousse à voir, ou en tout cas essayer de voir au-delà des vérités que l’on croit connues. L’art nous montre que rien ni personne ne peut véritablement épuiser la connaissance du réel et qu’il est toujours possible de découvrir de nouvelles vérités.

Ainsi, l’art nous invite à bousculer nos vérités, à les interroger pour en saisir l’essence-même.

Si l’art peut apparaître comme éloigné de la notion de vérité, en cela qu’il a pour finalité le beau, il s’avère qu’il peut aussi servir de moyen détourné pour accéder à la vérité puisqu’il nous offre une vision particulière du réel qui peut apparaître comme une vérité. Plus généralement, l’art peut amener à la vérité en nous permettant de remettre en cause celles que nous prenons pour acquises et définitives.